Foire aux vins de Colmar : la scène Off veut tourner la page du Covid, "la pandémie a fait mal aux groupes locaux"

Depuis 2009, la Foire aux vins de Colmar met en valeur un artiste de musique alsacien par soir avec sa scène Off. Pour cette édition des retrouvailles après deux ans de pandémie, la mission est d'autant plus importante que le Covid a fragilisé la scène locale.

A la Foire aux vins de Colmar, difficile de passer à côté de l'Embuscade. Entre les spectacles de pin-up et les soirées festives, l'enceinte accueille chaque soir à 19h la scène Off, où se produisent des petits artistes made in Alsace. Avec cette année des "bébés Covid".

L'expression est celle de David Hild, membre du jury de la scène Off et responsable de la régie et de la communication de la salle du Grillen, à Colmar : "Cette année, on sent que le Covid a fait mal aux groupes locaux", constate celui qui travaille pour la scène Off depuis 2015.

Pendant près de deux ans, la pandémie a considérablement handicapé ces jeunes pousses : "Les bars fermés, ça veut dire pas de concert pour se faire connaître. Aussi, certains groupes se sont séparés car ils ne pouvaient plus se retrouver. L'accès aux salles de répétition était limité également..."

Tout cela a considérablement diminué le nombre de candidats à la scène Off de la FAV : "Les années précédentes, on était à 100 voire 120 démos. Pour cette année, on est tombé à 80 candidats, car il a fallu remettre la machine en marche", soutient celui qui forme le jury avec Christophe Schneider, chroniqueur aux DNA, et Franck Richard, administrateur de la fédération Hiéro Colmar

Au-delà d'être un tremplin, la scène Off est une sorte d'aboutissement d'un accompagnement permis par le Centre de ressources de musiques actuelles de Colmar (CRMA), coanimé par la fédération Hiéro et la salle du Grillen : "Tout cela nous permet de faire nos propres soirées, avec toute une suite de dispositifs pour repérer les groupes et les faire émerger."

On a vraiment eu le tems d'ouvrir les courriers et d'écouter ce qu'il se faisait.

David Hild

Membre du jury de la scène Off

Seule condition pour être candidats, ne pas faire des reprises : "On veut du neuf, sourit David Hild. Ce sont des jeunes qui ont besoin de performer sur scène. Et la scène Off leur ouvre les portes du monde professionnel, avec par exemple des techniciens son et lumière pros."

Résultat, cette année, le jury a choisi ses dix "bébés Covid", c'est-à-dire des groupes tous jeunes, sans grande expérience scénique : "On a vraiment eu le temps d'ouvrir les courriers et d'écouter ce qu'il se faisait. Par exemple, le groupe Pales, c'est la belle histoire. On leur avait offert une scène devant le Grillen, et on a vraiment adoré leur démo", se souvient le Colmarien.

Mais malgré toute cette énergie, les rangs de l'Embuscade sont rarement complet à 19h : "On a du mal à faire venir les gens, même si certains shows étaient complets. Mais pour le rappeur Nebbiu, j'ai essayé de dire aux jeunes qui faisaient la queue pour Damso de venir, mais ça n'a pas tellement marché..."

David Hild le reconnait, "tu ne fais pas la scène Off pour le public, mais pour la visibilité". Six mois après, il recontacte les groupes passés par la scène, et tous lui répondent que le spectacle leur a apporté une expérience, et leur a permis de faire d'autres dates grâce à la présence de professionnels dans le public.

Ce sont des groupes qui ont besoin d'une étincelle pour exploser.

David Hild

Membre du jury de la scène Off

La preuve avec Claudio Capéo et Last Train, qui sont tous les deux passés par la scène Off : "On a aussi les Dudes of Groove Society, qui sont venus en 2015 et qui ont près de quinze dates cet été. On suit toujours Kamarad, qui tourne pas mal dans le Grand Est. Tout ça, ce sont des groupes qui ont besoin d'une étincelle pour exploser."

Une scène locale à soutenir

Pour cela, David Hild veut attirer du monde, et pas que à la scène Off, mais aussi le reste de l'année au Grillen : "Ce n'est pas évident de remplir la salle, regrette-t-il. Mais on sent que la pratique musicale baisse, il y a de moins en moins de jeunes dans les écoles de musique. Alors venez soutenir votre scène locale, soyez curieux!", lance-t-il.

En voyant tout ce monde venu à la Foire aux vins, David Hild espère que le public sortira plus volontiers de chez lui pour venir aux concerts : "On est concurrencé par Netflix", glisse-t-il. Pour tourner définitivement la page Covid et partir sur des bases plus solides.

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