Quatre classes immersives en alsacien ouvriront leurs portes à la rentrée de septembre 2023 en Alsace, au sein d’écoles publiques. Une première. Exemple à Colmar dans l’école maternelle les Tulipes, où les inscriptions sont ouvertes jusqu’au 24 mars.
Le maire de Colmar, Eric Straumann, avait annoncé sa candidature en juillet 2022. Le rectorat de Strasbourg vient de la valider avec trois autres communes : Sélestat, Brumath et Altkirch. Dans ces quatre villes, du Haut-Rhin et du Bas-Rhin, une classe immersive en alsacien et en allemand ouvrira ses portes en septembre prochain.
Les cours seront dispensés aux tout petits, dans des classes de maternelle, au sein d’écoles publiques. Si cela se fait déjà en Bretagne, pour l’enseignement du breton ou dans le sud-ouest pour le basque, en Alsace c’est une première dans l'enseignement public (8 des 13 écoles associatives de l'ABCM-Zweisprachigkeit dispensent un enseignement immersif). "On a des classes bilingues en allemand qui fonctionnent bien, mais là, c’est la première fois qu’on le fait en alsacien", souligne Eric Straumann.
Celui-ci y voit un projet novateur de promotion de la langue et de la culture régionales. "L’alsacien est un dialecte en voie de disparition. Cette langue se pratique de moins en moins en famille, aujourd’hui c’est l’institution publique qui doit contribuer à sa sauvegarde pour éviter qu’elle ne devienne une langue morte".
C’est à l’école maternelle que les élèves forgent leurs premières compétences langagières. À trois, quatre et cinq ans, l’oreille est sensible aux différences de prononciation.
Ministère de l'Education nationale et de la jeunesse
L’apprentissage d’une langue dès le plus jeune âge est un avantage certain pour le maire de Colmar. "A deux ou trois ans, on apprend facilement une langue". Ce que détaille et argumente le ministère de l'Education Nationale sur son site internet où on peut lire, notamment : "C’est à l’école maternelle que les élèves forgent leurs premières compétences langagières. À trois, quatre et cinq ans, l’oreille est sensible aux différences de prononciation. C’est aussi à cet âge que se fixe la façon de prononcer et d’articuler, et que les enfants ont le plus de facilité à reproduire des sons nouveaux".
Les cours seront dispensés selon un dosage donnant la priorité au dialecte alsacien et à l'allemand par rapport au français : 70% et 30%, respectivement pour les deux langues, pour être exact, précise Eric Straumann. À Colmar, les cours, assurés au sein de la maternelle Les Tulipes, sont ouverts à tous les habitants de la commune et alentour, dans la limite des places disponibles (voir tweet ci-dessous).
"C'est une classe traditionnelle, entre 20 et 25 élèves. On va voir comment les familles réagiront à cette nouvelle offre". Une enseignante a d’ores et déjà été retenue par l’Education nationale pour enseigner aux Tulipes.
Du côté de l'OLCA, l'Office pour la Langue et les cultures d’Alsace et de Moselle, l'ouverture de classes immersives est un motif de satisfaction. "On ne peut que se réjouir des initiatives en faveur de l'enseignement de l'alsacien parce que cela a toujours été le parent pauvre dans le bilinguisme, on a toujours privilégié l'allemand standard. La part de français, je la comprends aussi, parce que a priori, il n'y aurait pas de continuité en primaire, cela s'arrêterait en maternelle. Il faut donc préserver une part de français. Le problème de la continuité, c'est le seul bémol que je mettrais : où mettons-nous ces enfants après la maternelle, dans quel système scolaire ?", souligne Bénédicte Keck, chargée de mission à l'OLCA.
Les inscriptions pour les enfants nés en 2020 sont en cours et possibles jusqu’au 24 mars 2023. Les parents intéressés par ce parcours en alsacien et en allemand sont invités à contacter le service de l’enseignement de chaque commune avant cette date.