Marathon de Colmar : le vétéran de la course, 77 ans, est prêt, "quand je cours 30 kilomètres, cela me repose"

A l’âge de 77 ans, René-Michel Nussbaum participera le 11 septembre au 30e marathon de Colmar. Il sera le vétéran de la compétition. Pour lui, la course à pied est une source de jouvence. Il a quelques conseils pour les jeunes athlètes.

"Le jour où j’arrêterai de courir, c’est que je serai mort". On l’aura compris, pour René-Michel Nussbaum, la course à pied est bien plus qu’un plaisir : c’est une nécessité. A 77 ans, il sera le coureur le plus âgé à prendre le départ du 30e marathon de Colmar, le dimanche 11 septembre. Les 42 kilomètres à parcourir seront une promenade de santé pour ce vieux routard de la course à pied.

Au départ pourtant il faisait du cyclotourisme. Et puis un dimanche matin de 1978, il a eu envie de courir. "En chemin j’ai croisé un copain qui m’a proposé de participer au championnat de cross du Haut-Rhin car il manquait une personne dans leur équipe, se souvient-il. Sur un coup de tête, j’ai dit d’accord. J’ai fini 121 sur 127, mais j’ai fini. Je suis allé au bout."

Depuis il n’a plus jamais arrêté de courir, avec une prédilection pour les longues distances sur route et les trails en pleine nature. Déjà quarante-deux marathon à son actif – avec 3h32 comme meilleur chrono – et les cent kilomètres sont loin de lui faire peur, il peut en courir plusieurs dans une année. "Je préfère la longue distance parce que j’aime courir lentement. Je n’aime pas le sprint : les efforts violents sollicitent trop le cœur. J’essaye de ne jamais dépasser les 135 battements par minute."

L’athlète a recours à une belle image pour expliquer ces effets physiologiques. Il compare le cœur à un moteur : "quand on court trop vite, ça forme une croûte sur le cœur qui l’empêche de grandir. Alors que quand on fait de l’endurance, le cœur reste grand. Il est plus puissant. »

Son cœur doit être immense car dès qu’il le peut, il court. Et cela depuis quarante ans. Même quand ce père de famille de 3 enfants gérait son bistrot à Ottmarsheim (68). "Le matin tôt, je déposais les enfants. Je mettais en route la cuisine du bistrot pour midi et puis j’allais courir dix kilomètres. Retour au bistrot pour le déjeuner. Et entre les deux services, je repartais courir trente-cinq kilomètres. Je fermais le restaurant vers minuit, et le lendemain, je recommençais".

Je ne vais jamais à des entraînements : j'ai déjà le terrain de sport qu'il faut autour de chez moi, avec les routes, les chemins et la montagne

René-Michel Nussbaum

coureur marathonien

Quand on lui demande s’il n’a pas un petit brin de folie masochiste, l’homme sourit : "disons que les coureurs de longue distance aiment les défis", répond-il avec malice. Car s’élancer pour cent kilomètres n’était pas une prouesse suffisante en soi, il faut qu’il en rajoute : "une fois, je m’étais fixé de faire trois épreuves de 100 kilomètres en sept jours. Défi réussi, en une semaine j’ai couru une épreuve dans le Nord, une en Alsace et une troisième en Vendée."

On l’aura compris, René-Michel Nussbaum est un dur au mal. Les crampes, les pieds en sang…. il en faut plus pour l’arrêter. "Me faire du mal me fait beaucoup de bien. On apprend à mieux se connaître, professe-t-il. Quand je cours, je me vide la tête, je ne pense plus à rien. C’est indispensable pour mon équilibre." Et quand son mental ne suit pas sur une course, il le sent tout de suite : "je me mets à tripoter mon chapeau et ça, ce n’est pas bon signe".

En pleine course, si tu te mets à penser à une bonne bière, c'est foutu.

René-Michel Nussbaum

Coureur marathonien

Cela fait partie des premiers conseils qu’il donne aux jeunes athlètes. "Si tu te mets à penser à une bonne bière ou à un plongeon dans une piscine pendant que tu cours, c’est foutu". Pour aborder un marathon, René-Michel Nussbaum insiste sur l’importance de démarrer lentement. "On reste tranquille sur le premier semi, à son rythme. Si on est bien à mi-course, on observe les autres, et là on organise sa stratégie et on peut lâcher les chevaux".  

Gagner n’est pas son objectif, les autres concurrents ne sont pas ses adversaires. Au contraire : il aime les courses sur longue distance en raison de l’esprit de solidarité qui y règne. En cas de crampe par exemple, il emporte toujours sur lui du gros sel qu’il avale avec un peu d’eau : "cela favorise l’apport d’oxygène dans les muscles". Dès qu’il voit un autre coureur en souffrance, il n’hésite pas à lui donner un peu de son sel, "et tant pis si ce coureur finit par me dépasser 3 kilomètres plus loin !", s’amuse-t-il.

Une ambiance de fraternité dans une foule d’anonyme, c’est aussi cela qu’il apprécie. "Je peux courir entre un smicard et un directeur : avec nos dossards, on est n’importe qui, il n’y a aucun jugement de valeur entre les participants. »

René-Michel Nussbaum sera sur la ligne de départ pour le marathon de Colmar aux côtés de l’un de ses fils – qu’il a contaminé - et de sa belle-fille. Le public colmarien devra guetter le chapeau du vétéran. Tant qu’il n’y touche pas, c’est que sa course se passera bien.

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