La finale du concours général agricole se tiendra le samedi 25 février lors du Salon de l’agriculture à Paris. C'est donc l'heure des présélections. En Alsace, plus de 500 vins étaient en lice. Au parc des expositions de Colmar, professionnels et amateurs sont chargés de goûter quelque 500 vins.
"Belle attaque, il a de la longueur, de l’équilibre. Il a un nez présent sans être excessif. C’est un bon riesling, on peut le passer sans problème", en tendant l’oreille, voilà ce qu’on peut entendre autour d’une table de jurés affairés à goûter un vin.
Ils sont 109 en tout, répartis sur une vingtaine de tables dressées dans une vaste salle du parc des expositions de Colmar, ce mardi 7 février. Ces jurés dégustateurs, moitié professionnels, moitié amateurs, ont la lourde tâche de goûter 564 échantillons de vins censés représenter toute la diversité de la production du terroir alsacien.
Sylvaner, pinot blanc, riesling, muscat, gewurztraminer, pinot noir, aucun cépage ne manque à l’appel. Crémants, blancs et rosés sont là aussi.
Les producteurs ont amené leurs meilleurs vins. Car, seuls 40% d’entre eux passeront l’épreuve de présélection. Les autres sont éliminés parce qu’ils ne remplissent le cahier des charges. Ils n’iront pas en finale du concours général des vins le 25 février, à Paris, au salon de l’agriculture.
Professionnels et amateurs dans un échange fructueux
"Bel équilibre sur l’alcool et la chaleur, j’ai trouvé des arômes de pomme verte. J’ai bien aimé, j’ai donné 15", un amateur se lance. Il a aimé. Le professionnel, moins. Une discussion s’engage autour de la table. Quelle note lui donner ? Faut-il ou non envoyer ce vin à Paris ? Aux jurés d’échanger et de trancher. Les amateurs sont des consommateurs plus ou moins avertis, en tout cas intéressés par le monde du vin. Les professionnels sont des œnologues, des sommeliers, des courtiers, des négociants de la région.
"J’aime bien déguster le vin, notamment le vin d’Alsace. Ça m’apporte beaucoup de choses et le fait qu’il y ait des professionnels à ma table, cela me permet d’enrichir mes connaissances. Être confronté à tous ces vins, ce n’est pas simple du tout. On n’est pas toujours d’accord sur la note, mais globalement les avis se recoupent", a confié sur place à notre équipe de reportage, Olivier Stephan et Vincent Roy, un amateur de bons vins à l’une des tables.
Un cahier des charges strict
Les professionnels sont chargés, eux, de vérifier que l’échantillon respecte un cahier des charges très précis, défini avec les services du ministère de l’Agriculture. "S’agissant des amateurs, ils nous permettent de rester en phase avec l’évolution du goût des consommateurs. Comme l’appétence de plus en plus prégnante sur les vins nature - des vins sans sulfite - par exemple. La présence des amateurs permet de réinterroger nos critères de sélection. On ouvre des gammes de vin au concours agricole qui n’existait pas avant, comme les rosés ou les crémants » explique Olivier Alleman, commissaire général du concours général agricole.
Aujourd’hui, les jurés ont pour consigne de ne pas être trop sévères. La présélection a pour but de faire entonnoir sur le nombre d’échantillons retenus et d’éliminer les vins à défauts. "L’amateur ne va pas forcément détecter les éventuels défauts et l’avis peut s’en trouver un peu erroné", relève Marie Eber-Nussbaumer, conseillère œnologie à la chambre d’agriculture d’Alsace.
Pas toujours facile de concilier les avis entre amateurs et professionnels. En tout cas pour elle, l’important est d’avoir des représentants de la région au concours final, qu’ils soient du métier ou pas. C’est la raison pour laquelle elle lance un appel à tous ceux qui voudront bien se porter jurés à Paris, "du moment qu’ils sont aptes à faire valoir la typicité des vins d’Alsace".
Vers l’excellence
Le concours agricole est censé tirer vers le haut la production des candidats, c'est du moins son objectif. "Quand un producteur soumet son échantillon aux jurés, il veut le comparer aux autres pour essayer de gravir une marche et d’améliorer sa production", note Olivier Alleman. Décrocher une médaille au concours général est une sorte de Graal : "D’abord parce que cela fait vendre des bouteilles et ensuite parce que pour les candidats, c’est une reconnaissance de la qualité de leur produit", fait remarquer pour sa part la conseillère en œnologie.
Rendez-vous, donc, le 25 février au salon de l’agriculture à Paris. A l’issue du concours général, seuls un quart des vins seront médaillés.