Alors que les périodes d'enneigement se réduisent à peau de chagrin ces dernières années dans les Vosges, les professionnels du tourisme plébiscitent encore les vacances d'hiver. Dans la vallée de Munster, auberges, magasins de location et office de tourisme ont appris à diversifier leur offre.
La route est totalement dégagée, et les traces de neige n'apparaissent qu'entre 800 et 900 mètres d'altitude. Logique, le Gaschney, au-dessus de Muhlbach-sur-Munster dans le Haut-Rhin, n'a pas vu tomber le moindre flocon depuis une quinzaine de jours. Pire, le redoux apparu en cette première semaine de vacances pour la zone B, celle du Grand Est, fait inéluctablement fondre l'or blanc.
À l'auberge du Schallern, à quelque 1.100 mètres d'altitude, des gouttes ruissellent et tombent du toit sans discontinuer et accompagnent promeneurs ou skieurs telle une petite musique de fond. Pourtant, l'établissement, tenu par un jeune couple de la vallée, a fait le plein en terrasse ce dimanche 12 février. Et les 19 couchages sont presque tous réservés jusqu'au 5 mars.
C'est sûr qu'en février, c'est mieux s'il neige, mais ce n'est plus le seul critère pour les familles.
Aude Vieira, co-gérante du Schallern
Le soleil oblige à plisser les yeux, incite même quelques clients à se prélasser en tee-shirt. De drôles de vacances d'hiver, mais les gérants gardent le sourire. "Les gens aiment la montagne, explique Aude Vieira. La vue est superbe, on est au grand air. C'est sûr qu'en février, c'est mieux s'il neige, mais ce n'est plus le seul critère pour les familles."
La diversité pour continuer d'exister
Le ski alpin, encore irremplaçable pour la bonne santé financière des quatre stations de la vallée de Munster, demeure l'activité numéro un dans l'esprit des autres acteurs du tourisme, mais il n'est plus prépondérant. "Même si la météo n'est pas de la partie, les gens peuvent profiter de l'auberge très cosy, qu'on a pris soin de bien décorer", indique la gérante, à la tête du Schallern depuis avril 2022. "On a aussi repris le concept de notre prédécesseur, en proposant toute une gamme de rhums, pour des soirées à thème par exemple", ajoute son compagnon, Julien Tworek.
L'établissement accueillera même un mariage en 2023, entre autres anniversaires et soirées privatisées. Le seul cadre, peu importe la saison, suffit à faire tourner la boutique. Neige ou pas. Plus étonnant, le discours est quasi similaire du côté de la Godille, magasin spécialisé dans la vente et la location de matériel de montagne, à Munster.
Là encore, le ski n'est plus sur un piédestal au détriment des autres activités. "De plus en plus, la randonnée tient une place importante dans notre chiffre d'affaires, explique Mike Gaillard, le maître des lieux, tout juste après avoir vendu un sac. Les vacances d'hiver ont toujours été très bonnes pour nous. C'est plutôt à Noël où l'on travaille moins ces dernières années. Et en fonction de l'enneigement, on s'adapte et on sait faire d'autres choses."
70% au moins des meublés loués jusqu'au 5 mars
Faire autrement si les circonstances l'exigent, c'est même devenu une stratégie assumée, en mettant en avant une offre éclectique et transversale. Objectif : compenser la raréfaction des épisodes neigeux, liée au réchauffement climatique.
"Il faut proposer une alternative, c'est indispensable lorsqu'on se trouve comme nous en moyenne montagne, confirme Nathalie Zaric, directrice de l'Office de tourisme de la vallée de Munster. La route des vins n'est pas loin, nous avons un cinéma, une piscine avec un espace spa. Il est possible de visiter des fermes ou la maison du fromage. C'est la rupture avec le quotidien qui compte avant tout."
Une formule qui semble plaire aux Parisiens, aux Nordistes ou aux Belges, qui représentent 50 % de la clientèle de la vallée. L'autre moitié étant constituée principalement d'Alsaciens. Pour l'heure, 70 % des meublés ont trouvé preneur pendant la période de congés qui s'étale jusqu'au 5 mars. Les réservations de dernière minute pourraient encore faire grimper cette statistique.