C’est la nouveauté de l’année à la cave de Ribeauvillé : la mise en bouteille d’un vin tranquille et d’un autre effervescent, tous deux désalcoolisés. Une innovation qui s’inscrit dans l’ère du temps. Nos voisins allemands sont déjà très engagés dans ce type de production.
Le vin désalcoolisé n’est pas une habitude de consommation française. Mais la plus ancienne coopérative de France située à Ribeauvillé a décidé de se lancer dans sa production. Deux cuvées ont été vinifiées spécialement, l’une tranquille, l’autre effervescente. Une innovation inspirée du marché allemand.
Et c’est après la visite d’un professionnel vantant les vins désalcoolisés qu’Yves Baltenweck, président de la cave de Ribeauvillé, et Evelyne Bleger-Cognacq, œnologue, se sont intéressés à la question. Curieux, ils ont traversé la frontière pour visiter de nombreuses caves allemandes proposant des rouges, des blancs et des mousseux avec 0,1 ou 0,5% d’alcool.
“On a goûté beaucoup de cuvées et trouvé ça très bien et ça nous a décidés à franchir le pas. En discutant avec des responsables commerciaux allemands, on a appris que 10% de leur bière est sans alcool et que le vin désalcoolisé est de plus en plus prisé. D’ailleurs, côté allemand, on trouve 40 installations techniques pour fabriquer du vin sans alcool, en France il n’en existe que 4 ”, explique Evelyne Bleger-Cognacq.
Distillation basse pression
Le président et l’œnologue décident alors de produire un vin tranquille et un vin mousseux issus de la cave de Ribeauvillé et de les désalcooliser. Ils ont choisi un site allemand basé à Lonsheim en Rhénanie-Palatinat pour opérer la distillation basse pression. Ils sont partis, à titre d’essai, sur 6.500 bouteilles de chaque vin avec une teneur de 0,5% d’alcool.
Quand on goûte à l’aveugle, on sent qu’il manque quelque chose mais l’aromatique est quand même là
Evelyne Bleger-Cognacq, œnologue
“A ce degré-là, c’est moins alcoolisé qu’un sirop pour la toux. On aurait pu produire du vin à 0,1% d’alcool, mais en dégustant on n’a pas trouvé cela intéressant, le côté aromatique disparaît", précise Evelyne Bleger-Cognacq. L’œnologue veut rester dans les styles de vins de la maison, le plus sec possible tout en gardant un équilibre. “C'est aromatique, frais, et rafraîchissant. Quand on goûte à l’aveugle, on sent qu’il manque quelque chose mais l’aromatique est quand même là."
Si les arômes sont légèrement différents, il semblerait que ce vin change complètement la perception du palais et des papilles. La cave de Ribeauvillé attend de recueillir le ressenti des clients avant de poursuivre l’aventure.
Prise de risque pour un marché de niche
Evelyne Bleger Cognacq reconnaît qu’il y a une prise de risque mais veut y croire. Car ce vin s’inscrit dans un marché de niche qui peut intéresser les femmes enceintes, les hommes d’affaires, ou encore les personnes en surpoids car le vin désalcoolisé est beaucoup moins calorique.
La cave de Ribeauvillé se fixe un délai de six mois pour voir si le Ribo, c'est son nom, recueille l'adhésion des clients et si elle élargit la gamme avec d’autres produits désalcoolisés issus des cépages alsaciens.