Incendie d'un gîte à Wintzenheim : "C'était une personne attachante", une Alsacienne de 45 ans figure parmi les onze victimes

Un incendie dans un bâtiment qui abritait deux gîtes à Wintzenheim a causé la mort de onze personnes. Parmi elles, Christelle, une femme de 45 ans. Atteinte d'un handicap mental, elle était accueillie par un foyer de vie à Schiltigheim.

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Un violent incendie s'est produit à Wintzenheim, le mercredi 9 août au petit matin, dans une grande maison de type alsacienne composée de deux gîtes. La structure, composée de deux niveaux, accueillait 28 vacanciers, dont des personnes en situation de handicap mental et leurs accompagnateurs. Le bilan est de onze morts, onze personnes qui n'ont pu échapper aux flammes. Les 17 autres vacanciers, dont la majorité résidait au rez-de-chaussée, ont pu sortir du brasier à temps. 

Les victimes, pour la plupart, venaient de trois structures distinctes situées en Lorraine. L'AEIM à Nancy, un établissement médico-social du Saulnois et le foyer Robert Gautier d'Amnéville. La onzième victime venait de la Structure d'activités de jour et d'hébergement (SAJH) située à Schiltigheim. 

Prénommée Christelle, cette femme de 45 ans était atteinte de "déficience intellectuelle moyenne" et résidait dans ce foyer de vie alsacien depuis son ouverture en 2005. Le personnel et les autres résidents l'appréciaient beaucoup selon un employé de la structure. "C'était une personne attachante", confirme l'un des agents d'accueil.

Un rayon de soleil

Christelle était très appréciée des autres résidents et des éducateurs. "Elle avait de bonnes capacités de communication. Pas suffisamment pour entrer dans le monde du travail, mais elle faisait bouger les codes", ajoure le directeur. 

Au moment de l'annonce de sa mort, les équipes de la SAJH étaient en vacances, car l'hébergement est suspendu pendant trois semaines et les résidents retournent dans leurs familles. "Tout le monde est sidéré et très triste de cette nouvelle. Les éducateurs ont noué des liens affectifs avec elle. On la connaissait très bien, c'était un numéro", se rappelle Emmanuel Bessard.

C'était une personne explosive

Emmanuel Bessard, directeur de la SAJH à Schiltigheim

"C'était une personne explosive. Elle parlait beaucoup et avait une voix aiguë. Elle ne passait donc pas inaperçue et pouvait même débouler dans mon bureau sans prévenir. C'était un rayon de soleil pour notre établissement, car elle allait facilement vers les autres. Elle pouvait vous tenir la botte pendant trois heures", ajoute-t-il.

Christelle avait décidé, par elle-même, de se rendre dans ce gîte. "Nous mettons à disposition des catalogues à nos résidents pour qu'ils puissent choisir les vacances qui leur plaisent. Après, nous les aidons financièrement", précise-t-il.

Engagée pour les droits des personnes handicapées

La quadragénaire était en capacité de partir seule en vacances. "Nous savions qu'il y avait des accompagnateurs avec le groupe. C'était suffisant pour Christelle", indique le directeur. Malgré un parcours semé d'embûches dans lequel elle n'a pas pu suivre de scolarité, Christelle a appris à s'affirmer et à se montrer indépendante. 

"Christelle était un porte-drapeau pour défendre les droits des personnes en situation de handicap. Elle ne se laissait pas faire". En effet, la résidente schilikoise avait été "nommée au Conseil Départemental de la citoyenneté et de l'autonomie (CDCA)" au sein de la Collectivité européenne d'Alsace (CEA). Elle faisait aussi partie de trois associations strasbourgeoises, dont Clair de Terre et Nouvel Envol. 

"Grâce à son franc-parler et à son engagement pour défendre ses droits de personne en situation de handicap, nos pratiques ont évolué au fil du temps. Elle restera dans la mémoire de toutes et tous ici". 

Un deuil pouvant s'étaler sur plusieurs mois

Les résidents de la SAJH retourneront progressivement dans l'établissement à partir du 19 août. Dès le lendemain, Emmanuel Bessard assure qu'il annoncera la terrible nouvelle à tous un à un. "Je prendrai une photo de Christelle et je leur dirai. Il faut que l'annonce soit simple, claire et sans équivoque", précise-t-il. 

"Souvent, il n'y a pas de réaction immédiate chez les personnes atteintes de déficience intellectuelle. Les effets de ce genre d'annonce peuvent être différés dans le temps. Le deuil peut débuter dans quelques semaines, voire quelques mois", précise le directeur. L'établissement et ses éducateurs s'appuieront sur l'expertise de leurs psychiatres pour la suite. 

Un autel sera aussi mis en place pour lui rendre hommage. Il sera situé devant la structure d'accueil, avec une photo de la victime et le matériel nécessaire pour écrire ou faire des dessins. 

L'identification des onze corps sortis des décombres doit démarrer aujourd'hui, selon la vice-procureure de Colmar. Les enquêteurs sont toujours sur place pour déterminer les causes du "feu couvant" qui aurait provoqué l'incendie meurtrier.

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