Kinésithérapeute retraité, Marcel Schueller a travaillé les corps toute sa vie, mais c’est bel et bien la musique qui le fait vibrer. Il expose sa collection de 140 instruments de musique glanés au fil de ses voyages, jusqu’au 27 mars 2022 au Triangle d’Huningue. Un tour du monde sonore et étonnant.
Un tour du monde en 140 instruments de musique : voilà ce que propose Marcel Schueller au Triangle de Huningue jusqu’au 27 mars 2022. Ce musicien chevronné expose sa collection personnelle, élaborée au fil de ses nombreux voyages.
"J’ai toujours aimé la musique", annonce d’entrée de jeu Marcel Schueller qui ajoute, un tantinet ironique : "J’ai d’ailleurs dirigé mon premier grand orchestre à l’âge de 4 ans : j’agitais mes bras devant la TSF."
Enfant, il est repéré pour sa voix à l’Ecole des frères de Mulhouse : il devient soliste de la chorale. Il prend des cours de piano, se forme à la guitare en autodidacte et intègre l’orchestre Esmeralda qui fait dans le bal populaire. "A cette époque, dès que Richard Anthony sortait un tube, je l’adaptais immédiatement et le chantais le samedi suivant sur scène. C’est ce que les gens aimaient avec cet orchestre. On était réactif."
Un contrat de l'imprésario de Johnny Halliday dans le tiroir
A 17 ans, Marcel Schueller participe à des radios crochets organisés par la Foire aux vins de Colmar. Il rafle plusieurs prix et se fait repérer par un certain Johnny Stark, imprésario de Johnny Halliday. Quand même.
Il est invité à Paris et se voit proposer un contrat de trois ans. Mais ses parents préfèrent qu’il passe son bac. Il obéit et gardera toute sa vie ce contrat dans un tiroir. Il opte pour une vie professionnelle de kinésithérapeute et garde la musique en danseuse : "elle m’a toujours permis de décompresser."
Aujourd’hui retraité, il travaille depuis six ans avec Otto Büergelin, un musicien allemand, autour du blues, du jazz, de la country, de la musique latino et des chansons en toute délicatesse. D’ailleurs leur binôme s’appelle Duo Delicato.
Le virus du voyage : "une infection généralisée"
Son premier voyage, Marcel Schueller le fera dans les années 1970 au Japon. "J’étais parti dans un cadre professionnel pour me former à la pratique du massage." C’est le point de départ d’une série de nombreuses destinations : Birmanie, Inde, Afghanistan, Ethiopie.
Musicien dans l’âme, il aime écouter ce qui se joue dans ces pays lointains et se découvre une passion pour le son. Dans chaque ville ou village, il aime farfouiller dans les petites échoppes poussiéreuses pour dénicher des instruments de musique. "Leur conception, avec souvent bien peu de moyens, raconte beaucoup de l’inventivité des hommes pour produire des sons."
Au fil de ses périples, il ramène dans ses bagages des instruments de toutes les tailles, de toutes les formes. Sa collection en rassemble au total 140. Chacun a son origine, son histoire, son rôle social et sa sonorité. Après plus d’un an de travail et de documentation, il les présente au Triangle d’Huningue jusqu’au 27 mars 2022.
Résonnances du monde
"Résonnances du monde", c’est le titre de cette exposition aussi inédite qu’originale. Chaque visiteur a la possibilité de scanner un QR-Code qui le renseigne sur l’origine et l’histoire de ces objets musicaux qui sont aussi des œuvres d’art.
L’un de ses instruments préférés est un violon Stoh acheté à Mandalay, la deuxième ville de Birmanie. "C’est un violon à cornet. Il a été conçu en 1899 par un ingénieur autrichien basé en Angleterre afin de réaliser l’un des premiers enregistrements phonographiques."
Autres chouchous : le masenqo, un instrument traditionnel éthiopien en bois doté d’une corde unique ou les sistres composées de clochettes que les prêtres éthiopiens font tinter en rythme. "Un souvenir magique", se rappelle le kinésithérapeute voyageur.
"Celui qui me plaît le plus ? C’est celui que je n’ai pas encore acheté !", s’exclame Marcel Schueller en riant. En attendant, son exposition est entièrement gratuite et ouverte à toutes les oreilles et les esprits curieux.