La Clausmatt : une oasis pour les cabossés de la vie, "loin de la fureur du monde"

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L'auberge de la Clausmatt dans les hauteurs de Ribeauvillé.
Sujet Rund Um en alsacien sous-titré ©France Télévisions

Nous avons passé une journée dans un lieu spécial. Sur les hauteurs de Ribeauvillé (Haut-Rhin), en pleine nature, une douzaine de personnes s’occupent de l’auberge de la Clausmatt. Une auberge d’apparence classique, mais surtout, un lieu de seconde chance pour des cabossés de la vie.

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Dès 8 h 30, la Clausmatt, gérée par l'association Espoir, grouille d’activité. Il faut bien s’occuper des chèvres, des lapins, de la vache, des poules et des moutons. Thierry est au rendez-vous, comme tous les jours. Il sort les chèvres qui se promèneront en toute liberté toute la journée et leur donnera à manger plus tard. François, lui, gravit la petite colline qui le mène aux moutons. Blondin le bélier lui fait un accueil chaleureux.Il y a quelque chose d’apaisant dans le rapport à l’animal. Ici, on est un peu en retrait de la fureur du monde. Quand je suis avec les moutons, c’est l’instant présent qui compte. En étant aux petits soins pour eux, on se soigne aussi, nous. C’est une réciprocité, un échange.”

Ménage, vaisselle, jardinage, chacun a ses tâches à accomplir pour faire fonctionner le lieu. Au premier abord, tout semble digne d’une auberge classique. Pourtant, les douze personnes qui s’affairent aux quatre coins de la propriété sont des résidents. Ils sont en transit vers la réinsertion et la sociabilisation.

Respecter des horaires, s’ancrer dans le temps, tenir une tâche, une concentration, savoir cohabiter, vivre ensemble. Pour chacun d’entre eux, c’est un lourd passé qui les a menés à la Clausmatt : addictions, troubles psychiatriques, exclusion sociale, etc.

Je savais que j’irais en forêt le 27 pour avaler des pilules

Claude, résident

Il y a quatre ans, Claude a décidé de mettre fin à sa vie. Il avait tout planifié. “J’ai passé Noël avec ma famille, mais je savais que j’irais en forêt le 27 pour avaler des pilules. Ça n’a pas fonctionné. Par rapport à la dose que j’ai prise, j’ai eu de la chance.” Après un an à l’hôpital, il va de mieux en mieux. “Ceux qui m’ont sorti de ça, ce sont les psychiatres et les psychologues. Je n’aurais pas pu y croire. À l’époque, je méprisais ces gens. Finalement, on a besoin d’eux.”

Aujourd’hui, la vie lui a donné une seconde chance. Il cuisine pour les douze résidents et pour les clients de l’auberge. La majorité des produits viennent de la Clausmatt. Au menu ce midi-là, un pot-au-feu. La vache dont vient la viande “a eu la plus belle des vies chez nous”, dit-il avec fierté.

L'importance de la vie en communauté

Chaque jour, un salarié de l’association est présent sur le lieu pour encadrer les résidents. Des bénévoles, membres d'Espoir, viennent de temps en temps pour apporter leur aide. C’est le cas de Gaby Claude. “Chacun doit aider à la vie quotidienne. Le but, c’est qu’ils vivent en communauté, mais il y a aussi une intention de les rapprocher doucement vers la vie active et le monde du travail. Ils apprennent des nouvelles compétences.” Bénévole depuis de nombreuses années, Gaby revient aussi pour l’atmosphère particulière qu’il y a à la Clausmatt.

C’est un lieu magnifique. Tous ces gens participent à ce qu’il y ait de la vie, de l’âme dans cet endroit.

Gaby Claude, bénévole de l'association Espoir

Un lieu de vie, mais aussi une auberge où tous les randonneurs peuvent se restaurer ou dormir. Et les résidents s’occupent de tout. Cet après-midi-là, Christophe était chargé de préparer les chambres. Cinq personnes ont réservé pour la nuit. D’abord, il faut vérifier l’état des chambres et des sanitaires. “Il faut que tout soit propre. Il en va de la réputation de la Clausmatt.” Puis, monter les draps.

Après un accident de travail, un licenciement et une descente dans les enfers de l’alcool, Christophe a eu besoin d’aide pendant de longues années. Aujourd’hui, c’est lui qui s’occupe des autres. “C’est important pour moi. Je suis fier de m’occuper des chambres, de cuisiner, de faire un peu de tout. En tout cas, je fais quelque chose.” Christophe a prévu de partir l’année prochaine. Il se sent prêt à retourner à la vie normal, mais compte bien devenir bénévole l’association après son départ.

Quel avenir pour le lieu ?

Il en faut du monde pour faire vivre les six structures d’accueil et d’hébergement que compte l’association Espoir. Mais la Clausmatt est unique, ce qui fait sa force, mais aussi sa faiblesse. Alors que la direction de l’association a rencontré des difficultés ces dernières années, la question de la pérennité du lieu se pose régulièrement. Il y a des personnes qui ne trouvent pas leur place dans le cadre classique de la vie en société. Ce modèle de structure n’existe pas ailleurs, ce n’est pas un type de structure fléché. Il faut donc que les financeurs comprennent le fonctionnement du lieu et en soient persuadés” explique Sophie Vileno, cheffe de service de l'association. 

Certaines personnes restent quelques mois, d’autres des années. Les personnes qui sortent peuvent être accompagnées soit vers un logement autonome, soit vers une prise en charge dans une structure adaptée avec un accompagnement plus léger. La Clausmatt est un lieu d’ancrage, une oasis pour âmes blessées, loin de la ville, où l’on peut se reposer avant d’être prêt à retourner à la société.

 

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