La famille de Dimitri Perrier, mort de façon inexpliquée à l'hôpital de Rouffach en 2020, organise une troisième marche blanche

Ce samedi 12 août aura lieu la troisième marche blanche en l'honneur de Dimitri Perrier, mort à 28 ans à l'hôpital de Rouffach (Haut-Rhin), de manière inexpliquée. Ses proches ont vécu trois longues années d'attente, d'espoirs déchus et de sentiment de révolte à l'égard d'une situation qu'ils jugent "injuste". Une enquête est encore en cours sur les circonstances du décès.

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Les mois passent et les réponses ne viennent pas. Le 11 août 2020, la famille de Dimitri Perrier reçoit un appel de l'hôpital de Rouffach (Haut-Rhin) : leur fils est décédé alors qu'il était placé à l'isolement depuis deux semaines. Trois ans plus tard, ils n'en savent pas plus sur ce qui a provoqué la mort, ce jour-là, de Dimitri, jeune homme atteint d'autisme. Ce samedi 12 août aura lieu la troisième marche blanche en son honneur à Rouffach. "Tant qu'on n'aura pas de réponse, on ne lâchera pas, affirme la mère de Dimitri, Stéphanie Neunreuther. On sera de nouveau là l'année prochaine, puis encore les suivantes s'il le faut."

Si ses proches s'interrogent tant, c'est que le contexte de sa mort leur semble flou. Il y a d'abord eu la décision par les médecins de couper complètement les contacts avec sa famille; une décision jugée à l'époque "inadaptée" par ses proches comme ils nous le confiaient en 2021. Dimitri était alors saisi de crises d'angoisse régulières en raison du confinement, en pleine pandémie de Covid-19.

Puis il y a eu le jour de sa mort, deux semaines après la décision d'isolement à l'hôpital. Le matin, le père appelle pour prendre des nouvelles et on lui rétorque que "tout va bien". A 21 heures, ils sont prévenus du décès par téléphone, sans aucune explication sur les causes de la mort. "C’était un choc. Dimitri était joyeux, il chantait, il dansait, il souriait tout le temps. Il était en bonne santé. On ne comprend pas", nous confiait à l'époque sa mère. 

Ce n'est qu'en septembre 2022, soit plus d'un an plus tard, que les proches de Dimitri Perrier entrevoient l'espoir d'un aboutissement à leur quête. "On a été conviés chez le juge d'instruction, raconte Stéphanie Neunrether.C'était la première fois qu'on voulait bien nous entendre alors j'y étais allée soulagée et pleine d'espoir." Mais l'entretien ne donne rien de concret. "Sur le coup, j'étais quand même contente car le juge a bien pris le temps de nous écouter et de nous répondre. Mais le compte-rendu qu'on nous a donné (dont le contenu ne peut être rendu public car l'affaire est toujours en cours d'instruction, NDLR) ne contenait aucune conclusion recevable. Il n'y a toujours pas d'explication à sa mort."

La chute est alors d'autant plus brutale que les espoirs étaient grands au moment de se rendre chez le juge. "Le plus dur c'est de ne pas savoir, souffle Stéphanie Neunrether. J'ai l'impression de ne pas avoir fait mon deuil et que je ne pourrai pas le faire tant que je ne saurai pas." Et cette conviction lancinante que Dimitri n'est pas mort "comme ça", mais bien à cause d'un "dysfonctionnement". Résultat, face à ce compte-rendu qu'ils jugent "incomplet", les proches ont commandé une contre-expertise dont ils attendent les réponses très prochainement. "On n'a pas hésité car on avait l'impression que si on ne faisait rien de notre côté, rien ne bougerait.

Les marches blanches pour obtenir des réponses

Dans ce contexte, les marches blanches constituent à la fois une respiration, un moyen d'honorer la mémoire de leur défunt fils, et une source d'espoir pour que les choses avancent. "On remarque que, bizarrement, on nous donne des documents en plus ou de nouvelles informations juste avant ou juste après les marches, confie Florian Coulon, l'oncle de Dimitri. Plus il y a de gens à nos côtés, plus on montre qu'on est là et qu'on n'est pas seuls.

Celui-ci met d'ailleurs à profit ses compétences de vidéaste professionnel en produisant des images régulièrement sur les réseaux sociaux. Sa dernière vidéo, intitulée "Qui était Dimitri ?" totalise à ce jour plus de 7 000 vues. "La puissance de l'image est importante, explique-t-il. Je suis convaincu que s'il n'avait pas été autiste, les choses auraient avancé plus vite car les gens ne s'identifient pas à ce qu'il a vécu. C'est important de faire comprendre qu'il était comme tout le monde." 

Les jours précédant les marches blanches sont toujours les plus intenses pour les proches. Cette semaine, Stéphanie Neunreuther s'est affairée tous les soirs en rentrant du travail. "J'ai fabriqué un arbre à souvenirs pour que les gens puissent laisser des messages à Dimitri. Et je le lui amènerai, au cimetière, après la marche." Il a également fallu préparer les messages à l'adresse des autorités judiciaires, le but de la mobilisation restant d'interpeller les responsables sur l'absence de réponses précises autour de la mort de la Dimitri. 

Contacté, l'hôpital psychiatrique de Rouffach assure "avoir confié toutes les pièces nécessaires à l'enquête en toute transparence" et être "dans l'attente des réponses" comme les proches de Dimitri. "Le directeur de permanence sera présent en face de l'hôpital ce samedi en soutien à la famille", précise-t-on du côté de l'établissement. Le maire de Rouffach, lui, fait savoir qu'il ne sera "pas disponible" samedi et qu'il a "donné les consignes pour que la manifestation se passe dans de bonnes conditions". Le départ de la marche aura lieu à 14 heures, au 2 rue du 1er tirailleur à Rouffach.

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