Le groupe Last Train, originaire du Haut-Rhin, sortira un nouvel album le 17 mai 2024. Un opus expérimental de reprises en version symphonique, initié par son chanteur, Jean-Noël Scherrer. Rencontre.
L’homme pressé. Dans une petite pièce de la Filature de Mulhouse, Jean-Noël Scherrer se présente souriant, faussement détendu. Dans quelques heures, le chanteur et ses acolytes présenteront au public et à la presse "Original Motion Picture Sundtrack". Leur dernier-né. Un album symphonique attendu le 17 mai 2024, mais qui suscite déjà la curiosité et l’engouement.
Preuve en est, les coffrets Deluxe comprenant double vinyle, affiche et livre photos sont déjà en rupture. 250 exemplaires vendus en pré-commande en 3 minutes chrono. "C’est de la folie", s’enthousiasme l'attachée de presse de Last Train. 250 envois à réaliser au plus vite, par les membres du groupe en personne. C’est donc seul et un brin débordé, que "Jean-No" se colle à la promo.
"Cet album, c’est un album concept à travers lequel on a réécrit notre répertoire à la manière d’une musique de film, donc c’était plutôt un exercice de style", explique-t-il.
Album expérimental
Les exercices de style, les tentatives (réussies), les projets « hors formats », le groupe en a l’habitude. Son rock brut, rugueux, porté par "Weathering" sorti en 2017, avait déjà évolué vers plus de profondeur avec la parution de "The Big Picture" en 2019. Assumant son influence classique et cinématographique, Last Train avait initié des titres plus longs, à contre-courant de l’industrie musicale, et collaborée avec l’orchestre symphonique de Mulhouse.
Collaboration renouvelée avec ce troisième opus dans lequel des morceaux comme "Jane", réinterprété dans le single "Heroin", sont adaptés en version orchestrale.
"Dix ans après la sortie du titre Jane, l’idée était d’en montrer une première réécriture. Ça nous tenait à cœur de commencer par celui-là pour montrer l’évolution du groupe. Ça se fait progressivement. D’abord, il y a les quatre membres du groupe, avec de la voix et l’orchestre intervient à la fin avec une envolée, un peu épique."
C’est un projet à la marge de l’esthétique à laquelle on a habitué notre public
Jean-Noël Scherrer
Jean-Noël, Thimothée, Julien et Antoine, emmenés par leur réalisateur fétiche, Rémi Gettlife, se sont donc triturés les méninges, ont appris à faire ce qu’il ne savait pas (encore) faire, écrire pour un orchestre. S’affranchir, une fois de plus, des codes du rock et même de leurs propres codes.
"Le parti pris de base, c'est de dire on est des passionnés de musique de film, mais on n’a jamais eu l’occasion d’écrire pour l’image. Et comme toujours avec Last Train, quand on ne nous propose pas de faire les choses, on les fait nous-même. On s’est dit qu’on allait s’offrir cette opportunité".
Une mini-série en supplément
Les quatre copains, artistes et producteurs, osent tout et cultivent leur indépendance. "Avec cet album, on signe plus que jamais notre liberté. Artistique, parce qu’on fait absolument ce qu’on veut, on a plus aucune limite, on ne doit de compte à personne et aussi une liberté de production. On a monté et financé ce projet nous-même".
Et après tout ça ? Vous reprendrez bien un peu de Last Train…Car en prime, une série de trois épisodes a été réalisée par Julien Peultier, le guitariste. Son goût pour l’image s’était déjà illustré avec l’ovni "How did we get there". Un titre de 20 minutes, accompagné d’un court-métrage. Une signature vidéo qui fait désormais partie intégrante de l’identité Last Train.
"Julien filme tout le temps. Il a de l’inside, du studio, de la collaboration avec l’orchestre, de l’écriture… pour nous, c'est assez précieux comme contenu et comme manière de communiquer avec le public pour expliquer notre démarche".
Un autre projet en préparation
La suite ? Elle est déjà écrite. Bouillonnant, brûlant d’envie de repartir en tournée après des mois de silence volontaire, le groupe a préparé, en parallèle de cette aventure intermédiaire, un autre album. Avec la promesse d’un retour au rock des débuts. "Il y a ce projet orchestral qui nous a occupé pendant un an et demi, quasiment deux. Pour autant, on n’a pas mis les guitares au placard. On ne les a pas rangées définitivement", avance prudemment Jean-Noël. Pas question d’en dire plus. "On espère en parler bientôt". Toujours est-il que "les choses vont s’accélérer", confirme-t-on dans l’entourage du groupe. Tic-tac, tic-tac…