Un projet au Hohneck qui prévoit notamment un accès pour handicapés provoque la colère de SOS Massif des Vosges. L'association dénonce la "furie d’aménagements artificiels". Le Parc naturel des Ballons des Vosges répond qu'il s'agit d'une "communication agressive non fondée".
Le sommet du Hohneck, 1.363 mètres d'altitude, sa faune et sa flore typiques des Vosges, sont à nouveau au centre de la discorde. D'un côté il y a le Parc naturel des Ballons des Vosges et les acteurs locaux directement concernés par la dynamique du site, de l'autre l'association SOS Massif des Vosges qui dénonce l'artificialisation galopante des chaumes.
"Après avoir élargi et goudronné par petites touches la route d’accès pour créer des places de stationnements supplémentaires (...) Après avoir constaté l'explosion des dégradations de la chaume et des sentiers tout autour du sommet (...)" peut-on lire dans le communiqué de l'association "un projet de création d’un circuit pour fauteuils d’handicapés" allant du parking sur le sommet vers "une plate-forme surplombant le cirque glaciaire du Wormspel" serait dans les tuyaux.
Un aménagement supplémentaire qui ne ferait "qu'aggraver la dégradation de ce site naturel protégé et exigera à n’en pas douter la création de places de parkings supplémentaires" selon Dominique Humbert, président de l'association.
L'accès pour les handicapés, un prétexte
"Qu’on ne nous oppose pas l’argument de l’accès pour les handicapés, nous pensons qu’ils sont en droit, au même titre que les valides, de bénéficier des beautés de la nature, il existe d’ailleurs déjà pour cela des fauteuils tout terrain adaptés (location payante, ndlr). Le prétexte de l’accès aux handicapés n’est en réalité qu’une misérable tentative de justifier la furie d’aménagements artificiels portée par les offices de tourisme, le Parc et les collectivités dont la politique à très courte vue mène tout droit au gouffre" poursuit-il.
Pour Olivier Claude, directeur du Parc, "ces propos sont outranciers et irrespectueux". Si aucun projet n'a été validé, il confirme la restauration de certains sentiers dégradés par le temps et les touristes et le lancement d'une étude visant à "améliorer l'accessibilité tout en évitant la dégradation des sentiers". Etude à laquelle participent aubergistes, agriculteurs, membres du Club vosgien et élus. Tous s'interrogent sur de nouveaux points de vue "plus confortables" pour profiter du paysage et sur un accès pour les personnes à mobilité réduite, mais rien n'est acté. Une réunion se tient ce vendredi 6 mai.
La nature ne doit pas être réservée à quelques privilégiés
Olivier Claude, directeur du Parc
Si l'association et le Parc défendent tous les deux le nécessaire besoin de préserver l'environnement, les moyens d'y arriver sont diamétralement opposés. Pour SOS Massif des Vosges "une des solutions consiste à fermer la route d’accès aux véhicules à moteur et de proposer une navette qui pourrait transporter au sommet les personnes à mobilité réduite". Pour les acteurs locaux, il s'agit "d'accueillir tout le monde" tout en les sensibilisant à la préservation des prairies, des plantes et des animaux.
Au-delà de la bataille qui se joue entre les deux parties, l'enjeu est ailleurs. C'est bel et bien la question du tourisme de masse qui se pose. Olivier Claude évoque un nouveau schéma d'accueil de la grande crète pour mieux recevoir "ces nouveaux touristes" qui découvrent les Vosges, depuis le début du Covid. Nul doute qu'avec le grand soleil annoncé ces prochains jours, l'affluence y sera grande.