Moins vite, moins de bruit : un nouveau collectif demande des mesures d'urgence pour limiter les nuisances sur la route des Crêtes

Comment permettre l’accès à la route des crêtes du massif vosgien au plus grand nombre, mais dans des conditions respectueuses ? Face à la hausse de la fréquentation de cette route de montagne emblématique, un collectif d’associations s’est réuni pour la première fois ce dimanche 16 juin pour demander des mesures concrètes et rapides.

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Il fait grand beau ce dimanche 16 juin sur la route des crêtes dans le massif des Vosges. Le temps idéal pour partir en randonnée, à pied ou à vélo. Ou en profiter pour une virée à moto. C’est d’ailleurs ce que font des dizaines de personnes sur place. Car cet axe, à cheval entre le département des Vosges et du Haut-Rhin, n’est accessible qu’aux beaux jours.

Chaque été, la question de la fermeture à la circulation automobile est reposée. D’ordinaire, la route ne rouvre que début mai. Mais cette année, les usagers ont pu l’emprunter dès le 28 mars. Une réouverture particulièrement précoce qui a mis en colère les associations. 

Celles-ci se sont de nouveau donné rendez-vous ce dimanche 16 juin au Grand ballon, le point culminant de la route, pour créer un collectif. Il a été baptisé HANSI. Si l'acronyme fait référence à l'illustrateur alsacien, il signifie surtout : Halte Aux Nuisances Sonores et Incivilités.

Autour de la table, différentes fédérations "soucieuses de faire de la montagne un territoire partagé, sécurisé et apaisé". À savoir : le Club vosgien, la fédération des clubs alpins et de montagne, le club alpin français du pays Thur Doller, la fédération du Haut-Rhin des Amis de la nature, la fédération française du cyclisme 68, et la fédération départementale des chasseurs du Haut-Rhin

Selon ces représentants, les usagers non motorisés de la montagne et les habitants des vallées vosgiennes subissent des nuisances sonores et des comportements irresponsables, en particulier pendant les week-ends et les vacances.

Un excédent de bruit à l'opposé de la quiétude qu'on vient chercher dans la nature. "La nature, elle appartient à tout le monde, je suis d'accord. Mais seulement pour moi, c'est devenu un défouloir. C'est devenu une activité sportive de jour et de nuit avec des lampes et en plus c'est devenu un dépotoir. C'est ça qui ne va plus actuellement", s'insurge Richard Locatelli, le président du groupement d'intérêt cynégétique du Haut-Rhin.

Historiquement, la route des crêtes a été créée pendant la Première Guerre mondiale pour assurer la défense sur le front des Vosges. Entre Sainte-Marie-aux-Mines, au nord, et Uffholtz au sud, elle s'étend sur 88 km et offre de nombreux panoramas sur des lacs, vallées et sommets.

Si la météo est favorable, on peut même observer la forêt noire ou la chaîne des Alpes depuis la route. De quoi attirer des milliers de personnes chaque week-end et encore davantage pendant la période estivale. Mais cette hausse de la fréquentation s'accompagne d'un accroissement des comportements inadaptés, voire dangereux. "Une moto a par exemple été enregistrée à 210 km à l'heure au-dessus du Mortfeld. Ça ne va pas !", poursuit le représentant des chasseurs haut-rhinois.

50 kilomètres à l'heure ? On ne viendra plus !

Jean-Claude Schindelholtz

Motard, usager de la route des crêtes

C'est pour cette raison que la première revendication de HANSI porte sur la vitesse, qu'elle voudrait limiter à 50 km à l'heure au lieu de 70. Blouson noir en cuir sur le dos, un motard s'étrangle de cette éventualité : "50 km heure ? On ne viendra plus ! On n'y arrive pas à 50. C'est déjà très difficile maintenant. Si ça passe à 50, on ira en Allemagne. Là-bas, on peut rouler à 100 à l'heure.

Les associations qui se sont réunies dans le collectif ne veulent pourtant pas opposer les usagers : "Je ne veux pas chercher des coupables" explique Philippe Lambert. Ce que veulent les signataires, c'est un meilleur respect de l'espace public. Ils demandent ainsi une interdiction des pots d'échappement non homologués. Mais aussi une simplification de la réglementation sur l'émission du bruit des véhicules, de manière à faciliter les contrôles par les forces de l'ordre.

Le président de la fédération de cyclisme du Haut-Rhin développe : "De plus en plus de gens pratiquent le vélo, surtout les plus de 45-50 ans. Et moi, j'ai peur de dire à des jeunes de pratiquer, car il y a de plus en plus de dangers. En montagne, dans les cols, on est plus en danger en raison de la hyperfréquentation." Ainsi, le collectif réclame un marquage au sol spécifique (chaussée à voie centrale banalisée type "Chaucidou"). 

Parmi les revendications, les associations demandent également la fermeture incompressible de la route du 1ᵉʳ décembre au 5 avril (de manière à respecter la quiétude hivernale de la faune sauvage) et l'ouverture uniquement à la navette des crêtes et aux modes de circulation non motorisés du 15 au 30 avril. Elles voudraient aussi l'extension et l'augmentation des fréquences de la navette. 

Une signalisation des croisements avec les sentiers

"Nous souhaitons non pas qu'on nous écoute, mais qu'on nous entende"  résume Joseph Peter, le porte-parole du collectif HANSI et vice-président de la fédération des clubs vosgiens. "Ça fait plus de 10 ans que nous demandons des mesures concrètes pour limiter les nuisances sonores et pour limiter la vitesse. Il n'y a pas que les motards qui sont en colère, nous sommes aussi en colère, nous, les randonneurs et les cyclistes. Nous demandons également aux collectivités de prendre en compte les croisements des sentiers sur les routes de montagne parce qu'il n'y a pas de signalisation."

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