La maison de retraite Les Violettes, à Kingersheim, a été placée sous administration provisoire le mardi 5 octobre, sur décision de l'ARS Grand Est et de la CEA (Collectivité européenne d’Alsace). Mise en cause par le personnel, la directrice de l'établissement a été déchargée de ses fonctions.
Le feu couvait depuis plus de sept ans, la décision est tombée ce mardi 5 octobre. L'ARS Grand Est (Agence régionale de santé) et la CEA (Collectivité européenne d’Alsace) ont pris conjointement un arrêté mettant l'Ehpad Les Violettes, à Kingersheim (Haut-Rhin), sous administration provisoire. La maison de retraite, qui compte une centaine de résidents, avait perdu de sa sérénité quelque temps après l'arrivée d'une nouvelle directrice, Pascale Fressard, en septembre 2013.
Six mois plus tard, le 3 février 2014, la moitié du personnel, une trentaine de personnes, se mettait en grève et manifestait devant l'Ehpad pour dénoncer l'attitude de la nouvelle direction. Les grévistes protestaient contre le manque de dialogue et de concertation. Marilyne Gottardini, aide-soignante déléguée CFTC, déclarait à l'époque au micro de France 3 Alsace: "Les plannings sont changés sans que nous soyons prévenus. Les délais de prévenance de sept jours ne sont pas respectés. C’est un ras-le-bol. Le personnel fliqué ne se sent plus à l’aise. Il y a eu des maladies et des gens en dépression". Le personnel dénonçait aussi les mesures disciplinaires dont faisaient l'objet six employés.
Le même sentiment de malaise se faisait sentir chez beaucoup de familles de résidents. Une pétition circulait même parmi elles pour exprimer leur soutien au personnel.
Après le malaise, le soulagement
Malgré un accord signé deux jours plus tard, le 5 février 2014, les tensions ont perduré au sein de l'établissement. La directrice, maintenue dans ses fonctions, n'aurait apparemment pas modifié son mode de gestion, comme cela lui avait été demandé. Alors, quand tombe la décision de la décharger de ses fonctions, ce mardi 5 octobre, c'est le soulagement pour beaucoup de monde.
Notamment pour Claude Gottardi, secrétaire générale adjoint CFTC du Haut-Rhin, qui a suivi le dossier depuis le début. "Cela fait plusieurs années qu’on travaille dessus pour évincer la directrice qui pose de gros soucis à tout le monde. Enfin l’ARS s’est positionnée, on est bien heureux". Celui-ci dit avoir été en contact avec la directrice antérieure, qui avait précédé Pascale Fressard. "Ça se passait très bien. Les tensions sont apparues avec l’arrivée de la nouvelle directrice. C’est une personne qui ne venait pas du milieu médical, c’était compliqué".
La présidente de l'Ehpad, Christiane Perret, a toujours soutenu le contraire. Selon elle, le malaise ressenti par le personnel était antérieur à l’arrivée de la nouvelle directrice. Un soutien inexorable envers la directrice décriée que trouve "incroyable" Claude Gottardi.
Elle montait les gens les uns contre les autres
Et pour cause. Les témoignages parmi le personnel et les familles de résidents vont tous dans le même sens. Du côté du personnel soignant, on déplore des pressions exercés sur les employés, "elle montait les gens les uns contre les autres", souligne le syndicaliste. Des membres du personnel auraient été sommés de partir après la grève. "Tout cela a été signalé à l'ARS. Depuis des mois, on nous disait qu’une décision serait prise, qu’elle serait mise à l’écart. On est tous contents", conclut Claude Gottardi.
Une mesure nécessaire
Même son de cloche du côté de la mairie de Kingersheim où est implanté l'Ehpad des Violettes. "On avait surtout des relations territoriales avec cette maison de retraite. J'assistais à l’assemblée générale quand j'y étais invité", précise Laurent Riche, le maire de Kingersheim. Alerté dès le 5 octobre par la décision de l'ARS et de la CEA, il pense que s'ils "viennent de mettre la structure en administration provisoire, c’est qu'il y a des choses à régler et que cette mesure était nécessaire".
Lui-même et son prédecesseur ont été destinataires en copie de plusieurs courriers de l’ARS de la part de familles de résidents. "Dans ces courriers, on parlait de mauvaise gestion, de manque de bienveillance, de patients laissés seuls trop souvent, de choses comme ça. En gros, on reprochait à la structure de ne pas s’occuper correctement de ses résidents", indique Laurent Riche.
Un administrateur provisoire a pris ses fonctions ce mercredi 6 octobre, pour une période de six mois. Il a pour mission d'aider l'équipe de la structure à se remettre au travail. "Les salariés ont été informés et toutes les familles sont destinataires d’un courrier qui explique les faits en totale transparence", indique l’ARS. Cette décision fait suite à une mission d’inspection, précise l'agence, "menée en juin et août 2021, au cours de laquelle l’ARS et la CEA ont constaté des dysfonctionnements qui risquaient de porter atteinte à la qualité et la sécurité des prises en charge des résidents". Cette administration provisoire ne devrait avoir aucun impact sur les modalités d’accueil ou de visite des résidents, précise encore l'ARS Grand Est.