Les Restos du cœur de Mulhouse ferment définitivement leurs portes, ce 7 juillet 2023, après 25 ans de bons et loyaux services. En cause, leurs locaux vétustes, situés 45 rue Lavoisier, qui deviennent dangereux. Au total, 1 380 familles sont impactées.
Installés dans un hangar au 45 rue Lavoisier à Mulhouse depuis 25 ans, les Restos du cœur sont contraints de fermer définitivement leurs portes ce vendredi 7 juillet 2023. La décision a été prise par les équipes de l'association en raison de la vétusté de leurs locaux et de la dangerosité qu'il représente pour les bénévoles et bénéficiaires.
Avec près de 800 mètres carrés où l'isolation est inexistante, le coût en énergie explose. "On a retiré le faux plafond, il n'y a aucune isolation au-dessus. L'été, il fait très chaud et l'hiver très froid. Avec l'inflation, ça nous a coûté très cher en gaz, donc nous ne pouvons pas continuer comme ça", regrette Philippe Rodot, président des Restos du Cœur du Haut-Rhin.
Dans ces locaux, les poutres qui sont fixées au mur sont "complètement pourries", avec des infiltrations successives depuis une quinzaine d'années qui ont rongé le bois. "Aujourd'hui, ces poutres sont dangereuses, on se demande comment elles tiennent encore. Pour sécuriser tout le bâtiment il faudrait remplacer toutes ces poutres et le coût est extrêmement élevé", indique-t-il.
La sécurité des personnes est donc en péril. Pour tenter de protéger les bénéficiaires et bénévoles présents, plusieurs recoins ont été rendus inaccessibles. "Avec un ruban de chantier et des palettes pour délimiter certaines zones, afin que personne ne puisse s'approcher. Mais lorsque l'on vit avec un risque en permanence, on s'y habitue", déplore le président de l'association.
1 380 familles impactées
Presque 40 ans après la fondation des Restos par Coluche, c'est une page qui se tourne à Mulhouse et qui laisse près de 1 380 familles bénéficiaires sur le carreau. L'antenne la plus importante du Haut-Rhin effectue des distributions alimentaires un jour sur deux. Ces dernières semaines, en prévision de sa fermeture, l'association a distribué deux fois plus de quantité de produits aux bénéficiaires pour écouler ses stocks.
En repartant avec leurs paniers davantage remplis, chacun avoue son inquiétude pour la suite. "Je suis en colère et inquiet. Ce sont des dons qui sont utiles sur la semaine. Ça va être compliqué de trouver comment remplacer tout ce que les Restos donnent. On va faire au jour le jour, sachant qu'on a deux enfants", indique Frédéric Joyeux, bénéficiaire à la recherche d'un emploi dans le commerce.
Si ce ne sont pas les Restos du cœur qui peuvent me donner de la nourriture, qui le pourra ?
Ahmed, bénéficiaire aux Restos du coeur de Mulhouse
"On essaye de se tourner vers Caritas, mais il faut avancer une somme chaque semaine. Aux Restos, ça reste gratuit, c'est plus accessible. C'est normal qu'ils ferment vu l'état de vétusté du bâtiment, mais je ne comprends pas qu'il n'y ait pas d'alternatives pour le moment", ajoute-t-il.
Même son de cloche pour Ahmed. "Cette fermeture m'inquiète. C'est grâce à eux que je peux manger. Si ce ne sont pas les Restos du cœur qui peuvent me donner de la nourriture, qui le pourra ? Je suis malade, je ne peux pas travailler alors que j'ai une petite fille de neuf ans", s'inquiète-t-il.
En quête de nouveaux locaux
Pour tenter de revenir auprès des bénéficiaires, qui ont augmenté de 12 % lors de la distribution hivernale 2022-2023, Philippe Rodot s'est lancé à la recherche d'un local pouvant accueillir assez de bénévoles et de denrées alimentaires. De son côté, la municipalité affirme ne pas disposer de locaux assez grands.
Le président de l'association affirme qu'il est sur une piste, mais aucun accord formel n'a été conclu. "Il s'agit d'un local de près de 1 000 m2 et il est prêt à être occupé, avec bien sûr de l'isolation. C'est important", confie-t-il. L'objectif, pour lui, est de pouvoir emménager fin août. De son côté la mairie de Mulhouse confirme qu'une "piste très sérieuse est actuellement en cours d'instruction" concernant la poursuite d'activité de l'association, et qu'elle a déjà "donné son accord".
En attendant, beaucoup de familles vont se rabattre sur le Secours populaire de Mulhouse. "On saura se mobiliser, on peut mettre plus de créneaux pour accueillir les familles, mais sur du court terme", explique Amandine Grieneisen, secrétaire générale du Secours populaire français dans le Haut-Rhin.
Pour compenser cette fermeture, les autres acteurs de la solidarité auront néanmoins besoin de plus de dons et de nouveaux bénévoles.