Créé en 2002, le concours "Talents des Cités" récompense des créateurs d'entreprises issus de quartiers prioritaires. La version régionale du concours a décidé de saluer l'ouverture à Mulhouse d'une épicerie de proximité biologique, dédiée au vrac. Initiative d'une enfant de la cité Wolf Wagner. 

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Lorsque Maud Roucayrols parle de son quartier, elle préfère souligner qu'il est "calme, bien desservi", que "le cadre de vie est agréable" et "la plupart des gens respectueux. Les voisins s'aident, se connaissent". Elle refuse la mauvaise image qui colle souvent aux quartiers prioritaires des grandes villes. Alors, la cité Wolf Wagner, où elle a grandi, elle y est restée et y vit aujourd'hui avec ses deux enfants.

Cité sensible, mais premier éco-quartier d'Alsace

Elle est classée "quartier prioritaire de niveau 3" dans la classification des politiques de la Ville. Donc "sensible", "difficile". Maud s'empresse de préciser fièrement que ce quartier - une cité-jardin datant des années 1920, complétée dans les années 1950 par le premier programme de construction d'immeubles "en barres" de Mulhouse - abrite le premier éco-quartier d'Alsace.

Elle est particulièrement sensible au thème de l'écologie. Surtout depuis qu'elle est maman.
 

"Quand je me suis occupée de mes enfants, j'ai changé de regard sur l'alimentation, les produits utilisés à la maison... J'ai été de plus en plus vigilante, je ne voulais plus acheter du tout-fait."

Maud Roucayrols, fondatrice d'Eco'Vrac


"Je me suis lancée dans un potager, j'ai commencé à faire des bocaux, des conserves. Puis ma lessive... et de plus en plus de choses.", raconte celle qui, dans sa précédente vie, était prothésiste-dentaire.
 
Alors, après son congé parental, quand l'idée de reprendre pied dans sa vie professionnelle a pris forme, c'est vers ces préoccupations environnementales que la jeune femme s'est tournée. "Mes parents étaient commerçants, dans la restauration, précise-t-elle. J'ai toujours eu envie de monter un commerce, avoir cette indépendance du commerçant. Mais je ne savais pas trop dans quel domaine..."
 

Reconversion professionnelle

Ses réflexions sur l'avenir de ses enfants, et bien plus largement de la planète et de la nature, associées à sa fibre commerçante, ont fait germer l'idée d'une épicerie de quartier. "La population est vieillissante et il manque de ce type de magasins à taille humaine, proche des gens." Eco'Vrac a ouvert ses portes le 7 janvier en plein centre-ville de Mulhouse et propose des produits alimentaires, cosmétiques et d'hygiène biologiques, de préférence en vrac (sans emballages), mais aussi légumes de la ferme Koehl à Ruelisheim.
 

"J'ai été très soutenue dans mon parcours de reconversion par mon conseiller Pôle emploi. J'ai pu faire les bonnes formations, les études de marché... et aujourd'hui, la boutique a déjà trouvé ses fidèles!", sourit-elle, malgré les difficultés qui s'accumulent. Car après la période de confinement, que son petit commerce tout juste ouvert a dû surmonter, elle doit faire face à un dégât des eaux et un conflit d'experts qui l'empêchent de rouvrir en cette rentrée. 

Vers un prix national?

"Je sais que je dois me montrer patiente, c'est une vertue de cheffe d'entreprise. J'ai mis un an et demi à ouvrir, maintenant je prends mon mal en patience et je garde le moral!" Un état d'esprit et un parcours que le jury du concours des Talents des Cités dans le Grand Est a donc voulu récompenser du premier prix de la catégorie "Création", réservé aux entreprises de moins de trois ans d'existence.

Un prix que la Mulhousienne de 35 ans a reçu avec une fierté partagée sur les réseaux sociaux : "De réels talents existent partout en France, il suffit de croire en soi... C'est un privilège de vivre en France avec tous ses avantages alors montrons leur à tous que dans les cités nous avons beaucoup de talents cachés. Ne restez pas invisible et mettez toute votre énergie dans ce que vous croyez, demandez de l'aide aux structures mises en place pour vous orienter et les portes s'ouvriront". Maud Roucayrols et son Eco'Vrac sont maintenant engagés dans le concours national, qui rendra son verdict le 1er octobre à Paris.
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