Les sages-femmes de la maternité de Thann dans le Haut-Rhin, ne veulent pas que leur service d'accouchement ferme. Avec l'aide d'un jeune pompier convaincu par leur cause, elles ont réalisé une vidéo pour le chanter sur tous les toits de maisons de la vallée.
Yael est sage-femme à la maternité de Thann depuis dix ans. Avec ses collègues, elles ont décidé de faire savoir : "notre mat, on veut pas qu'elle ferme ! " Dans le service de maternité de l'hôpital de Thann elles sont neuf auxiliaires de puériculture, une puéricultrice et douze sage-femmes. Pour les soutenir dans leur combat contre la fermeture, annoncée pour mars ou juin, gynécologues, pédiatres de ville, médecins généralistes, anesthésistes et infirmiers anesthésistes sont à leurs côtés.
C'est quoi le problème?
"L'ARS, l'agence régionale de santé veut fermer notre maternité. Quand on discute avec ses représentants, ils disent que c'est par manque de sécurité, et que nous n'aurions pas assez de pédiatres urgentistes. Mais ça, c'est le cas partout en France. Nous on compense avec un médecin généraliste et un anesthésiste en pédiatrie. Et surtout nous ne prenons en charge que les grossesses à terme, qui ne présentent a priori pas de difficultés. Et s'il y en avait, on sait gérer".
Un clip et une pétition
Leur pétition en ligne a déjà recueilli plus de 11 000 signatures, sans compter les 6000 sur papier. Il en faudrait combien pour convaincre les autorités ? "L'ARS nous a dit que ça ne servira à rien de toute façon. Alors on a écrit à la ministre de la santé, Agnès Buzin, mais nous n'avons pas de réponse pour l'instant".
Selon vous, les vrais motifs sont ailleurs ?
"En réalité, il n'y a pas de secret, c'est un souci d'argent. Nous avons fait faire les travaux de mise aux normes en 2016. Mais récemment les hôpitaux de Thann, Mulhouse et Altkirch ont été regroupés en un groupement hospitalier régional et pour contrecarrer le déficit énorme, fermer la maternité de Thann, permettrait de combler le trou."
Vos soutiens ?
"Les élus de la vallée, les professionnels de la santé, les mamans, les futures mamans et les papas bien sûr veulent garder cette maternité de proximité et la qualité de l'écoute et des soins que nous apportons aux accouchées.Mulhouse est saturé. C'est un nouveau centre victime de son succès. Là-bas ils prennent aussi en charge les cas difficiles, ils ont donc moins de temps que nous. C’est une autre façon de travailler. Pour les autorités c'est l'argent, pour nous c'est la distance qu'il va falloir parcourir quand on vient du fin fond de la vallée de Thann."
L'avenir vous le voyez comment?
"Si cette maternité ferme, ce sera long pour arriver à l'hôpital de Mulhouse pour ceux qui viennent de Kruth ou Fellering par exemple. Ces femmes ont déjà une trentaine de kilomètres à faire pour venir chez nous à Thann, alors 25 km de plus pour aller à Mulhouse...Et ça c'est la théorie indiquée par le GPS, en réalité cette vallée est souvent très encombrée. Dans les faits les 25 mn pour aller à Mulhouse deviennent en réalité plus d’une heure de trajet.Les femmes qui arrivent à terme l’année prochaine sont inquiètes, les conjoints aussi...ils s’inquiètent de devoir faire l’accouchement de leur femme dans la voiture. Il va falloir les former."