Le syndicat Samu-urgences de France a déposé un préavis de grève pour la journée du 3 juillet 2023 afin d'alerter sur les conditions de travail. À Mulhouse et Colmar, les médecins hospitaliers participeront au mouvement en n'accueillant un nouveau patient que lorsqu'un box se libère.
Le personnel hospitalier est en colère. Tout comme l'intersyndicale Action praticiens hôpital, le syndicat Samu-urgences de France a déposé, au début du mois de juin, un préavis de grève auprès du ministre de la Santé François Braun pour la journée du 3 juillet 2023. À l'hôpital de Mulhouse, les médecins urgentistes ont annoncé qu'ils participeront au mouvement.
Pour faire entendre leurs voix, ils ne veulent plus seulement porter un brassard "en grève". Avec leurs équipes, les médecins urgentistes de Mulhouse mèneront une opération nommée "Zéro brancard dans nos couloirs" pour protester contre la crise qui touche les hôpitaux, bien que l'établissement mulhousien arrive encore à sortir la tête de l'eau. À noter qu'un service minimum obligatoire doit être assuré lors de ce type de mouvement dans les hôpitaux.
"Le mot d'ordre est de porter un symbole fort. Le métier est en déliquescence. Nous ne sommes pas grévistes dans l'âme, mais là, c'est indispensable", confie Marc Noizet, chef des urgences et du Samu 68. L'opération des grévistes a pour objectif d'accueillir un nouveau patient seulement lorsqu'une place se libère. "Il n'y aura pas de surbooking comme tous les jours", ajoute le professionnel de santé.
Chaque médecin effectuera un contrôle en amont de l'accueil des urgences afin d'identifier les besoins vitaux qui nécessiteraient une prise en charge sans délai. "Évidemment, si l'on a un afflux de patients incontrôlable, nous arrêterons notre mouvement", assure-t-il.
Une concertation avec le gouvernement arrêtée
Pour les médecins urgentistes, l'important est de redonner une attractivité au métier. "Le président de la République a dit qu'il répondrait à notre inquiétude en janvier dernier", se rappelle Marc Noizet. "Nous avions entamé un dialogue et une concertation avec le ministère de la Santé qui se sont brutalement interrompus au mois de mai, sans raison apparente".
Pour le moment, il n'y a aucune perspective de reprise des discussions. "Il y a urgence à agir, mais on n'est pas la priorité et cela fait fuir nos jeunes. Beaucoup me disent qu'ils ne veulent plus continuer si ça perdure comme ça. Le gouvernement ne s'est pas posé la question lorsqu'il s'agissait de mettre des milliards pour l'armée", déplore l'urgentiste.
Nous avons une capacité de 60 lits, or une centaine est souvent occupée
Marc Noizet, président du Samu-urgences de France
Le chef des urgences de Mulhouse regrette que la situation se dégrade, sans discontinuer, depuis une quinzaine d'années. "Dans notre service, nous avons une capacité de 60 lits, or une centaine est souvent occupée, grâce à ceux mis à disposition dans les couloirs. Il n'y a plus de journées 'normales'. Je crains que les patients se résignent et retardent leurs soins, cela pourrait entraîner une situation semblable à la pandémie de Covid-19 dans quelques mois", regrette-t-il.
Les urgences de Colmar se mettront aussi en grève ce jour-là, avec une opération similaire visant à démontrer la dégradation "affligeante" de l'offre de soins. Le Samu-urgences de France espère que le dialogue avec le gouvernement reprendra et que des actions concrètes seront prises dès la rentrée prochaine.