Lors d'un point presse, la préfecture haut-marnaise a précisé les conditions du déconfinement à venir à partir du lundi 11 mai. Au programme : tracer et dépister massivement les personnes présentant les symptômes du covid-19 et une reprise progressive de l'école à partir du jeudi 14 mai.
"À partir de la semaine prochaine, j'annonce un retour des conférences de presse en présentiel. Je ne sais pas vous, mais moi ça me fera du bien." La préfète de Haute-Marne, Élodie Degiovanni, annonce la nouvelle avec un certain soulagement, ce mercredi 6 mai. Elle prévient : le retour à la normale sera progressif à partir de lundi 11 mai dans le département, toujours classé rouge, au vu de la situation régionale."À ce jour, tous les départements du Grand Est sont en rouge : c'est une photographie à un instant T, qui donne une information de circulation du virus et les capacités d'accueil des hôpitaux. Ce n'est en aucun cas une note ou une appréciation", précise Damien Réal, représentant de l'ARS (agence régionale de santé) du Grand Est. C'est d'ailleurs ce deuxième indicateur qui place le département en rouge. "On l'examine à l'échelle régionale car les cas les plus lourds ne sont pas forcément pris en charge dans le lieu le plus proche", souligne-t-il.
Mardi 5 mai, 78 personnes étaient hospitalisées dont 11 en réanimation en Haute-Marne.
Tracer malades et personnes contacts
Et le représentant haut-marnais de détailler la stratégie de sortie du confinement d'un point de vue sanitaire en trois axes:- Continuer à appliquer les gestes barrières : il va falloir s'habituer à vivre avec le virus qui circule, car il n'existe toujours pas de traitement ni de vaccin contre le covid-19, et qu'il n'y a toujours pas de statut d'immunité collective.
- Progressivité : il existe un risque de seconde vague de l'épidémie, il n'est pas à écarter. D'où la nécessité de la progressivité du déconfinement à venir.
- Différenciation territoriale : malgré une trame commune, les départements vont pouvoir adapter au cas par cas.
Le respect de ce déconfinement passera par un dépistage des personnes présentant des symptômes du covid-19. Dès qu'un professionnel de santé est alerté, principalement le médecin généraliste, il doit renseigner le cas sur le site de la sécurité sociale. Il choisit alors d'isoler le patient et doit identifier les personnes qui ont été à son contact à moins d'un mètre, sans masque et plus de quinze minutes, durant les dernières 48 heures.
Ensuite, le personnel de l'Assurance maladie contacte ces "personnes contact", prescrit des tests et fournit un arrêt de travail si nécessaire. Soumises au secret médical, elles ne communiqueront l'identité du malade que si celui-ci a explicitement donné son accord. Selon les chiffres de la CPAM, en moyenne, une personne malade aurait 20 contacts qui nécessitent un traçage. En Haute-Marne, une dizaine d'agents sont mobilisés.
Si le malade a été en contact avec un nombre important d'individus (un écolier, un enseignant, un personnel soignant dans un Ehpad…), alors c'est l'ARS qui prend le relais. L'agence décidera ensuite si il y a un cas de foyer de contamination.
De 160 à 170 tests possibles par jour
Selon la préfecture de Haute-Marne, entre 160 et 170 tests seront possibles par jour à partir de la semaine prochaine. Les tests virologiques peuvent arriver dans des laboratoires hospitaliers (Chaumont, Saint Dizier et Langres), des laboratoires privés (à Saint Geosmes, Joinville, Saint-Dizier et Chaumont). Les analyses pourront être effectuées par des cabinets vétérinaires, mais l'interprétation des résultats se fera par le personnel médical qualifié.Une fois que toutes ces structures seront correctement équipées, la préfecture estime que plus de 600 tests par jour pourront être effectués.
Une reprise de l'école à partir du 14 mai
Le retour à l'école se fera également de manière progressive. "Actuellement, nous organisons un recensement du coté des parents et des ressources humaines, indique Élodie Degiovanni. Nous nous orientons vers une pré-rentrée lundi 11 et mardi 12 pour une vraie rentrée le jeudi 14 mai ou à partir du 14 selon les cas. L'objectif est de travailler en coordination et coconstruction." Là encore, la préfète insiste sur le caractère progressif et au cas par cas des réouvertures des écoles du département.Et la représentante de l'Etat d'abonder : "L'intérêt de la pré-rentrée, c'est de tester in vivo les éléments qu'on aura conçus. L'objectif est d'être au plus stable le 14 mai." Alors que certains maires affirment que la réouverture ne sera pas possible, la Haut-Marnaise indique que "s"il y a des impossibilités matérielles, on assumera collectivement. Il est possible que certains maires aient raison et qu'on n'y arrive pas (…) Tant qu'on n'a pas trouvé des mesures sécurisantes, l'école ne rouvrira pas."