Général de Gaulle : trois vieilles Citroën DS vont rallier l'Elysée depuis la Haute-Marne, "pour que l'on n'oublie pas ce département"

Un trajet automobile d'envergure se prépare entre Colombey-les-Deux-Églises (Haute-Marne), et le palais de l'Élysée, à Paris. Il se fera à bord de trois Citroën DS, les mêmes que celles du Général de Gaulle.

La cour d'honneur du palais de l'Élysée a l'habitude de recevoir de belles voitures. Mais trois véhicules de choix y feront bientôt leur entrée, des véhicules qu'on n'avait plus vus à cet endroit depuis les années 60...

Nous parlons ici de trois authentiques Citroën DS. Des voitures de collection, contemporaines de la présidence de l'illustre Charles de Gaulle. C'est à bord d'un véhicule du même modèle qu'il est pris un jour pour cible lors de l'attentat du Petit-Clamart, en 1962. L'émotion considérable qui en résulte lui permet de faire passer par référendum l'élection au suffrage universel du président de la République (jusqu'alors élu par le Parlement). 

Le dimanche 15 octobre 2023, il est prévu que ces trois DS partent de la Boisserie, le domaine du Général de Gaulle situé à Colombey-les-Deux-Églises (Haute-Marne). Après une halte à la croix de Lorraine géante surplombant le mémorial De Gaulle, les voitures anciennes rallieront l'Élysée (voir la carte ci-dessous).

L'initiative est menée par neuf camarades du Rotary Club de Chaumont (Haute-Marne), l'un des plus célèbres clubs-services. La devise de cette formation internationale à vocation caritative est Servir : son objectif "est d'apporter un service à des gens qui peuvent en avoir besoin". L'un des membres, Patrick Corroy, raconte le pourquoi du comment à France 3 Champagne-Ardenne.

Un trajet historique

"On est quelques uns à s'être grattés la tête pour faire un petit quelque chose pour rappeler que notre Haute-Marne existe un peu. On s'est dit qu'on allait s'appuyer sur ce clin d'oeil : le Général de Gaulle avait l'habitude de faire le parcours quasiment tous les week-ends. On va le faire aussi." Après ce "petit tour", les trois véhicules seront "reçus dans la cour du palais de l'Élysée. On n'est pas reçu par le président de la République, évidemment."

Le Rotary de Chaumont, à 20 kilomètres de là, s'entend bien avec les propriétaires de la Boisserie. Il paraissait donc naturel de partir de là. "Ce n'est pas compliqué pour des gens de Haute-Marne. Et le mémorial, c'est un peu celui de tous les Français." Quant à la destination, elle peut sembler être une initiative audacieuse, mais pas si complexe que ça. En réalité, "un de nos membres a pris des contacts. On est autorité à accéder avec les voitures à la cour de l'Élysée, pouvoir prendre quelques photos, et voilà. On n'ira pas à l'intérieur. Ce n'est pas vraiment une difficulté. Lors d'une manifestation de voitures anciennes, j'avais déjà pu accéder à cette cour. Si on prévient avant, qu'on a communiqué sa pièce d'identité, qu'il n'y a pas d'activité officielle particulière... c'est tout à fait possible."

On est autorité à accéder avec les voitures à la cour de l'Élysée, pouvoir prendre quelques photos, et voilà. On n'ira pas à l'intérieur.

Patrick Corroy

Trouver les voitures a été plutôt aisé. Patrick Corroy a la passion des véhicules anciens et en possède plusieurs (mais pas de DS), et trois de ses amis et confrères du Rotary également (qui eux ont ces trois DS au garage). "Ce sont des voitures de collection, donc elles ont accès à Paris" sans vignette Crit'air.

Un département qui gagne à être connu

"Ce qu'on veut faire, c'est un petit clin d'oeil. C'est aussi l'occas' de faire rouler ces vieilles bagnoles, de s'occuper un dimanche..." Mais aussi et surtout qu'on parle de la Haute-Marne. "On est des représentants, on rappelle que ce département existe alors que tout le monde l'ignore. Quand je pars en vacances, et que je dis où j'habite, on nous assimile un peu à la Marne, et donc à Reims. Souvent, les gens ne savent même pas où on est. Si on parle de Colombey-les-Deux-Églises : ça fait tilt, les gens en ont entendu parler. Mais pour arriver à la situer sur la carte..."

"C'est effectivement un département à faible potentiel économique. Il est très faiblement peuplé. Mais il est extrêmement boisé, agréable à vivre. Il a l'avantage de ses inconvénients : c'est un grand bonheur pour trouver un havre de paix, les valeurs de l'immobilier sont extrêmement basses. Alors si vous partez dans le Jura ou sur la Côte d'Azur, prenez donc l'A5 plutôt que l'A6, et venez faire une étape chez nous. Vous découvrirez peut-être quelque chose qui vous est inconnu, et qui sera peut-être agréable."

Et quelle découverte ce sera. Le département est très riche historiquement parlant, même sans compter l'héritage de De Gaulle. Patrick Corroy cite, entre autres, Chaumont, "petite ville agréable, proprette, sans industrie, où on circule sans difficulté. Et son viaduc : des gens s'arrêtent et le regardent comme on regarde le pont du Gard. En réalité, il a été construit au XIXe siècle pour faire passer les trains, à cause d'une vallée très profonde mais courte." Un monument si "remarquable" qu'un artiste l'a imaginé après l'Apocalypse.

"Nous sommes en Champagne dite pouilleuse [ou crayeuse; ndlr]. Il y a des vignes de champagne, avec l'appellation. On a aussi les grands lacs au nord de la Haute-Marne : le lac du Der sert à réguler le flux d'eau de la Seine pour éviter d'inonder Paris. C'est le plus grand lac artificiel d'Europe. On a aussi le Parc national de forêts. En cette saison, c'est un vrai bonheur de s'y balader : on a toutes les chances d'y rencontrer des chevreuils." Et pourquoi pas les murailles de Langres, (autrefois?) plus froide ville de France.

Le choix du 15 octobre s'est fait ainsi car la date "nous convenait" : il n'y a pas de symbolique particulière derrière. Mais hasard de calendrier : deux Citroën DS ayant appartenu au couple De Gaulle sont vendues par la maison d'enchères Aguttes à Sochaux (Doubs). Si jamais l'envie vous prend de reproduire leur voyage et de vous garer devant l'Élysée... 

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