Covid 19 : comment la Maison de Courcelles, en Haute-Marne va organiser ses colonies de vacances de la Toussaint ?

Cet automne, les enfants vont pouvoir profiter des nombreuses richesses de la Haute-Marne en colonies de vacances. Toutefois, le directeur de la Maison de Courcelles, à Saint-Loup-sur-Aujon, s'inquiète depuis que le département est passé en zone rouge.
 

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Pour cet automne, la Maison de Courcelles, à Saint-Loup-sur-Aujon en Haute-Marne, organise deux sejours d'une semaine, toute en restant sur le protocole sanitaire mis en place cet été. Toutefois, le directeur de la Maison de Courcelles, à Saint-Loup-sur-Aujon, est préoccuppé depuis que le département est passé en zone rouge. Il espère qu'aucune annulation préfectorale, ne sera annoncée sinon sa structure ne se relèverait pas.

Ces séjours, dédiés aux 4-12 ans, accueillent beaucoup d'enfants parisiens. Seulement, le fait que la Haute-Marne soit passée au rouge, inquiète Louis Létoré, le directeur de la Maison de Courcelles, à Saint-Loup-sur-Aujon. Il se demande si les réservations seront impactées. 

" Pour l'instant, les familles continuent à nous appeler et les reservations semblent correspondre à celles de l'année dernière, mais nous avançons sans savoir, car aucune annonce n'a été faite pour savoir si les séjours seraient maintenus ou pas, en cas de vague plus importante. Nous suivons les annonces médiatiques qui sont loin d'être rassurantes" avoue le directeur Louis Létoré.

Le directeur prépare avec la SNCF, un dispositif de co-voyage à partir de Gare de l'Est. La circulation active du virus lui fait craindre de devoir envisager des mesures supplémentaires. " Nous fournirons les masques aux enfants de 11 et 12 ans, durant tout le séjour, et ce, dès le départ en gare" rassure Louis Létoré qui travaille avec une structure d'insertion " Le Vestiaire fil en solidarité, à Chaumont" lien qui leur livre des masques.
 

La fidélité des parents

Un courrier a été envoyé aux parents pour annoncer le protocole mis en place. Des encadrants supplémentaires seront là pour rassurer les parents par rapport à l'annonce de cette seconde vague. Aujourd'hui, la structure travaille à perte. Elle résiste pour ne pas abandonner ces familles qui viennent ici. La reussite de ce lieu est dûe à la fidélité des parents car cette structure bénéficie de trés peu d'aides, c'est une association. Ici le maître mot c'est la pédagogie de la liberté, inspirée des travaux de Maria Montessori. Sa pensée : seul l’enfant sait ce qui est bon pour lui. La Maison de Courcelles se démarque en s’organisant pour que les enfants décident de leurs vacances.

Elle implique énormément les salariés,  parents et animateurs. C'est le bouche-à-oreille qui fonctionne. La plupart des enfants viennent de la région parisienne. Si une restriction kilométrique devait être annoncée, du fait de l'augmentation de cas de personnes atteintes de la covid-19, ou parce que la Haute-Marne est dans le rouge, cela mettrait en péril des emplois dans cette région rurale.
 

Les classes découvertes à l'arrêt

Depuis plus de 30 ans, la Maison de Courcelles accueille, dans cette vaste propriété du 19ème siècle, des colonies de vacances, des classes découvertes, des artistes en résidence. La structure a déjà dûe annuler "ses classes rousses", autrement dit, les classes découvertes de l'automne. Les dernières remontent au mois de février, juste avant le confinement.

D'habitude, La Maison de Courcelles accueille 80 classes découvertes. Pour 2020, elle n'aura accueilli que 5 classes, celles qui précédaient le confinement. Louis Létoré a déjà reçu une annulation de la circonscription de Saint-Dizier, pour les classes découvertes de février 2021. Le Directeur a organisé dans ses locaux, le 13 septembre, le Festival du Cirque. Il en a profité pour solliciter l'aide des élus présents, pour qu'une annonce soit faite pour venir en aide aux structures, dont les classes découvertes n'ont pas pu reprendre. Le directeur souhaite un discours clair comme celui qui avait mené pour les "classes apprenantes".

L'Etat doit promouvoir ces classes découvertes, selon lui, car là, ces décisions sont confiés aux établissements et les enseignants ne peuvent pas prendre cette responsabilté compte-enu de la situation, reconnaît le directeur. "Durant, notre festival, j'ai demandé l'attaché parlementaire du sénateur de la Haute-Marne, Charles Guéné, et au député de Chaumont, Sylvain Templier de plaider notre cause ". "Si à la Toussaint, nous étions contraints de fermer, notre structure ne pourraient pas s'en remettre" confie le directeur.
 

La Maison travaille à perte. Pour conserver sa dynamique, des journées découvertes ont été mises en place, au lieu des séjours d'une semaine.
"Les classes viennent à la journée, mais pour nous, c'est beaucoup moins rentable qu'une semaine entière de restauration, nuitées comprises".
La structure s'est adaptée à la situation sanitaire et a souhaité garder une dynamique autour de ses classes découvertes.

Actuellement ces journées découvertes ne s'adressent qu'aux établissements des alentours. La structure a pour habitude d'accueillir des enfants de tout le Grand Est, de l'Ile-de-France et de Paris. Pour une journée, le temps de parcours est pris en compte donc forcément, les demandes sont plus faibles.
" Nous avons besoin, dans notre accueil " classes découvertes" et de s'inscrire en rupture avec l'Éducation nationale pour que les enfants puissent vraiment vivre un temps de découverte, différent des temps d'apprentissages classiques enseignés le reste de l'année"complète le responsable de la structure.

Et c'est dans cet esprit, que ces classes découvertes, sont organisés toute l'année. A cela s'ajoute le risque d'emplois menacés avec l'arrêt ou la diminution de ces classes craint le directeur.


Une économie rurale fragilisée

Le village compte 130 habitants et 23 d'entre eux travaillent à la Maison de Courcelles. Louis Létroré s'inquiète aussi des emplois indirects,car la fermeture des classes découvertes impacte aussi les intervenants de la région. Dans ce territoire rural, l'association est désormais le plus gros employeur qui emploie actuellement le plus de salariés en milieu rural. Elle a établi des coopérations avec la communauté de communes comme avec les agriculteurs locaux. Elle a également aussi en place un chantier d'insertion.

Il y a Adrien, le boulanger bio, qui fait du pain, sur place, pour l'association et aussi tout le territoire. Avec l'annulation des classes découvertes, il a subi de fouet une perte. Il y a Cécile, l'apicultrice, qui s'occupe du rucher installée sur place. Baptiste, le maraîcher, est à mi-temps et s'occupe du verger et du potager pédagogique. Ce projet est d'ailleurs soutenu par la région Grand Est. Son objectif : l'auto suffisance alimentaire en favorisant une alimentation saine et durable ou encore renforcer la création de circuits-courts bénéfiques à l’économie locale. Samuel Stolartz, lui, est formateur et anime différents ateliers."La transmission est importante et si on arrive à rémunérer ses professionnels, ils peuvent s'investir et l'objectif, c'est d'avoir de plus en plus de partenaires" rappelle Louis Létoré. 


Nous espérons des aides de l'Etat, mais nous nous ne rentrons dans aucune aide, car les éducations dites populaires ne rentrent dans aucune case.
" Nous avons pu, pendant le confinement, obtenir le chômage partiel, mais aucune exonération de charges " précise-t-il. Le directeur vient tout juste de régler, les reports d'échéance et la trésorerie est presque vide. Un rendez-vous chez leur banquier est prévu pour pouvoir bénéficier d'un emprunt.
 

Pour le directeur, c'est encore alourdir la note et avancer, avec une épée de Damoclès, au-dessus de la tête de la Maison de Courcelles. Pas question pour lui d'augmenter le prix des séjours. Louis Létoré ne perd pas espoir, car il sait qu'il n'est pas le seul dans cette situation. Il suit attentivement ce qu'il se passe en Savoie, où une structure bien plus grande que la sienne, a demandé le soutien de leur députée, Emilie Bonnivard. L'élue a envoyé un courrier au Ministre de l'Éducation nationale, Jean-Michel Blanquer.

Louis Létoré espère, que les élus de la Haute-Marne, qu'il a sollicité, vont plaider leurs causes. Faire en sorte, que la vie normale reprenne vraiment partout, et que les enfants puissent de nouveau revenir pour des séjours " classes vertes" au printemps 2021. 


 
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