Le patrimoine est au cœur des préoccupations à Joinville en Haute-Marne. Depuis l’été 2017, la mairie organise des chantiers participatifs pour remettre en état les maisons à pans de bois du centre bourg, laissées pour certaines à l’abandon.
En bas de l’échafaudage, à la préparation du béton de chanvre, Bernard 70 ans, effectue ses mélanges avec attention. Ancien artisan en maçonnerie, et habitant de Joinville en haute-Marne, il connaît très bien ces matériaux d’époque qu’il a souvent utilisés sur des chantiers avant, comme après sa retraite. Attentif, il surveille le taux d’humidité du béton. S’il est trop sec, ou trop liquide, il sera difficile à étaler. Et le coffrage entre les pans de bois, prendra donc plus de temps.
Les seaux défilent devant ses yeux, direction le haut de l’échafaudage, le haut de la façade, où six autres bénévoles les attendent platoirs à la main. Casquette ou coiffes improvisées vissées sur la tête pour se protéger des particules et de la poussière de béton de chanvre particulièrement volatile, ils étalent la mixture et écoutent avec attention les conseils de l’ancien maçon.
Beaucoup d’entre eux avaient déjà participé aux chantiers solidaires organisés par la ville de Joinville depuis 2017. Certains ont donc la technique, d’autres la découvrent. Tous ont avant tout envie de redonner une seconde jeunesse aux maisons à pans de bois de la rue des Marmouzets.
Bernard : "Joinville, il y a 50 ans, c’était autre chose ! "
"Joinville, c’est là où je suis né, j’ai mes racines et puis bon voir tous les bâtiments partir comme ça à la dérive, ça m’irrite. C’est important de prendre soin de notre patrimoine, c’est la seule chose qui nous reste ici, on n’a plus d’industrie, on n’a plus rien. C’est dommage ! Vous auriez connu Joinville il y a 50 ans, c’était autre chose. Par exemple, la rue de la fontaine ne comptait que des boutiques. Aujourd’hui tout est fermé et ça me rend malade. Donc je fais quelque chose pour ma ville", confie Bernard.En haut de l’échafaudage à la direction des opérations, Anthony Koenig, urbaniste à la ville de Joinville, met la main à pâte. Lorsqu’il lancé l’idée des chantiers participatifs il y a deux ans, il était sûr que les habitants de Joinville se mobiliseraient.
Une quarantaine de maisons à retaper
"On a d’excellents retours de la population et des touristes qui ont plus envie de déambuler dans la ville parce que les façades sont belles et mises en valeur et aussi parce qu’elles ne sont pas seulement rénovées et mise en propreté, mais révélées en fait. Ils redécouvrent leur patrimoine", explique Anthony Koenig.Depuis le lancement de ces chantiers participatifs, huit façades de maison à pans de bois ont été rénovées de façon bénévole à Joinville. Il en resterait une quarantaine à remettre en état. Toutes n’appartiennent pas à la ville, il faut donc parfois négocier avec les propriétaires pour mettre en place ces reconstructions de façades, qui se laissent de façon générale plutôt facilement convaincre.
Le patrimoine est devenu une problématique importante prise à bras-le-corps ces dernières années par la municipalité de Joinville suite aux nombreux pillages qui ont eu lieu dans les années 80. Des propriétaires privés ont racheté à des prix défiants toute concurrence des bâtisses d'exception pour le vider de leurs cheminées, moulures et parquets anciens très prisés à l'époque. Avant de laisser les maisons à l'abandon. Alors pour éviter l'effondrement de ces habitations et d'une part de l'histoire de la ville, la mairie a investi dans la reconstruction de certaines d'entre elles, avec l'aide de l'état.