Au procès des steaks contaminés, les ex-gérants de SEB nient leur responsabilité

Leurs présumés manquements aux obligations sanitaires avaient provoqué des maladies graves chez les personnes ayant mangé des steaks hachés livrés à Lidl, en 2011. Mais les deux responsables du fournisseur SEB ont contesté leur responsabilité devant le tribunal correctionnel de Douai.

D'emblée, la présence en fauteuil roulant de Nolan, 7 ans, touché à deux ans par des lésions neurologiques ayant limité grandement sa motricité et ses capacités intellectuelles, a donné une tonalité grave au procès. Ses légers râles ont ponctué la première journée d'audience ce mardi.

L’un des enjeux du procès consistera à déterminer la responsabilité des deux dirigeants de l’entreprise bragarde SEB. Ce mardi, tous deux ont minimisé leur responsabilité. "Si on avait su qu'il y avait de l'E.coli0157H7, on n'aurait pas mis les steaks sur le marché", a assuré Guy Lamorlette, 76 ans, l'ex-gérant de Seb.

"Il faut s'imaginer ce que c'est, un camion avec 800 blocs de viande. S'il y en a 20 de contaminés, comment les trouver?" a fait valoir Laurent Appéré, 46 ans, le responsable qualité de la société. "Là le camion devait repartir en production, sinon on fermait l'usine. Donc on analyse toujours de façon aléatoire."

"Par contrainte de temps, parfois, vous ne faites pas les contrôles et hop, vous faites passer la marchandise quand même?" demande un avocat des parties civiles. "Oui", lâche Laurent Appéré, à la consternation de l'assistance.

"Le risque zéro n'existe pas"

"On parle de la possible mort d'un être humain, vous ne trouvez pas qu'il y a un fossé avec votre explication sur les camions?" demande cependant la présidente, agacée, à Laurent Appéré. "Le risque zéro n'existe pas malheureusement", rétorque-t-il. "Il y a déjà eu, par le passé, des rappels de steaks mis sur le marché, ce sont des choses qui arrivent..."

Guy Lamorlette et Laurent Appéré sont poursuivis pour "blessures involontaires par violation manifestement délibérée d'une obligation de sécurité".

La contrainte économique, selon laquelle l'entreprise était dépendante à entre 50 et 70% des commandes de Lidl pourrait aussi faire des débats le procès de la filière bovine et de la grande distribution.

"Mon fils sera handicapé lourd toute sa vie"


Les parties civiles sont auditionnées ce mercredi, à commencer par les parents.
Priscilla, la mère du petit Nolan, a exprimé la culpabilité qui l'a rongée : "On lui donne à manger, on n'imagine pas que ce steak haché pourrait mettre sa vie en danger. J'ai culpabilisé en me disant que c'était ma faute, parce que j'ai nourri mon fils".

"Mon fils sera handicapé lourd toute sa vie, par cette négligence" consistant à penser que "ces viandes remplies de bactéries (...), peut-être ça fera quelque chose, peut-être rien", a-t-elle dit.  Les parents ont décrit tour à tour, à la barre, le supplice de leur enfant aux premiers jours de leur maladie.

Après quoi Guy Lamorlette, 76 ans, l'ex-PDG de SEB poursuivi, a répondu, interrogé par la présidente: "On ne peut rien ajouter à ça. C'est vrai que c'est dramatique. Mais qu'ils pensent qu'on a fait ça volontairement, non". Le dirigeant a repris ensuite son argumentaire pointilleux sur certains détails techniques de l'affaire, ses circonvolutions étudiées trahissant sa conviction d'être innocent.

Le réquisitoire aura lieu jeudi matin, avant les plaidoiries de la défense. Les deux Haut-Marnais encourent jusqu'à quatre ans de prison ferme.

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