Nous sommes en novembre 1918. Le mois de tous les possibles : l’Europe est en ébullition, sur une bascule instable. La guerre se termine et les penseurs, nationalistes, révolutionnaires, démocrates tentent d’infléchir le destin de leur pays. Le château du Haut-Koenigsbourg se dresse fièrement au-dessus de la plaine d’Alsace. Restauré par la volonté de Guillaume II au tout début du XXe siècle, il est le symbole d’un empire germanique fort. Mais ce mois de novembre va voir cet empire s’effondrer, son empereur abdiquer, et la révolution soviétique tenter l’Allemagne et l’Alsace.
Quand l’Alsace Lorraine tombe dans le giron allemand après la guerre de 1870, Guillaume II de Hohenzollern veut faire du château du haut Koenigsbourg, offert par la ville de Sélestat, et abandonné depuis la fin du XVIIe siècle, un symbole de la puissance allemande. Mais ses ambitions de grandeur se heurtent à la réalité de la guerre.
Fin octobre 1918, c’est l’ordre donné à la marine d’une ultime bataille navale qui met le feu aux poudres. Les marins allemands, qui ne veulent pas être les derniers morts de la grande guerre refusent d’appareiller, des mutineries éclatent à Kiel.
Des manifestations de soutien s’organisent un peu partout en Allemagne et jusqu’à Berlin. Le 9 novembre, des cortèges d’ouvriers envahissent les rues et s’emparent des bâtiments publics ; Les soldats fraternisent avec les insurgés. Ce même jour, Guillaume II doit abdiquer alors qu’il se trouve dans son quartier général à Spa en Belgique. En quelques heures, la monarchie s’écroule. La république est proclamée deux fois ce jour-là : une république socialiste et une autre révolutionnaire.
Durant plusieurs mois, l’Allemagne sera tentée par l’aventure révolutionnaire mais finalement en 1919, les sociaux-démocrates aidés par l’armée écrasent la révolution. Une révolution qui quelques jours durant aura touché l’Alsace et plus particulièrement Strasbourg.