REPLAY. Le loup, le moustique tigre et le cheval ardennais: trois raisons de (re)voir le magazine "Drôles de bêtes"

Le magazine de reportage "Enquêtes de Région" s'intéresse aux "Drôles de bêtes" de la région Grand Est : au retour du loup, à la prolifération du moustique tigre et à la renaissance du cheval ardennais. Voici trois raisons de (re)voir l'émission.

Le loup qui revient, le moustique tigre qui s'installe et le cheval ardennais qui n'est pas prêt de disparaître : voici au moins trois raisons pour lesquelles il faut regarder notre  Enquêtes de Région spécial "Drôles de bêtes", à voir ou à revoir  en replay.

1- Parce que le loup est de retour dans les Vosges

C’est un fait, le loup est de retour dans les Vosges. Sa présence a été confirmée pour la première fois en 2011 dans le massif. Face à la présence d’un animal implanté aussi bien en plaine qu’en montagne, notre Enquêtes de Région pose la question de sa cohabitation avec les éleveurs locaux. Le sujet est délicat: le loup est une espèce protégée par la convention de Berne, mais il traumatise les éleveurs par ses attaques. Alors comment concilier la conservation de l’animal et la préservation des troupeaux (et donc des éleveurs) ?

C’est la question que se posent les services de l’Etat. Pour la première fois le 25 mars 2020, les éleveurs ont été réunis aux Val-d’Ajol par le préfet des Vosges. Le but : parler du loup et tenter d’appréhender l’avenir. Depuis 2011, la Bresse est répertoriée comme une "zone de présence permanente du loup" ce qui signifie que les éleveurs sont indemnisés en cas d’attaque à la condition d’avoir mis en place des mesures de protection de leurs cheptels. Même si le loup est protégé par la convention de Berne, la préfecture peut autoriser des tirs de défense lorsque les attaques se multiplient à outrance. Beaucoup d’éleveurs accueillent plutôt favorablement l’abattage des loups trop agressifs. Ils éprouvent des difficultés à faire leur travail mais souffrent aussi de traumatismes causés par les éliminations sanglantes des bêtes de leurs troupeaux. L’éleveur Jean-Yves Poirot le résume ainsi: " Nous ce qu’on veut c’est zéro prédation, on veut dormir tranquille, on veut pouvoir faire de l’élevage de nos animaux de la façon la plus paisible possible."

Parmi les défenseurs du mammifère, Pierre-Emmanuel Bastien, président du groupe d’étude des mammifères de Lorraine, pour qui la défense du loup n'exclut pas les éleveurs: « Nous ne sommes pas anti-éleveurs, loin de là, on comprend. Je suis allé dernièrement voir six brebis tuées, honnêtement, comme on dit vulgairement, ça fout les boules ». Ce groupe d'étude prône la cohabitation entre les agriculteurs et le prédateur, en insistant sur la question de la protection des troupeaux comme l'explique Jean-Claude Odille, de l'association Férus Lorraine: " D'une manière générale notre association est contre tout type de tirs sur les loups et surtout quand on n'a pas mis aujourd'hui tous les moyens, scientifiques, techniques, pour trouver une solution de cohabitation pérenne."

Il existe aussi des éleveurs favorables à une cohabitation avec le loup. C’est le cas de Franck Müller, président de l’association Encore éleveurs demain, qui travaille en étroite collaboration avec Sébastien Lartique, chargé de mission "Loup-faune Meuse nature environnement". Ensemble, ils travaillent sur les mesures de dissuasion qui permettraient de protéger les troupeaux. L’un apporte son point de vue d’éleveur, l’autre son point de vue de défenseur de l’environnement. Un travail complexe qui demande de l’ingéniosité puisque le loup est un animal très intelligent qui sait déjouer les protections.

2- Parce que le moustique tigre s'est installé durablement

S’il y a une drôle de bête qui nous embête, c’est bien le moustique tigre. Particulièrement invasive, cette espèce venue des forêts tropicales d’Asie du Sud-Est est présente dans 64 départements français. Le petit nuisible fait de gros dégâts puisqu’il est vecteur de maladies telles que la dengue, le zika ou le chikungunya. Dans la région, il est repéré pour la première fois en 2014 à Schiltigheim. Il n’est pas question de le laisser s’installer durablement, alors une opération de la dernière chance est mise en place dès 2015. Les démoustiqueurs s’attellent donc au traitement des espaces publics… mais l’opération est un échec. Le moustique tigre est un coriace qui adore l’eau stagnante et qui a survécu dans les jardins des particuliers où le traitement n’a pas été vaporisé. Une prise de conscience s’effectue alors: la lutte contre le moustique tigre est l’affaire de tous.

Tout d’abord, il y a les collectivités. A l’arrivée du moustique tigre, elles ont tâtonné puis elles ont fini par prendre la question en main: «  Il y avait un travail à faire avec tous les syndics, les bailleurs sociaux, tous les propriétaires d’immeubles à toits plats, explique Jean-Marie Vogt, adjoint EELV en charge du cadre de vie à Schiltigheim.  A bien surveiller leur toit parce que généralement, sur les toits plats, on a des soucis d’écoulement, les écoulements sont souvent un petit peu bouchés et ça ne draine pas assez. On pourrait imaginer aussi que ces toits soient végétalisés […]. La végétalisation permettrait de drainer l’eau et de ne pas avoir d’eau stagnante en surface. C’est une bonne formule. »

Parmi les acteurs du combat contre l’ Aedes albopictus, il existe aussi une brigade verte dans le Haut-Rhin et le syndicat de lutte contre le moustique dans le Bas-Rhin. Ces deux entités ont été missionnées par l’ARS (Agence régionale de santé) pour sensibiliser et informer les collectivités et surtout le grand public, qui a lui aussi un rôle crucial à jouer. Leurs agents font du porte à porte pour aller à la chasse au moustique tigre et rencontrer les citoyens dans le but de leur apprendre à reconnaitre les nichoirs et à supprimer les points d’eau stagnante. Au-delà de la prévention, le syndicat de lutte contre le moustique du Bas-Rhin expérimente aussi des solutions pour tenter d’éradiquer le moustique, il pose des pièges pondoirs et effectue des relevés. Les œufs qu’il récupère sont envoyés et analysés à l’ Institut de parasitologie de Strasbourg.

C’est donc là qu’entre en jeu un nouvel acteur de la lutte : le monde scientifique. Les chercheurs ont eux aussi une place très importante dans le processus. C’est le cas à l’insectarium de Strasbourg où les scientifiques étudient cinq espèces de moustiques, dont l’ Aedes albopictus. Comme cela a déjà été expérimenté sur les ravageurs de culture ou la mouche tsé-tsé, ils tentent de mettre en place un sexage des moustiques. Déterminer le sexe à l’aide d’un marqueur fluorescent leur permet d’identifier les mâles et de les rendre stériles par modification génétique. Eric Marois, chargé de recherches Inserm, nous explique le raisonnement: «On va relâcher des mâles stériles, qui vont féconder des femelles dans la nature et la descendance ne va pas se développer. Donc toutes ces femelles qui auront été fécondées par des mâles stériles sont en quelque sorte gaspillées du point de vue du moustique. Et ça va aboutir à une diminution de la population.»

Un dernier acteur pourrait aider à lutter contre le tigre, plus étonnant celui-là. Il s’agit des oiseaux et en particuliers, les hirondelles. Ces dernières sont particulièrement friandes de l’ Aedes albopictus. Il est donc envisagé de réintroduire et d’accentuer la présence en ville de ces volatiles.

Aucune loi n’oblige les collectivités ou les particuliers à prendre des mesures de prévention. Des solutions pour lutter efficacement contre le moustique tigre sont en cours d’expérimentation mais il faudra encore attendre pour qu’elles soient effectives. Pour l'heure, il faut apprendre à vivre avec ce nuisible et agir collectivement pour freiner sa prolifération.

3- Parce que le cheval ardennais renaît de ses cendres

Bonne nouvelle, le cheval ardennais est de retour. Cette race qui a bien failli disparaître à l'arrivée de la mécanisation refait surface depuis quelques années. Le cheval ardennais, c'est quoi ? C'est un cheval de trait utilisé pendant des siècles pour les travaux des champs et de l'attelage. Il s'agit d'une race rustique fruit de nombreux croisements et d'une sélection rigoureuse. " Il doit être assez court, près du sol, les membres assez larges, détaille Laurent Houssiaux, éleveur,  les articulations bien marquées, pour la puissance, pour la traction." Le cheval ardennais est la plus vieille race de trait d'Europe, rien de moins. 

A travers cet  Enquêtes de Régions, nous suivons notamment Georges Villeval, un amoureux du cheval ardennais. Le cocher-charetier s’est employé pendant dix ans à mettre en place un projet qui lui tenait à cœur : effectuer le ramassage du tri sélectif avec ses équidés dans un quartier de Charleville-Mézières. A l’aide d’une hippomobile, tractée par deux chevaux ardennais, Georges Villeval et son fils s’attèlent à la collecte des ordures deux fois par semaine. Une belle manière de réintroduire le cheval en ville. Et selon Georges Villeval, les avantages écologiques à cette démarche sont réels: "Quand vous faites tourner un cheval il n’y a pas d’émission carbone, c’est une énergie 100% renouvelable, le cheval se renouvelle tout seul."

Vous l’avez compris, des raisons principalement écologiques sont à l’origine du nouvel intérêt qui s’éveille autour du cheval ardennais. L’équidé présente beaucoup d’avantages en termes de préservation de l’environnement. S’il réinvestit progressivement la ville, il est aussi de retour dans les vignes. En effet, le labour dans les vignobles est nettement moins destructeur quand il est effectué par un cheval plutôt que par un tracteur. La demande est grande à travers toute la France pour acquérir un cheval ardennais prêt à travailler. Malheureusement, il n’existe pas véritablement de filière d’élevage, et de débourrage de ces animaux.

Si l’ardennais est de retour pour des raisons environnementales, il est aussi de retour pour des raisons patrimoniales. Le trait ardennais fait partie du patrimoine, son histoire est intimement liée à celle des Ardennes. A l’ancien relais de Poste de Launois-sur-Vence datant de 1654, la race réputée robuste était utilisée par les attelages de l’axe routier Paris-Sedan. Des milliers de chevaux de commerçants ou de voyageurs se sont succédé dans la grande halle de déchargement. C’est donc pour sauvegarder la race et faire revivre le patrimoine que Jocelyne Salles et son association Les Sabots du Relais ont permis aux chevaux ardennais de réinvestir les écuries du relais de Launois-sur-Vence.

Ici aussi, les demandes affluent pour acquérir des chevaux ardennais prêts à travailler, au point que leur prix peut atteindre 6.000 euros. Dans une optique de préservation de la race, l'association Les Sabots du relais travaille avec un étalonnier qui assure la reproduction des chevaux dans le respect des caractéristiques ardennaises. Lorsqu'un poulain naît de ces accouplements, il est pris en charge par l'éleveuse du relais, Stéphanie Bosserelle, qui l'éduque comme un cheval de trait avant d'être envoyé auprès de ses propriétaires pour effectuer diverses tâches comme de l'entretien de rosiers, du maraîchage, de l'attelage...

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