À quelques jours d’une nouvelle grande mobilisation nationale, prévue lundi 18 novembre, les syndicats d’agriculteurs se mettent en ordre de marche. "Les feux de la colère", c’est le plan de cet "acte 2". Un peu partout en Lorraine, les agriculteurs prévoient d'allumer des feux, pour tenter de se faire entendre auprès de l’opinion publique et du gouvernement.
Après une première mobilisation générale des agriculteurs fin 2023, mettant à l'arrêt tout le pays, bloquant ses axes autoroutiers, un nouvel appel national a été lancé par tous les syndicats du monde agricole. Depuis le premier épisode de la gronde des agriculteurs qui a duré plusieurs mois, après des mesures et des annonces faites par le gouvernement de l’époque, une dissolution de l'Assemblée nationale réduisant à néant les avancées, le monde agricole recommence presque à zéro sa lutte de protection de l’agriculture française. Les syndicats appellent à une journée de mobilisation lundi 18 novembre, jour 1 de "l'acte 2" promis par les agriculteurs.
"Des feux de la colère" allumés dans la région
Les images des routes bloquées avaient fait sensation en 2023. Cette fois, ça sera avec le feu que les agriculteurs vont tenter de se faire entendre : "On va faire quelque chose d’imagé. Ce seront les feux de la colère" explique Nicolas Lallemand, co-président du syndicat des Jeunes agriculteurs des Vosges. "On va symboliser la mort de l’agriculture française avec des cercueils, avec des processions devant les préfectures et sous-préfectures du département". Épinal, Saint-Dié et Neufchâteau sont donc visés. Fabrice Couturier, président FDSEA Grand Est et Moselle, embraye : "On va allumer des feux bien visibles, pour se faire entendre. L’action sera coordonnée dans tout le pays".
On va symboliser la mort de l’agriculture française avec des cercueils, avec des processions devant les préfectures et sous-préfectures
Nicolas Lallemand, co-président des Jeunes agriculteurs des Vosges
Cette grogne s'explique pour de nombreuses raisons. La non-réponse du gouvernement quant aux difficultés des agriculteurs, après deux années difficiles, marquées par les aléas climatiques, les mauvaises récoltes ou encore les épizooties (NDLR : les maladies qui touchent les élevages), les difficultés s’accumulent, quand leur trésorerie s’épuise. Tout ça en plus d’une potentielle signature de l’accord de libre-échange par l’Union européenne avec le Mercosur qui permettrait d’importer de certains pays d’Amérique du Sud de la viande sans droit de douane ou presque.
Une profession en grand danger
Du côté de la Confédération paysanne de Meurthe-et-Moselle, des actions sont aussi prévues. Mais son président, Raphaël Chenot prévient : "Notre mode d'action est non-violent, vous ne verrez pas nos tracteurs défiler ou du fumier devant les préfectures. C'est plus symbolique, plus pacifique. On fonctionne par effet de surprise, en occupant des locaux par exemple". Scène vue récemment à Xertigny (Vosges), devant l'ex-fromagerie de la Cense. Le syndicat agricole avait dénoncé l’annonce faite par le groupe de collecte de lait Lactalis, d’abandonner la récolte dans le Grand Est, laissant 35 producteurs vosgiens sur le carreau.
Fabrice Couturier de la FDSEA 57, lui, s’alarme : "On est en train de sacrifier nos produits agricoles. Nous sommes un secteur stratégique et fragile. On est forcément moins compétitif". Une concurrence déloyale selon eux : "C’est mauvais au niveau écologique et sanitaire. Le mode de production, là-bas, n’a rien à voir avec la qualité française" ajoute Nicolas Lallemand. Un trop-plein pour le monde agricole. Raison pour laquelle, les Jeunes Agriculteurs meusiens ont déjà démarré la mobilisation, dès ce jeudi 14 novembre au soir. A partir de 20h, des rassemblements se sont organisés autour de ronds-points dans tout le département.
Le jour où on sortira dans la rue, on ne sortira pas pour rien. Un conseil aux gens : faites des provisions !
Jean-Luc Braux, président de la Coordination rurale des Vosges
Le syndicat de la coordination rurale se veut lui solidaire. C’est après un congrès national mardi 19 et mercredi 20 novembre qu’ils en sauront plus sur leurs actions à mener : "Nous sommes dans une impasse comme jamais la profession n’a eu", souffle Pascal Deshayes, président de la Coordination rurale 54. "Rien n’a été fait depuis le premier mouvement de contestations. La profession est gravement en danger". Son homologue dans les Vosges, Jean-Luc Braux, lui, met en garde : "Le jour où on sortira dans la rue, on ne sortira pas pour rien. On ne sait pas encore ce qu’on va faire, mais ça bougera de partout. Un conseil aux gens : faites des provisions !".