L'association L214 des Vosges participe pendant le mois de janvier 2022 au "veganuary". Les militants mènent des actions à Epinal et Saint-Dié pour inviter les consommateurs à ne plus consommer de viande animale
L'association L214 des Vosges veut abolir " l'utilisation des animaux comme ressources alimentaires ". Elle participe pendant le mois de janvier 2022 à l'opération mondiale "veganuary". Les militants mènent des actions à Epinal et Saint-Dié pour inviter les consommateurs à ne plus consommer de viande animale.
Catherine Perry nous reçoit dans sa cuisine. Au menu : Wrap végétarien et dahl de lentilles corail accompagné de riz blanc.
La jeune femme est militante et référente à Epinal de l’association L214. Elle s’est convertie au veganisme en 2019 en prenant conscience de l’exploitation animale et des dégâts provoqués par l’élevage intensif. Elle ne regrette pas son choix :
Il faut végétaliser son alimentation. On sait que la surconsommation de viande est mauvaise pour la santé et la planète. On sait que l’élevage intensif est une catastrophe écologique
Catherine Perry, référente L214 Epinal
« Veganuary » est la contraction des deux mots anglais : « vegan » et « january » C’est le nom d’une organisation à but non lucratif née en Angleterre en 2014. Elle milite pour l’arrêt de la consommation de tous les produits d’origine animale. Le mois de janvier, celui des bonnes résolutions a été choisi pour encourager les consommateurs à essayer de modifier leur alimentation.
Même en étant motivé, le passage est difficile
Au fil du mois de janvier et au cours d’actions ponctuelles, les militantes et militants sollicitent les passants sur la voie publique. Ici, pas d'images violentes de maltraitances animales dans les abattoirs mais une invitation à s’inscrire sur le site internet « veganuary » afin de recevoir recettes végétaliennes, infos et conseils. Cette action du mois de janvier est un challenge.
Quitter un régime omnivore pour adopter le régime vegan ne se fait pas du jour au lendemain: " Il faut une aide. Si on n’a personne autour de soi pour nous guider on est un peu perdu. Même en étant motivé, le passage est difficile " Catherine Perry reconnait que sa propre conversion a pris du temps mais que pour rien au monde elle ne reviendrait en arrière: " j’ai banni tous les produits d’origine animale et je suis en superforme, je fais des prises de sang et je n’ai pas de carences "
Selon la définition admise, "être vegan est un mode de vie basé sur le refus de toute forme d'exploitation animale. C'est la conséquence d'une réflexion sur les animaux, leur capacité à ressentir sentiments et émotions " Ainsi, devenir végan implique du point de vue alimentaire de ne plus consommer de produits d’origine animale : la viande, le lait, les œufs et même le miel.
La consommation de viande dans les pays occidentaux est deux à trois fois supérieure aux besoins protéiniques des populations. Le professeur Didier Quilliot est praticien Hospitalier Nutritionniste au CHRU de Nancy : « Le végétarisme et le végétalisme sont des régimes d’exclusion qui apportent de nombreux bénéfices pour la santé mais qui, en l’absence de connaissance et d’adaptation, comportent également des risques majeurs. Avant de se lancer dans un régime végétarien ou végétalien : il faut donc être informé, éduqué »
Un risque de carence en vitamine B12
Caroline Lavigne est diététicienne à Nancy. Elle reçoit dans son cabinet des personnes décidées à changer de régime.
Si végétaliser son alimentation est bénéfique pour la santé et doit être encouragé, le véganisme mal pratiqué peut être préjudiciable pour la santé : Le véganisme présente un risque de carence en vitamine B12 car elle n’est pas substituable. Un vegan doit absolument consommer en complément pour éviter les risques d’anémie sévère. Supprimer les produits animaux peut aussi entrainer une carence en fer. Le fer héminique présent dans le sang des produits carnés est mieux assimilé par l’organisme que le fer non-héminique présent dans les lentilles ou les végétaux à feuilles vertes. Il est donc indispensable de complémenter.
associer légumineuse et céréale dans un même repas
Supprimer les sources de protéines animales est possible si elles sont remplacées par des protéines végétales à condition prévient le professeur Quilliot, de respecter une règle de base.
Il faut toujours associer légumineuses et céréales dans un même repas ou au cours de la journée afin de couvrir les besoins en acides aminés essentiels en variant les sources de protéines : « Toutes les alimentations traditionnelles dans le monde appliquent spontanément ce principe (soja-riz ; haricots-riz ou maïs ; semoules-pois chiches etc….). Les premières ne couvrent pas les besoins en lysine (un acide aminé essentiel) tandis que les secondes ne couvrent pas les besoins en acides aminés soufrés (la méthionine) »
le calcium est indispensable
L’autre besoin à couvrir en cas d’absence de consommation de produits laitiers est le calcium, en ayant recours à des aliments enrichis ou à des supplémentations: « le calcium est indispensable pour la croissance osseuse chez l’enfant osseux et prévient les risques de fracture chez le sujet âgé » Il convient aussi de veiller à deux autres apports indispensables : « le zinc pour la croissance et l’immunité, en privilégiant les aliments riches en zinc et l'iode, présent dans le sel de mer et certaines algues, essentiel pour les hormones thyroïdiennes, qui régulent l'activité métabolique, particulièrement importante pendant la grossesse et la petite enfance » Enfin, le praticien et la diététicienne insistent sur le cas des enfants. Jusqu’à un an, le seul aliment possible pour un nourrisson est le lait maternel ou les préparations spécialement adaptées.
Nourrir un bébé dans ses premiers mois exclusivement avec des laits végétaux est dangereux. Des cas de décès ont même été constatés. Pour les enfants intolérants au lait de vache il existe en pharmacie des préparations adaptées à base de lait de riz. Il ne faut surtout pas acheter une brique de lait de riz dans le commerce au rayon bio pour alimenter son bébé.
Caroline Lavigne voit arriver dans son cabinet de plus en plus de préadolescents qui décident de ne plus manger de viande. Elle les accompagne vers un végétarisme ou un véganisme bien maitrisé. Le chemin le plus sûr pour réussir sa conversion alimentaire en toute sécurité.