Manifestation des agriculteurs en Alsace : des centaines de tracteurs ont bloqué les autoroutes

La manifestation de la profession agricole organisée ce mardi 8 octobre a rassemblé des centaines de tracteurs dans les départements du Bas-Rhin et du Haut-Rhin. Ils ont bloqué pendant plusieurs heures l'accès aux autoroutes à six endroits.

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Les agriculteurs se sont mobilisés en nombre ce mardi 8 octobre à l'occasion d'une journée nationale de mobilisation contre "l'agribashing, les accords commerciaux qui visent à importer l'alimentation et les distorsions de concurrence qui tuent à petit feu l'agriculture française", indiquent les organisateurs. Avec un seul mot d'ordre, bloquer des axes routiers majeurs dans les territoires
entre 11h et 14h.
 En Alsace, les professionnels du secteur ont répondu présent. Des centaines de tracteurs ont bloqué l'accès aux autoroutes à six endroits, cinq dans le Bas-Rhin et un dans le Haut-Rhin. "Ce blocage est effectivement important. Nos troupes, nos agriculteurs ont répondu à l'appel à la mobilisation qui traduit le désarroi du monde agricole, de la ruralité, et surtout l'ensemble des incohérences des politiques qui ont été mises en place ces dernières années. Et puis des promesses qui n'ont pas été respectées, notamment celles du revenu apporté à nos agriculteurs qui n'est absolument pas là", a expliqué Franck Sander, président de la FDSEA du Bas-Rhin.

Concernant le CETA, l'accord commercial bilatéral de libre-échange entre l'Union européenne et le Canada qui suscite l'ire des agriculteurs, Franck Sander s'insurge. "42 matières actives phytosanitaires interdites en France et en Europe sont autorisées au Canada. Des cheptels, des animaux, de la viande bovine qui vont rentrer en Europe et en France avec des animaux qui auront été nourris avec des farines animales. C'est exactement le modèle dont nous ne voulons pas en France, qu'on interdit aux agriculteurs mais qu'on autorise à rentrer".
 

800 tracteurs dans le Bas-Rhin

Malgré les mesures mises en œuvre, d’importantes difficultés de circulation étaient attendues, en particulier sur le réseau secondaire où sera déviée la circulation, a annoncé la préfecture du Bas-Rhin dans la matinée. Près de 800 tracteurs ont été mobilisés dans le département.
 

"S’ils le peuvent, les usagers de la route sont invités à ne pas prendre leur véhicule entre 10h et 15h et à privilégier les transports en commun, le covoiturage ou les modes de transport doux. Les automobilistes sont invités à faire preuve de prudence et à laisser la priorité aux véhicules de secours."  Un bouchon s'est formé sur l'A4, de Schwindratzheim à Brumath. Vers 14h, il a atteint près 13,2 km sur les deux voies.  D'autres perturbations de circulations ont été signalées.
 

120 véhicules agricoles dans le Haut-Rhin

Près de 120 tracteurs ont participé à l'opération de blocage dans le département haut-rhinois a noté la préfecture. A partir de 14h, les manifestants et les véhicules agricoles, localisés à la Croix de la Hardt, ont commencé à se disperser. Un seul point de blocage a été relevé dans le département, au niveau de l’échangeur de la Croix de la Hardt (croisement de l’A35 et de l’A36).

D’importants ralentissements ont été observés sur les autoroutes A35 et A36, notamment 6km au plus fort de l’événement sur l'A35 dans le sens Sud-Nord. Les automobilistes ont été invités à éviter ces autoroutes et à emprunter des itinéraires alternatifs.

Les deux arrêtés réglementant temporairement la circulation des poids-lourds entre 10h et 15h, pris par le préfet du Haut-Rhin, ont été mis en oeuvre sur place par les forces de sécurité. Entre 600 et 700 poids-lourds ont été stockés sur l'A36, à l’ouest de Burnhaupt. L’ensemble du dispositif a été levé à 15h. Les conditions de circulation reviennent progressivement à la normale sur l’ensemble du réseau autoroutier départemental.
   

Au volant de son tracteur, un agriculteur alsacien


Au volant de son tracteur,  Joseph Lechner a participé à la manifestation d’aujourd’hui sur l’A4. Il cultive à Hochfelden dans le Bas-Rhin, 20 hectares de houblon. A 61 ans il va bientôt mettre un terme à sa carrière et passer la main à son gendre. Ce producteur pratique une agriculture conventionnelle raisonnée pour vendre du Houblon aux industriels de la bière en Alsace et même au Japon.

L’ agribashing  : une rumeur sournoise

Joseph Lechner voit en l'agribashing (le dénigrement des agriculteurs) une rumeur sournoise : « C’est un mal qui court sur les réseaux sociaux et qui peut être violent et vous laisser désemparé. On ne cherche plus à comprendre, on est directement dans la confrontation. Le raz-le-bol fait l’unanimité dans la profession. »

L’or vert

Le producteur de houblon se souvient du slogan de la FNSEA des années quatre-vingt qui faisait la fierté de la profession, « Pas de pays sans paysans ».
L’or vert est un rêve devenu cauchemar en 2007, quand Joseph Lechner a manqué de faire faillite. Son client principal, l’américain Budweiser l’a abandonné pour acheter du houblon de qualité inférieure et moins cher.

Un paysan s’il ne se modernise pas, il est mort
 
L’exploitant s’est relevé depuis : « Il faut savoir répondre à des marchés locaux ou mondiaux, être pro avec les normes et rester dans les standards pour vendre. Certains pensent qu’il faut revenir à autrefois. Mais c’est impossible. Aujourd’hui les pratiques sont évolutives. On emploie les produits phytosanitaires comme des médicaments quand les plantes sont malades, sinon on ne traite pas. Un paysan s’il ne se modernise pas, il est mort.»
 
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