Anthropocène, c’est le pari de Sendo Raphaël Elota. Après un service civique à Reims, cet étudiant en commerce a décidé de créer une marque de sport éthique, faite à partir de matières recyclées (déchets textiles et bouteilles plastiques).
Depuis l'enfance, Sendo Raphaël Elota a une seule obsession : avoir un impact positif autour de lui. Pendant plusieurs mois, il s'engage dans un service civique à la Direction des déchets du Grand Reims. Chaque jour, ce jeune homme constate l’ampleur du gâchis. C'est le déclic : il va recycler des rebuts en vêtements. « Je me suis rendu compte de ce que les déchets représentaient. Il y a seulement 1% des habits qui sont valorisés. »
Pourquoi les vêtements ? Artiste dans l'âme, amateur de poésie, de slam et de danse, cet étudiant en commerce à Reims a choisi la mode comme moyen d'exprimer son engagement. L'industrie textile est la deuxième plus polluante au monde derrière le secteur pétrolier. Les matières utilisées pour les tenues sportives sont, pour la plupart, conçues à partir de ressources fossiles. Exemple : le polyester est un dérivé du pétrole.
Anthropocène, un nom au sens fort
Du grec ancien anthrôpos, « être humain » et de kainos, « nouveau », anthropocène définit l’impact de l’homme sur la planète. « Quand j’ai découvert ce mot, j’étais à une conférence sur l’écologie. J'ai voulu prendre un terme qui témoigne du challenge. » Pour ce défi, Sendo Raphaël utilise deux tissus innovants. L'un issu de déchets textiles et l'autre créé à partir de bouteilles plastiques repêchées par l'association Seaqual.
Cette sensibilité environnementale est inscrite dans ses gènes. « Depuis que je suis petit, je m’intéresse à l’écologie sans le savoir, » rigole-t-il. Son père est agriculteur biologique au Congo Brazzaville et forme d'autres paysans. En grandissant, Sendo Raphaël découvre les voyages de reboisement. Sans hésiter, il part au Sénégal et au Portugal.
J'ai fait un voyage en forêt Amazonienne en tant qu’assistant scientifique pour connaître l’impact des êtres humains sur les animaux
Une production 100 % française
Il semblait donc naturel que l'ensemble de la production soit réalisée en France, à moins de 700 km de Reims. À titre de comparaison, les vêtements parcourent en moyenne 60.000 km. Du design à la confection, des ateliers français se sont associés au projet de ce jeune créateur. Comme la société Elmabrod basée Troyes, spécialisée en broderie.
Vincent Elmaleh, le directeur commercial de cette entreprise auboise, constate une prise de conscience depuis quelques années. « Nous travaillons déjà beaucoup sur du coton bio. Ça fait maintenant deux, trois ans qu’il y a une vraie tendance sur ces produits. » Quand il a été démarché par Anthropocène, l'enthousiasme a été immédiat. Ce professionnel a alors accompagné cette marque dans sa campagne de crowdfunding et pour les prototypes.
Travailler des matières recyclées, on ne l'avait encore jamais fait. C'est une première
La première partie du financement participatif est maintenant terminé. 300 contributeurs ont pré-commandé des articles pour un panier moyen de 80 euros. « On a décidé de prolonger pour ne pas perdre cette énergie de lancement. La production peut être lancée, » se réjouit Sendo Raphaël. Et comme l'idée d'un cercle vertueux ne le quitte jamais, une partie des bénéfices sera réinvestie dans des actions.