Agriculture : les orages et la pluie freinent le début de la moisson 2021 dans la Marne

Pluies et orages ont arrosé les campagnes, freinant les premières moissons d’escourgeons. Il y a un an, on débutait les premières parcelles. On en est loin cette année, la récolte n’aura pas lieu avant le 5 juillet. Une source d'inquiétude pour les agriculteurs.

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Les premières moissons d’orge d’hiver tombent à l’eau. "Pour savoir sa maturité, nous mettons le grain a la bouche. Là, il est tout mou, il devrait être croquant ! C'est le signe que nous sommes encore loin de la récolte. Il doit se décharger de son humidité, il nous faut encore de la patience", constate cet agriculteur de la Marne.

Depuis le début du printemps, la pluie et la fraîcheur sont le lot quotidien des agriculteurs. Conséquence d’une succession de perturbations et d’un front venant de l’ouest, les épisodes pluvieux s’enchaînent. Ces orages ont rythmé les semaines passées sur les terres agricoles de la Champagne. Ils ont ainsi contribué à une dégradation des conditions sanitaires des céréales. La météo a provoqué des dégâts dans les champs et a retardé les premières intervention des moissonneuses batteuses.

Une situation délicate pour ces agriculteurs marnais, mais ils restent sereins, même si le stress commence à monter. Comme dans cette parcelle d’escourgeons sur la petite commune de Selles

"Nous sommes encore sereins à cet instant précis. Nous en saurons plus d'ici huit jours, mais on angoisse avec un orage un peu fort qui peut venir tout mettre par terre. C'est ce qu'on a vécu il y a deux semaines. Nous avons besoin d’une semaine de soleil et de sec pour espérer récolter et ne pas perdre en qualité. Sur cette parcelle en 2020, dès le 20 Juin nous étions déjà au cœur de la moisson des escourgeons. Cette année est bien différente."

Malgré tout, tout n'est pas catastrophique : "ce qui nous réjouit, c’est la qualité de cet orge. Il est beau, sa maturité a été un peu retardée avec l’excès d’eau. Ce qui est bénéfique pour cette céréale. On dit toujours dans notre milieu qu’il faut un mois de juin froid pour faire de belles récoltes. Cette année paradoxalement, nous l’avons !", se réjout Alain Grethen.

 

Rendement en hausse sur le territoire

La production d'orges d'hiver ou escourgeons est évaluée en forte hausse pour cette année (+ 19,3 % sur un an) à 7,7 millions de tonnes, grâce à une hausse des surfaces et surtout des rendements à l’hectare. Cette céréale est destinée à l’industrie brassicole ou pour le fourrage des animaux, pour la brasserie. L’orge est mieux rémunéré si la qualité est là. "Cette première estimation, avant récolte, reste à confirmer dans les prochains jours. En 2020, nous étions aux alentours de 85 quintaux par hectare, cette année nous attendons même du mieux avec un grain un peu plus lourd", souligne Alain Grethen, exploitant dans la Marne. 

Le colza dans la peine

Du côté du colza d'hiver, les nouvelles sont moins réjouissantes ... Comme pressenti, la production s'annonce en nette baisse pour cette moisson 2021, passant en dessous des 3 millions de tonnes. En cause, là aussi la météo. En général, le rendement est estimé à 45 q/ha. Mais pour cette année, Alain Grethen espère au mieux 35 q/ha. La concurrence est féroce sur le colza avec les Russes et les Américains.

"Le mal est fait pour cette saison. Cette pluie ramène des maladies sur la silique, c’est la partie qui enferme les graines. Là, c’est noir comme brûlé, c’est vraiment dommage car c’était bien parti. Les fortes gelées du mois de mai on eu raison du colza, et maintenant ce sont les pluies à répétition qui font que les champignons se développent sur le colza et viennent détruire les graines. Nous allons avoir une forte perte. Ce qui est positif, ce sont les prix de cette céréale qui restent fort pour le moment et qui devraient palier les baisses de rendements" confie Alain Grethen.

 

Coté météo

Malgré les pluies diluviennes et les orages de ces derniers jours, 19 départements sont déjà concernés par des mesures de restriction de l'usage de l'eau et de l'irrigation, selon le site gouvernemental Propluvia. Et ce n’est qu’un début si on en croît les prévisions météo de cet été.

"Encore 45 millimètres d’eau ce matin, nous avons déjà vécu cette météo dans le passé, il n’y a rien d’exceptionnel. Nous avons même eu pire que ça avec des champs entier dévastés par des orages. Mais depuis quelques années, ce phénomène est récurrent, depuis 2012 il y a toujours quelque chose mais nous n’y pouvons rien, nous devons nous adapter, c’est la nature ! ", explique Alain Grethen.

 

"En un mois nous avons reçu plus de 145 millimètres d’eau, ce sont des valeurs hautes. Sur une année, nous avons 600 millimètres, ça tombe trop vite et ce n’est pas la bonne période, l’eau ne s’infiltre pas et reste en surface, en ce moment c’est beaucoup trop brutal ! Ce qui est impressionnant, c'est la violence des orages et le fait que ça touche les trois quarts de la France" explique Alain Grethen. La répétition des événements est très préoccupante, ça prouve que le changement climatique est à l'œuvre dans toutes ses dimensions.

 

En coulisse tout est prêt pour démarrer la saison

Dans ce hangar, la moissonneuse batteuse est encore en maintenance, il faut vérifier  les systèmes hydrauliques, la coupe qui doit couper au mieux les épis, entretenir le moteur. "Et ça, pour être prêt dès que le créneau météo s'y prêtera". 

"Nous avons réalisé les grosses maintenances cet hiver, reconditionner les systèmes, nous nous y sommes pris de bonne heure, car nous pensions attaquer plus tôt avec les températures chaudes de ces derniers jours, nous nous attendions à une moisson active dès le 20 juin, mais il en est autrement. Ce qui est sûr, c’est que nous sommes parés, nous attendons juste la fenêtre. Dans cet atelier, les machines attendent juste de pouvoir sortir faire leur travail. Nous avons presque trois semaines de retard sur la récolte. Avant ces dérèglements climatiques, tout était rodé comme du papier à musique, la moisson débutait le 14 juillet, mais depuis nous avançons en date" souligne Alain Grethen.

La pluie est de nouveau annoncée cette semaine avec un risque d’orage. L’impatience est palpable.

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