Julien Prévot, pompier professionnel, a été mis en valeur avec sa moustache très travaillée par le service départemental d'incendie et de secours (Sdis) de la Marne. L'occasion de continuer à parler des maladies et cancers masculins, en cette fin de Movember.
Julien Prévot est pompier. Ce qui ne l'empêche pas, avec sa belle moustache, d'être plutôt coquet.
La moustache est souvent associée au mois de novembre. Dans le monde anglo-saxon, on appelle Movember la contraction entre le mois de novembre et la moustache. C'est "le bon moment pour parler du cancer de la prostate et autres maladies masculines", comme cité dans un article de France 3 Champagne-Ardenne publié plus tôt dans le mois.
Ce n'est pas par hasard que sur les réseaux sociaux, le service départemental d'incendie et de secours (Sdis) de la Marne a partagé un cliché du pompier avec sa sémillante moustache mise en valeur. Il s'agit de sensibiliser par un biais moins institutionnel qu'à l'accoutumée (voir la publication Facebook ci-dessous).
France 3 Champagne-Ardenne a contacté Julien Prévot, qui a accepté de répondre à quelques questions. Né le 17 décembre 1993 à Reims (Marne), le jeune homme de 29 ans a intégré à l'orée 2016 les pompiers de Paris. Qui ont un statut militaire. Vous imaginez le bonhomme. C'était pour le moins physique. "Les gardes étaient longues. On faisait 48 à 72 heures de garde d'affilée. Le repos n'était que de 24 à 48 heures."
Il a ensuite réussi son concours pour rejoindre Châlons-en-Champagne (le siège du Sdis de la Marne), devenu sapeur-pompier professionnel (SPP) en septembre 2022 ("ça fait maintenant un an"). Un retour aux sources, en somme. "Je voulais revenir chez moi pour y faire le métier que j'ai toujours voulu faire. Et c'est plus calme..." Il évoque "une nouvelle vie" qui l'enchante.
Je voulais revenir chez moi pour y faire le métier que j'ai toujours voulu faire.
Julien Prévot, sapeur-pompier professionnel basé à Châlons-en-Champagne
Son souhait de rejoindre les soldats du feu remonte à un "déclic" consécutif à ses études en sciences et techniques des activités physiques et sportives (Staps). "Il y a eu les attentats du Bataclan [en 2015]. Je suis rentré de mon travail, j'étais de nuit, j'ai vu ça, et j'ai pris conscience que je pouvais servir à quelque chose, si j'étais en uniforme."
Servir les pompiers, "tout le monde peut le faire. On peut passer par le concours professionnel, mais aussi par la voie du sapeur-pompier volontaire. Ça donne une première - et belle - approche : interventions, vie en caserne, missions données... Pas besoin d'être parfait en sport, mais il faut une condition physique adéquate. Avec les inondations récentes, on en a eu bien besoin..."
Il évoque aussi la nécessité de "savoir être souriant" (ça va, il est doué), "être dynamique" (pareil). Et "aimer ne pas avoir un train-train quotidien. Chaque garde est différente. Les interventions peuvent s'enchaîner, tout comme on peut avoir le temps de manger et passer du temps entre collègues."
Moustache bien entretenue
Certes, il éteint des incendies, il sauve des personnes blessées, il dégage les routes et les toitures endommagées en cas de tempêtes, comme récemment. Mais il participe aussi à sensibiliser les foules. Grâce à sa moustache.
Il la porte depuis le mois de novembre 2022, tout simplement car il en avait envie. "Je la chouchoute." Son secret : "de l'huile, des nettoyages réguliers, de la cire pour la coiffer." Il est même devenu l'égérie d'une grande marque américaine de produits spécialisés pour la moustache : Death Grip Wax.
"[L'entretien] passe par du lisseur, du sèche-cheveux. Et pas mal de soins pour entretenir le poil, pour avoir des belles bouclettes." Puisqu'on parle de pilosité faciale, on vous rappelle notre article consacré à la plus belle barbe de France (et comment essayer d'avoir la même... surtout si vous pensez intégrer la Légion étrangère).
Pour la coiffer, il faut une demi-heure. Mieux vaut ne pas avoir une panne de réveil et devoir filer à la caserne sans tarder... "Je l'entretiens tous les jours. C'est mon petit moment de détente avant de prendre ma garde ou de faire mon sport."
Sportif, il l'est. Et plutôt deux ou trois fois qu'une. Il n'y a pas que sa moustache qu'il passe un temps conséquent à entretenir. Pour rappel, pas besoin de ressembler à Hercule pour rejoindre les pompiers (ce qu'on voit dans la publication Instagram ci-dessous)...
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Moustache bien placée
Ce que porte Julien Prévot, ce sont des bacchantes (un mot dérivé de Bacchus, l'équivalent romain de Dionysos, le dieu du vin et des festivités). "Je trouve que c'est assez chic, assez classe. Et ça renvoie à l'image des anciens pompiers. [Cette moustache] possède une histoire : à l'époque, ils détonnaient avec leur grande moustache et leur veste en cuir. Il y a deux ou trois anciens pompiers qui viennent encore régulièrement à Châlons. Ils ont encore une belle moustache, et ça leur fait vraiment plaisir de voir que des jeunes en ont une aussi. Ce sont les premiers à nous dire de faire perdurer cette tradition." Il voulait quelque chose qui se démarque des moustaches des autres messieurs de tous les jours : mission réussie, peut-on penser.
Et pour transmettre un message, c'est réussi aussi. Ce n'était pas son projet initial en décidant de faire pousser cette moustache voilà un an, mais le voilà devenu une figure publique incitant à faire attention à sa santé. "Pour éviter le cancer de la prostate, il faut se faire dépister. Si c'est fait assez tôt, ça peut éviter [que ce soit grave]. En plus c'est gratuit. Si mes poils, ma moustache, ça permet de marquer le coup, de faire de la prévention, tant mieux. Mieux vaut prévenir que guérir."
Si on peut prévenir avec une affiche, en alliant la moustache et l'uniforme des pompiers, qui sont au service de la population : faisons-le. Pour que ça touche un maximum de personnes.
Julien Prévot, sapeur-pompier professionnel engagé pour une bonne cause
"Si on peut prévenir avec une affiche, en alliant la moustache et l'uniforme des pompiers, qui sont au service de la population : faisons-le. Pour que ça touche un maximum de personnes. En plus, c'est un message positif." Il salue l'engagement des pompiers pour Movember, tout comme lors d'octobre rose. Des badges redessinés en bleu et rose avaient alors été vendus pour financer la recherche.
Moustache bien sportive
Julien Prévot est un grand amateur d'Ironman. Non, pas le milliardaire excentrique et surdoué qui se construit une armure de haute technologie dans l'univers Marvel, mais une course de triathlon particulièrement éprouvante. C'est pour ça qu'il s'appelle Iron_stach (littéralement Moustache de fer) sur son compte Instagram. "C'est 1,9 kilomètre de natation. Puis 90 kilomètres de vélo [à condition de ne pas se le faire voler; NDLR]. Et vous finissez par 21 kilomètres de course à pied."
Il lui arrive de s'entraîner à l'UCPA Sport Station, le complexe aqualudique de Reims. Ainsi qu'à la piscine olympique de Châlons. En ce qui concerne le vélo et la course, il peut "s'entraîner partout". Les courses ont lieu "toute l'année, dans le monde entier". Et ça coûte bonbon (inscription à près de 400 euros pour l'une des moins chères, hébergement, transport : il ne va pas nager pour y aller). "Il y a une belle ambiance. On peut se qualifier pour les championnats du monde si on finit dans les premiers de notre groupe d'âge."
Sa qualification remonte à l'Ironman de Venise ("quinzième en général, et septième de ma catégorie" : joli podium). La compétition mondiale s'est déroulée en Finlande, en août 2023. "J'ai eu de la chance de pouvoir y aller. Même si les températures là-bas... On a nagé dans un lac, quoi. Et pour le vélo, on s'est pris 80 kilomètres de pluie, de grêle, et de vent sur les 90. Malgré l'hypothermie, j'ai fini 154e de mon groupe d'âge, au total 398e sur près de 4 000. Il y en a pas mal qui ont abandonné, moi-même j'ai failli."
La saison 2023 est terminée. Celle de 2024 se prépare déjà... Il a rajouté les Ironmen de Nice (Alpes-Maritimes) et Tanger (Maroc), en bonne place, à son palmarès. Et il a déjà pris son dossard pour les Ironmen de Vichy (Allier) et Aix-en-Provence (Bouches-du-Rhône). Il espère bien s'y classer. En revanche, il délaissera le championnat du monde qui se déroule en Nouvelle-Zélande. Beaucoup, beaucoup trop cher.
Car si la moustache croît naturellement sur le visage, l'argent ne pousse pas sur les arbres. Il lui faut donc des sponsors. "Malgré le niveau qu'on a, il peut y avoir des portes qui se ferment à cause de l'argent. C'est dommage." (voir ses médailles et son appel aux sponsors dans la publication Instagram ci-dessous).
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Ainsi, pour le vélo de haut niveau dont il a fait usage en Finlande, il a pu compter sur les cycles Hubert, implantés dans le quartier Orgeval, partie nord de Reims. Pour ses déplacements, les voyages Guilloux, basés à Rethel (Ardennes), ont été d'un grand soutien financier. L'Union départementale des sapeurs-pompiers de la Marne (UDSP) lui a financé une partie des coûts liés au championnat finlandais, ainsi que son futur dossard vichyssois.
En 2024, il pourrait participer à la compétition avec un statut or, ce qui n'est pas donné à tout le monde. Pour le soutenir, vous pouvez passer par son Instagram, son courriel (name.julien@gmail.com), ou son numéro de téléphone (06 32 19 81 98).