Le label agriculture biologique coûte trop cher, des agriculteurs et éleveurs y renoncent

De plus en plus d'exploitantes et exploitants agricoles doivent renoncer à leur label bio. Rencontre avec l'un d'entre eux, qui élève cochons et bovins dans la Marne.

Autrefois vue comme "un système économique qui tient la route", l'agriculture biologique semble de moins en moins viable financièrement pour des exploitantes et exploitants agricoles qui choisissent de renoncer à leur label. Explications avec Jérôme Oudart, éleveur porcin à Brugny-Vaudancourt (Marne), qu'a rencontré Leïla Salhi, journaliste de France 3 Champagne-Ardenne.

"Le label bio, c'est des contraintes, mais c'est aussi une qualité derrière, des valeurs. Il y a la valeur naturelle de l'aliment, et surtout la valeur humaine." Des valeurs auxquelles souscrivent sa clientèle professionnelle, désireuse de bonne viande.

Mais cette bonne viande ne fait pas tout. Les animaux ont beau être nourris avec des aliments naturels, cela ne suffit pas : il faut aussi respecter une règlementation drastique. Et qui tend à le devenir de plus en plus.

Jérôme Oudart se retrouve à s'arracher les cheveux. "On nous demande d'agrandir l'espace pour qu'on soit à 50% d'extérieur et 50% d'intérieur d'ici 2027. Et là, dans l'immédiat,  on nous demande d'enlever 5% de toiture." Tout ça coûterait 30.000 euros... alors qu'il doit déjà rembourser les dettes du bâtiment aux normes accueillant actuellement ses porcs. 

Il devra se passer de son label vert s'il ne se met pas en conformité. "Malheureusement, mon prix restera toujours le même. Mais je ne pourrai plus dire que je suis un peu plus cher car je suis en label agriculture biologique, puisque ce sera comme si j'étais toujours en agriculture biologique. Alors ces termes 'toujours' ou 'comme si', ça m'embête. Car avant, c'était clair et net : on est bio, ou on ne l'est pas." 

Il n'est pas le seul à devoir jeter l'éponge à cause de règlementations toujours plus foisonnantes et devant faire sortir le porte-monnaie. Les petites exploitations comme celle de Jérôme Oudart ne semblent plus pouvoir y trouver leur compte. "Même dans le bio, on n'a plus de recours... On avait cette niche, on avait l'impression d'être un peu différent. Mais aujourd'hui, cette niche, elle est piétinée. Il n'y a pas de respect vis-à-vis des gens qui ont envie de vivre différemment."

Il bénéficie d'une dérogation pour conserver sa petite étiquette verte en 2023. Mais ce ne sera plus le cas en 2024. 

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