Fête foraine : les tarifs des attractions augmentent-ils avec la hausse des prix de l'énergie ?

Alors que la fête de la Saint Glin-Glin se tient jusqu’au 25 février à Châlons-en-Champagne, la hausse du coût de l’énergie impacte fortement les forains. Tous tentent de s’adapter en remplaçant une partie de leur matériel ou en restant fermés les jours de faible fréquentation. Pourtant, cette hausse reste très limitée selon la mairie.

Près d’une heure après l’ouverture de son manège, la chenille reste à quai sous la danse des ampoules multicolores. Dominique Caillau, son propriétaire, attend désespérément les clients dans sa cabine. "Vous voyez, nous explique-t-il, nous sommes en semaine et il fait gris, alors il n’y a personne. Pendant ce temps, on dépense de l’électricité". La facture est de plus en plus élevée, assure-t-il. "Je paie 100 euros de plus que l’an dernier et depuis le Covid, on a pris 30%, c’est énorme".

C’est l’inflation pour tout le monde, on doit rester accessible

Marc Delahautemaison, forain

Juste en face, aux auto-tamponneuses, Marc Delahautemaison nous dit également souffrir de la hausse des prix de l’énergie. "Il y a deux ans, je payais dans les 750 euros pour l’emplacement et l’électricité. Maintenant, c'est environ 1100 euros".

Malgré une facture de plus en plus salée, il refuse d’augmenter ses tarifs. "Je reste à 3 euros le tour, car c'est l'inflation pour tout le monde, on doit rester accessible. Mais si ça continue comme ça, je n’aurai plus le choix".

Les forains doivent s'adapter

Pour limiter les frais, il a remplacé une partie de son équipement. "Tout ce qui est éclairage, on l’a remis en leds, et on a changé le jeu de voitures pour mettre des voitures qui tirent beaucoup moins". Il parvient ainsi à baisser de 40% sa consommation d’électricité.

Tous les propriétaires d’attraction à la fête de la Saint Glin-Glin nous disent s’adapter à cette hausse des tarifs. Ils sont notamment de plus en plus nombreux à laisser leur manège à l’arrêt les jours de semaine, à l’exception du mercredi.

C’est le cas d’Earton Douchet, le propriétaire de la maison hantée. "Il y a beaucoup de lumières, nous explique-t-il, il y a l’électricité du rail du manège et tous les sujets à l’intérieur qui marchent à l’hydraulique. Tout ça, ce sont des moteurs qui marchent toute la journée pour rien s’il n’y a personne".

Les clients aussi ressentent la hausse des prix

Lui non plus préfère ne pas augmenter le prix d’entrée. Mais selon les clients que nous avons rencontrés sur place, ce n’est pas le cas de tous les forains. Aïssel, une mère de famille habituée de cette fête, nous dit avoir remarqué une hausse de tarifs pour certains manèges, passés de 3 à 5 euros cette année. "On voit la différence, quand on vient en famille, c’est énorme".  

Pour autant, elle ne compte pas se priver : "c'est une fois dans l'année, il faut se faire plaisir". Guillaume, venu avec un ami, est moins enthousiaste : "le grand amateur de churros que je suis a déjà remarqué une grosse augmentation". Les deux jeunes hommes avouent qu’ils limiteront les dépenses : "nous allons surtout profiter de l’ambiance et moins faire d'attractions".

La mairie affirme supporter plus de la moitié des charges

Pourtant, la mairie de Châlons-en-Champagne se dit très soucieuse de ne pas voir les prix flamber dans cette fête foraine très attendue par les habitants chaque hiver. Malgré le ressenti des forains, Natacha Nicaise, élue en charge de l’événementiel, assure que la majeure partie de la hausse des coûts est supportée par la collectivité. "Nous prenons en charge plus de la moitié des dépenses en électricité, sinon ça ne serait pas supportable pour les forains, et les clients devraient en payer le prix".

Le succès de la Saint Glin-Glin prouve que l’investissement en vaut la chandelle d’après cette élue. "Les week-ends et mercredis, les allées sont remplies et la fréquentation n’a pas baissé. Nous avons même 7 attractions de plus que l’an dernier".

C'est un trop beau métier pour l'arrêter

Alain Hetrus, forain

Parmi les nouveautés, le XXL Ranger d’Alain Hetrus. Ce bateau géant envoie dans les airs les amateurs de sensations fortes. Cette attraction exige une puissance si forte que la mairie ne pouvait pas lui proposer un équipement suffisant. Son propriétaire a dû louer un groupe électrogène : une dépense supplémentaire de 30% sur son budget électricité.

Un coût d'autant plus difficile à supporter que ces frais s'ajoutent à d'autres hausses : "pour installer ce manège, j’ai besoin d’une grue et de trois camions pour le déplacer. J’emploie quatre personnes. Tout augmente et on le ressent vraiment". Pour autant, il affirme qu’il sera de retour l’an prochain. "Je reviendrai et je n’arrêterai jamais d’être forain. On fait rêver les gens le temps de quelques heures. C’est un trop beau métier pour arrêter".   

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