Le 7 mars, un camion vient percuter de plein fouet la maison d'un couple, à Connantray-Vaurefroy (Marne). Le couple est choqué, mais indemne. Le chauffeur du poids-lourds est toujours hospitalisé, dans un état grave.
Des meubles, un volet arraché et quelques morceaux de tôle, étouffés sous un amoncellement de gravats : voilà à quoi ressemble désormais la façade du 5, route nationale 4, à Connantray-Vaurefroy (Marne). Ou du moins ce qu’il en reste. Décor apocalyptique s’il en est un et surplombant la façade éventrée, une affiche publicitaire pour l’enseigne de bricolage "Gedimat" indique : "des fondations aux finitions". Un hasard vicieux qui prêterait presque à sourire....si la situation n’était pas aussi dramatique.
Car un peu plus bas, sous les poutres et les morceaux de plancher désintégrés, une photo de famille émerge au milieu des débris et rappelle, tristement, qu’il y a à peine dix jours, une famille vivait paisiblement dans ce pavillon de campagne. Dix-huit ans de vie dans cette maison, brusquement arrêtés par ce 44 tonnes, venu s’encastrer dans la façade en détruisant tout, "des fondations aux finitions".
Après cet accident, la circulation sur la RN 4 a été très perturbée dans les deux sens de circulation. Une déviation a été mise en place à Fère Champenoise dans le sens Paris-Province. Dans le sens Province-Paris, la déviation se fait au niveau de la commune d'Haussimont.
“Un bruit de dingue”
Dimanche 7 mars. Le soleil est couché depuis longtemps et Pascal Margier regarde le film du dimanche soir dans son lit. À ses côtés, sa femme, Manuella, dort depuis quelques temps déjà. Soudain, “un bruit de dingue", comme l’explique le propriétaire de la maison, vient rompre avec le silence qui caractérise habituellement les soirées à Connantray-Vaurefroy, petite commune de la Marne, en bordure d’une route nationale.
"J’ai tout de suite cru à un accident de voiture proche de la maison, explique Pascal Margier, je me suis habillé en vitesse et avant que j’ai fini, le mur de la chambre s’est écroulé, et j’ai pu constater les dégâts". Sous ses yeux, la rue, et un camion, encastré dans sa chambre. Choqués, mais miraculeusement indemnes, Pascal Margier et son épouse descendent dans la rue en toute hâte, craignant qu’une autre partie de la maison ne s’effondre.
Visualisez la maison avant et après l'accident :
Très vite, voisins, maire, pompiers et gendarmes s'empressent de rejoindre les lieux de cet accident, décidément pas comme les autres. Le chauffeur du camion, en état d’urgence absolue, est transporté au CHU de Reims, encore conscient.
"Je venais de finir de payer la maison"
Très vite, les autorités interdisent au couple de retourner dans l’enceinte de la maison, mais la famille Margier ne veut laisser aucun "des siens" sur le carreau, car au rez-de-chaussée, trois oiseaux, un lapin nain et deux chiens sont, eux aussi, sortis indemnes du choc. "On doit avoir quelqu'un... Quelque chose au-dessus de nous, ce n’est pas possible autrement", relativise le propriétaire qui pourtant, aurait toutes les raisons d’être hors de lui "je venais de finir de payer la maison… il y a un mois", abonde-t-il. Il avait engagé des travaux d’isolation, car "c’est le genre de chose que l’on fait, quand on est enfin propriétaire de sa maison".
Une cagnotte pour venir en aide au couple
Comment se reconstruire après un tel traumatisme ? Il est sûrement trop tôt pour en présager, car même pour le couple, "c’est encore irréel, on n'arrive pas à réaliser... On a été totalement spectateurs de ce qu’il s’est passé… On n’en revient toujours pas, nous explique Pascal Margier. Ma femme en fait encore des cauchemars. Dimanche, ça faisait une semaine et à 21h (Ndlr : l’heure de l’accident le 7 mars) on a eu tous les deux un gros coup de déprime", nous avoue-t-il.
Pour anticiper les possibles difficultés auprès de l’assurance, Pascal Margier a engagé un expert, “Valentin expert et associé” pour le soutenir dans ses démarches, "un mec super", selon lui. "Un expert accompagné d’un notaire est censé venir évaluer les dégâts de la maison avec un drône, puisqu’il est désormais interdit d’y pénétrer".
Après le choc, le couple sinistré a pu compter sur la solidarité des voisins et du village. "C’est un voisin qui m’a aidé à récupérer les affaires, qui nous a hébergés. On vient de trouver une location grâce à la mobilisation de tout le monde. Je leur fait un grand merci." Une enquête, en cours, est menée par les services de la gendarmerie nationale. De son côté, la fille du couple a créé une cagnotte participative pour venir en aide à ses parents. À cette heure, elle, compte 830 euros. Bien loin de ce qui sera nécessaire pour retrouver la vie d’avant.