Plus d'un an après la collision mortelle entre un TER et une voiture sur un passage à niveau à Avenay-Val-d'or, un rapport d'enquête accuse la conductrice de la voiture d'avoir franchi la barrière de sécurité. L'avocat de deux des trois familles des victimes s'indigne de ces conclusions.
Le 15 juillet 2019, un train TER fauchait violemment une voiture sur un passage à niveau à Avenay-Val-d'or, à proximité d'Epernay (Marne). Les passagers du véhicule, la conductrice, une assistante maternelle de 37 ans et trois enfants, sont morts sur le coup. Sa fille de 11 ans et deux enfants de 1 et 3 ans. Tous sont originaires de la Marne. Plus d'un an après, les circonstances de l'accident restent toujours floues. S'agissait-il d'un dysfonctionnements des barrières automatiques ou d'une erreur de la conductrice ?
Le 12 novembre 2020, le Bureau d’Enquête sur les Accidents de Transport Terrestre (BEA-TT) a néanmoins publié son rapport d'enquête en ligne, dans lequel il met en cause "le non-arrêt du véhicule léger au passage à niveau fermé". Dans ses conclusions, il pointe du doigt "la présence d’un médicament en dose toxique dans l’organisme de la conductrice" qui aurait altéré "ses facultés de conduite" et écarte la responsabilité du TER. La conductrice aurait donc forcé le passage malgré les barrières de sécurité baissées. Gérard Chemla, l'avocat rémois de deux des trois familles des victimes, s'indigne de cette enquête et de ses conclusions basées selon lui "sur une approximation". Il dénonce une enquête qui n'est "pas contradictoire" et se dit "en colère" quant à la manière dont elle a été publiée, sans que les victimes aient été prévenues.
"Une enquête non-satisfaisante", selon l'avocat Gérard Chemla
Si "la conductrice était sous un traitement extrêmement léger, rien dans l'enquête n'indique qu'elle aurait pris plus de cachets qu'elle le devait", affirme Gérard Chemla. Il ajoute qu'elle se trouvait au volant d'un véhicule disposant d'un système de freinage automatique en cas d'obstacle, qui, lui, n'a pas détecté de barrière abaissée. Or, "un véhicule ne prend pas de cachets", ironise-t-il, en ajoutant qu'il ne se satisferait pas de ce type d'enquête. "Ce postulat déduit que la conductrice a été inattentive et zappe l’idée que la barrière aurait pu rester ouverte et s’abaisser au moment du choc.""Si cela ne s’était jamais produit, on pourrait le penser, continue l'avocat, mais le problème est qu'il y a déjà eu de nombreux problèmes par le passé sur ce passage à niveau."
D'autres incidents sur ce passage à niveau déjà signalés
Deux jours avant l'accident du 15 juillet 2019, la barrière du même passage à niveau "s'est brusquement abaissée" au niveau de son capot d'un autre conducteur, qui a pu éviter de justesse un train. Cet été, un an jour pour jour après la collision mortelle, un tracteur s'est retrouvé coincé à quelques centimètres de la voie ferrée. Là aussi, la barrière s'est abaissée sur l'engin, ont rapporté nos confrères de France Bleu. "Beaucoup de témoins" qui ont vécu des situations similaires "ont pris contact avec les enquêteurs" à la suite du drame, avance Gérard Chelma, mais "ne sont pas pris au serieux". L'avocat appelle toutes les personnes qui ont déjà été confrontées à des anomalies sur ce passage à niveau à le contacter sur le mail de son cabinet (victimes@acg-avocat.com).Matthieu Bourrette, procureur de la République de Reims, a rappelé que l'enquête judiciaire est, elle, toujours en cours. "J'attends encore quelques expertises. J'espère pouvoir les obtenir dans les meilleurs délais pour terminer rapidement l'enquête", a-t-il ajouté à l'AFP.