Olivia Oberlin est éventailliste, un métier devenu rare. Très recherché les jours de canicule, l’éventail revient en force. La dynamique Alsacienne a installé son atelier il y a 25 ans à Magenta, dans la Marne. Son entreprise est labellisée "Entreprise du Patrimoine Vivant".
Olivia Oberlin vient de Colmar, en Alsace. Elle exerçait à Paris comme styliste pour des bureaux de styles d’habillements et de créations textiles. C’est après la lecture d’un article dans le Figaro Madame qu’elle a eu envie de réorienter sa carrière. Le ministère de la Culture avait mis en place un dispositif pour sauvegarder des métiers d’art. Elle s’est alors investie dans une formation de trois ans. Elle ne le regrette pas, car aujourd’hui elle crée, restaure des éventails, imagine des pièces pour l’évènementiel.
Des princesses parmi ses clientes
Actuellement, Olivia Oberlin réalise un éventail pour un papetier allemand de Berlin. Elle peut intervenir dans des domaines très différents, avec des chocolatiers, des traiteurs...Elle travaille aussi pour le monde du spectacle, le théâtre, le cinéma.
Elle a des clients dans le monde entier. Son savoir-faire est reconnu. Les collectionneurs se tournent vers elle, mais également des altesses royales, des princesses, au Moyen Orient notamment. "C’est une chance de travailler pour ces personnes", dit-elle. Bien sûr, elles ont des exigences particulières. Je me souviens que l’une d’elles qui voulait, pour son mariage, un éventail assorti à ses chaussures. Il fallait y mettre beaucoup de strass et du coup, l’éventail ne pouvait plus se fermer".
Une infinie palette de matières
Ce qui plaît à Olivia Oberlin, c’est qu’elle ne s’interdit rien. "Le champ des possibles est extraordinaire", explique-t-elle. Elle va même jusqu’à créer des sculptures d’éventails, en montage et articulation, mais privés d’utilisation.
Elle aime explorer l’univers des matières. Elle va jusqu’à travailler avec de la toile cirée ou vinyle. "Le plus difficile, ce sont les matières épaisses comme le tweed", dit-elle. Parfois, elle doit faire face à des difficultés. Ce fut le cas pour une série sur le thème des flocons de neige, très en épaisseur.
Rien n’échappe à ses doigts agiles, que ce soit le cuir, la soie, les plumes ou la dentelle…La Colmarienne travaille de nombreuses essences de bois comme le palissandre, l’ébène, le bois de rose, la violette, l’acajou ou encore le peuplier et le hêtre. Ses structures sont en bois en résine ou en aluminium.
De quelques centimètres à plus d’un mètre
Si Olivia Oberlin travaille parfois pour des princesses, elle crée aussi pour des poupées. Ses plus petits éventails ne mesurent, une fois ouverts que quatre à cinq centimètres. Mais elle a également réalisé une pièce mesurant 1,2 mètre, une fois déployée.
Son travail peut prendre quatre à cinq jours et jusqu’à plusieurs semaines. "J’aime aller jusqu’au bout des choses, avoir une vision aboutie de mon travail", confie-t-elle. "Il faut d’abord faire un croquis, rechercher la faisabilité et faire une maquette en papier. C’est plus long lorsqu’il faut en amont fabriquer des outils, comme un moule à plisser".
L’éventailliste pendant ses temps morts restaure des pièces anciennes. Restaurer était une manière d’apprendre. Pendant sa formation, elle a d’ailleurs tenu entre ses mains un éventail qui datait du Moyen Âge. Dans son atelier, elle peut intervenir sur des éventails du 18è siècle.
Des collectionneurs font appel à elle. Son excellence est reconnue. Être labellisée Entreprise du Patrimoine Vivant en est une preuve. "C’est un signe de reconnaissance, un gage de qualité, de régularité du travail et d’authenticité", souligne-t-elle.
Le ministère de la Culture avec le dispositif des maîtres d’art entendait sauvegarder des métiers en voie de disparition. Olivia Oberlin a relevé le défi avec succès. Son atelier est une adresse de choix notamment pour les élégantes qui veulent s’offrir un souffle d’air.