Vendanges en Champagne : le repos hebdomadaire suspendu par un décret officiel ravit les vignerons et alerte les élus de gauche

Mercredi 10 juillet 2024, un décret a été publié permettant aux vignerons de suspendre le temps de repos hebdomadaire de leurs salariés. Les professionnels du secteur se satisfont de la nouvelle, mais elle suscite de vives critiques auprès de certains élus de gauche.

Terminée, la sieste au soleil entre les vignes, le dimanche, pour les saisonniers champenois. Pendant la période de vendanges, les salariés recrutés pour assurer la récolte de raisin n’auront désormais plus de jour de repos hebdomadaire obligatoire comme le Code du travail le prévoit. Le décret publié au journal officiel apporte des précisions sur les conditions de suspension du repos hebdomadaire dans certaines filières de la production agricole.

Un assouplissement de règlementation pour lequel se sont battus les parlementaires locaux Xavier Albertini et Lise Magnier. Le député de la Marne détaille : « Les salariés et vendangeurs, quand ils viennent pour une période de quelques jours dont un week-end, ce n’est pas pour se reposer mais pour travailler. Ils souhaitent être en continuité dans leur réalisation pour repartir un peu plus vite, ça s’appelle du bon sens. De l’adaptation de la règle au bon sens viticole. » 

"On vendange quand le raisin est mûr" 

Les vendanges constituent un moment-clef pour les vignerons champenois. 100 000 personnes se déplacent chaque année dans la région pour assurer les récoltes. Maxime Toubard, président du syndicat des vignerons de Champagne, explique : « Tout est vendangé à la main, on vendange quand la qualité du raisin est optimale. Des contraintes techniques qui font qu’il y a beaucoup de personnes en peu de temps. » 

La période des récoltes se condense en une dizaine de jours. Pour optimiser ce précieux temps de travail, le décret est le bienvenu selon le président du syndicat. « C’est une bonne chose, ça permet de clarifier la situation et surtout les vendangeurs sont satisfaits, quand ils viennent faire les vendanges, ça leur fait une bonne paye et ils cumulent le travail. » 

Pour Xavier Albertini, député Horizons de la Marne, cette clarification du droit du travail était aussi nécessaire : « Il y avait un antagonisme entre les règles nationales et les dérogations locales, nous sommes la seule région qui vendange à la main, la qualité des récoltes ne peuvent pas être tributaires d’une règle qui ne correspond pas à une situation spécifique. »

"Jamais une grappe de raisin ne vaudra une vie humaine"

Ce bon sens appliqué aux besoins viticoles spécifiques de la région, Anthony Smith, ne l’entend pas de cette oreille-là. Pour l'eurodéputé de la Marne LFI, il s’agit d’une menace envers un droit fondamental. « Avoir 35 heures de repos continu, c’est un droit durement acquis. Un temps durant lequel le corps se reconstitue pour pouvoir travailler, encore plus quand on est dans des travaux physiques, pénibles, dans des conditions climatiques difficiles comme les vendanges. »

Dans le Code du travail, ce repos hebdomadaire ne peut être supprimé qu’en cas de « circonstances exceptionnelles. » Pour l’eurodéputé, les vendanges ne constituent en rien une exception « Elles se reproduisent chaque année. »

Autre pierre d’achoppement au sujet de ce décret, le temps de travail. En France, la durée maximale autorisée par semaine est de 48 heures. « Pendant les vendanges, des dérogations autorisent de l’allonger jusqu’à 60, voire 72 heures » s’insurge Anthony Smith, inspecteur du travail de profession. L’eurodéputé conclut : « Ce nest pas en exploitant toujours plus le corps des hommes quon trouvera de la main-d'œuvre, jamais une grappe de raisin ne vaudra une vie humaine".

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