Les vignerons de Champagne sont mobilisés pour repousser les dégâts du gel dans leurs vignes. Avec l'annonce des températures négatives en ce début de semaine, les viticulteurs doivent prendre des dispositions pour préserver leur récolte. À Orbais-l'Abbaye dans la Marne, les vignerons utilisent notamment le procédé d'aspersion.
Le jour n’est pas encore levé, mais les vignerons sont déjà dans les vignes depuis longtemps. Un œil sur les vignes, un autre sur le thermomètre. À Orbais-l’Abbaye, dans la Marne, c’est à 5 h 45 que la décision d’arroser les vignes a été prise.
«Toutes les conditions étaient réunies au niveau de l’hydrométrie et de la température, juge Remi Vincent, le directeur technique des vignobles Vranken Pommery. On a vu les températures chuter d’un demi-degré en vingt minutes, on a donc décidé de déclencher les jets d’eau.»
Utiliser le gel pour se prémunir du gel, l’idée peut paraître saugrenu. C’est pourtant tout le principe de la méthode d’aspersion. Sur les vignes arrosées, le gel va s’attaquer aux gouttelettes d’eau. Un phénomène physique qui va paradoxalement générer de la chaleur.
«Concrètement, on va venir créer une poche de glace autour du bourgeon et des feuilles, explique Pierre-Hubert Crozat, chef de caves pour Vranken. Quand on asperge la vigne, cette eau se transforme en glace, elle dégage des calories. Ces calories permettent alors à la vigne de se maintenir à une température supérieure à 0 degré. Il existe d’autres moyens pour lutter contre le gel, comme les chaufferettes ou les éoliennes. Mais l’aspersion est la plus efficace, car elle va permettre de protéger les végétaux jusqu’à des températures de -6 à -7 degrés.»
Sauver la récolte
Ces derniers jours, ces gelées printanières ont mobilisé les agriculteurs dans la France entière. Viticulteurs, maraîchers… Tous redoutent ces épisodes qui peuvent dans certains cas, anéantir toute une récolte.
«Le but est de sauver notre récolte, résume Rémi Vincent. C’est une période très sensible, car les jeunes feuilles de la vigne vont être fragiles face au gel dès -1 ou -1,5 degrés environ donc c’est impératif à ce moment-là de lancer un moyen de protection afin de préserver le végétal. On n’a pas eu cette nuit de température très basse, mais ça reste nécessaire, car les températures restent proches de 0 et il y a surtout la combinaison de ces basses températures avec un fort taux d’humidité. C’est là que le risque est accru.»
Dans la Marne, tous les secteurs ne sont pas exposés aux mêmes risques de gelée. Ce matin, à 5 h 30, les équipes du groupe Vranken-Pommery-Henri-Vasnier ont relevé des températures de 1 degré au nord de la montagne de Reims, 3 degrés dans la vallée de la Marne et 0,5 degré à Orbais.
Vigilance jusqu'à mardi
À Orbais justement, l’arrosage des vignes a continué jusqu’à ce que le soleil illumine les vignes. «Quand le soleil commencera à illuminer les vignes, estime Remi Vincent, la température va progressivement remonter et on va pouvoir arrêter les jets.»
Pourtant, la mobilisation des vignerons ne s’arrête pas là. Les équipes resteront en alerte encore dans la nuit de lundi à mardi. «Je pense qu’on commencera encore plus tôt demain, on risque de venir dès 2 heures ou 3 heures du matin».