"Le terrain n'est pas abandonné mais nous avons trop peu d'effectifs pour l'occuper", estime François Swiderski, secrétaire départemental Alliance Police Nationale Marne.
L'agression de Christian Lantenois, photojournaliste au quotidien l'Union, n'a pas fini de faire réagir. Ce dimanche 28 février, alors que l'état du journaliste est toujours "préoccupant mais stable", l'Elysée a demandé à ce que les agresseurs du photo-reporter soient "interpellés au plus vite". En filigrane, c'est également le quartier Croix-Rouge à Reims et le rôle de la police dans le quartier qui est en question.
France 3 Champagne-Ardenne a interrogé François Swiderski, secrétaire départemental Alliance Police Nationale Marne.
France 3 : Comment réagissez-vous à cette agression d'un photo-journaliste ?
François Swiederski : Tout d'abord, nous tenons à dire que nous sommes de tout cœur avec sa famille, nous espérons qu'il se remettra de ses blessures. Monsieur Lantenois collaborait régulièrement sur de nombreux événements avec beaucoup de nos collègues. Nous espérons qu'il se remettra de ses blessures.
Concernant les faits, ils sont évidemment dramatiques. Il s'agit d'une affaire criminelle. Mais cela traduit toute la violence qui a lieu au quartier Croix-Rouge ces derniers jours et depuis plusieurs années.
Comment les policiers interviennent-ils dans ce quartier ?
F.S : Le quotidien des policiers, depuis 2013, date à laquelle le quartier Croix-Rouge a été classé en ZSP (zone de sécurité prioritaire), c'est de patrouiller sans arrêt, de collaborer avec les acteurs sociaux et judiciaires. Manifestement, cela ne suffit pas. La ZSP c'est maximum 7 à 8 effectifs dédiés, mais ce n'est pas suffisant pour couvrir un territoire aussi vaste. Ils sont souvent à pieds, pas souvent véhiculés. Il faudrait plus d'effectifs. Ceux annoncés par le ministre de l'Intérieur lors de sa visite en septembre dernier sont les bienvenus.
Les effectifs ne sont pas arrivés. On a eu quelques recrues sorties d'école dernièrement, nous en sommes très contents car il est vrai que les effectifs rémois et marnais sont en souffrance, comme partout ailleurs. Le ministre a annoncé la création d'un quartier de conquête républicaine, avec 15 effectifs, il est temps de nous les envoyer et de mettre tout cela en place. Alors je sais que tout ne se fait pas en un claquement de doigts, mais la situation presse.
Quel sont les problèmes dans ce quartier ?
F.S. : Je pense que ce sont beaucoup de communautés présentes dans le quartier Croix-Rouge, la question avait été soulevée par le syndicat Alliance lors de la venue de Gérald Darmanin, pendant l'entrevue avec son conseiller social, puisqu'il était question des prémices de la loi sur les séparatismes. Nous avions évoqué avec lui la question de certaines communautés qui s'approprient certains territoires.
Par endroit, il s'agit de la présence constante des individus qu'on a du mal à faire partir. Pour d'autres, c'est le trafic de drogue, d'autres endroits encore il s'agit d'autres problématiques.
Ce projet de quartier de conquête républicaine porte bien son nom, mais encore faut-il pouvoir le reconquérir. Et pour cela, il nous faut des effectifs.
Est-ce que les policiers redoutent d'intervenir à Croix-Rouge ?
F.S. : Les policiers n'ont pas peur de se rendre sur le terrain. Ils font du mieux qu'ils peuvent avec les moyens dont ils disposent. Quand ils sont en difficulté, les policiers n'ont pas d'autre choix que de différer les interventions pour se protéger ainsi que les personnes du quartier. Néanmoins, nous sommes présents à Croix-Rouge, nous y sommes jour et nuit, il y a des opérations fréquemment. Le terrain n'est pas abandonné mais nous avons trop peu d'effectifs pour l'occuper.
Quelle serait la solution pour améliorer la situation ?
F.S. : Pour Alliance police nationale, la réponse est claire. Il faut plus d'effectif pour la mise en place du projet quartier de conquête républicaine. Une mise en place qui ne doit pas se faire à effectifs constants mais avec un apport extérieur d'effectifs. Il faut que ces effectifs aient un minimum d'expérience, parce que les quartiers Croix-Rouge et Wilson exigent que ce soient des policiers chevronnés qui officient dans ces quartiers.
Il faut également une réponse pénale adaptée. Que vaut le travail des policiers, avec toute l'abnégation qu'ils y mettent, si la réponse pénale ne suit pas ? La réponse pénale pêche par clémence parfois. Nous le regrettons, car le métier de policier sur le terrain est très exigeant et les expose à chaque instant. Mais également le travail des policiers d'investigation. Nos collègues de la sûreté départementale de Reims sont sur l'affaire depuis hier. Ils y ont passé une bonne partie de la nuit et ils y passeront encore une bonne partie de la journée.