Ce qui était au départ une photographie anonymement postée sur un forum est devenu viral sur le Web. Ce cliché d’une pièce spécialement glauque a enfanté un monde imaginaire, infini, rempli de milliers de niveaux, peuplés de créatures hostiles. Les internautes ont cherché pendant des années l'origine du lieu (réel) qui a donné naissance au premier de ces niveaux et au phénomène des "Backrooms". Et l'ont finalement trouvée à la fin du mois de mai.
Connaissez-vous les Backrooms ? Non, non, pas l'arrière-salle glauque d'un club de strip-tease ou d'un bar gay. Il s'agit ici d'un phénomène Internet né en 2019. Ce dernier est devenu un genre à part, tout un univers, presque un multivers, créé de manière collaborative par des internautes du monde entier. On ne compte plus les histoires écrites, les vidéos Youtube, et même bientôt un film au cinéma.
Sans oublier les jeux vidéo qui reprennent le concept : un jeune étudiant rémois de l'École supérieure de génie informatique (ESGI), Ahmad Daoud, présent lors du HackSecu'R (un concours de hackeurs pour la bonne cause) est en train d'en concevoir un. Interviewé le vendredi 31 mai 2024, il en a profité pour raconter toute l'histoire des Backrooms à France 3 Champagne-Ardenne. Il s'agit d'un sujet d'actualité car depuis cinq années, nombreuses étaient les personnes à tenter de découvrir où se trouvait la fameuse pièce jaune qui est devenue le point de départ du phénomène. Le mercredi 29 mai 2024, ce véritable trésor numérique a été trouvé. Voici comment.
Peur et créativité : aux origines du phénomène
"Cette image a intéressé énormément de monde", relate Ahmad Daoud, "car elle était très mystérieuse. Il n'y avait aucune explication derrière quand elle a été postée la première fois sur 4chan", forum de discussion en anglais où sont publiées de nombreuses images et une masse infinie de commentaires. On y trouve le meilleur comme le pire d'Internet, et c'est le lieu de naissance de nombre de mèmes (contenus détournés souvent à but humoristique partagés à grande échelle sur les réseaux, plus d'informations dans notre article sur le sujet), mais aussi de creepypastas : légendes urbaines effrayantes diffusées sur Internet. Les Backrooms sont un peu les deux en même temps.
Le dimanche 12 mai 2019, un utilisateur anonyme (il n'y a pas de pseudonymes sur 4chan) démarre un fil de partage d'images de lieux jugés "off", c'est-à-dire glauques ou malaisants. Parmi les réponses, on trouve une image du lieu aux teintes jaunes mentionné et visible en début d'article.
Dieu vous vienne en aide si vous entendez quelque chose rôder à proximité, car il est absolument certain que ça vous a entendu.
Utilisateur anonyme de 4chan, le 12 mai 2019
Une sous-réponse à cette image, postée neuf heures après, explique alors "que si vous ne faites pas attention et que vous noclippez [passer à travers le mur/sol, comme dans un bug de jeu vidéo; ndlr] hors de la réalité au mauvais endroit, vous atterrirez dans les Backrooms. Là, vous ne trouverez rien d'autre que l'odeur de vieille moquette moisie, du jaune à perte de vue qui finit par vous rendre dingue, avec pour fond sonore et sans arrêt le grésillement de néons poussés au maximum; prisonnier d'environ six millions de miles carrés [1 mile = 1,609 km; ndlr] de pièces compartimentées, générées au hasard, et vides. Dieu vous vienne en aide si vous entendez quelque chose rôder à proximité, car il est absolument certain que ça vous a entendu."
Pas le meilleur endroit pour faire du tourisme
Bonjour l'ambiance... "C'est devenu très populaire", narre Ahmad Daoud. Le niveau zéro des Backrooms est né. L'association de ce texte et de cette image inspire les autres internautes. Leur imagination fertile leur fait créer des histoires connexes, des descriptions d'autres niveaux, ou encore des propositions de ce que sont ces fameuses "choses" qui rôdent. "Ce sont des monstres, on les appelle les entités. On a presque toujours l'impression que quelque chose nous suit dans les Backrooms, qu'on nous regarde. Même s'il n'y a rien."
Évidemment, les lieux se reconfigurent en permanence derrière vous, et partir d'un emplacement puis revenir sur vos pas ne vous ramènera pas là où vous étiez avant. Le niveau zéro s'étale selon certains calculs sur au moins trois fois la superficie totale de la Terre, n'a pas de sortie indiquée, et même si vous en trouvez une, vous vous retrouverez... dans l'un des milliers d'autres niveaux qui existent. Impossible de quitter cet univers parallèle, caché, et éminemment létal. Des limbes, ou labyrinthe du Minotaure 2.0, sans fil d'Ariane cette fois-ci.
Tout le lore, c'est-à-dire l'univers entourant cet embryon des Backrooms, est compilé de manière participative sur un wiki dédié (c'est un peu comme Wikipédia, mais juste pour cet univers fictif et en faisant comme s'il était vrai). "On a eu toute une communauté qui a commencé à documenter ces espaces. Les gens ont joué le jeu." Comme si des personnes qui survivaient à l'intérieur voulaient en informer d'autres, piégées à leur tour.
Cette enfilade de salles jaunâtres, "qui ne sont qu'un seul niveau, ne sont plus seules. Il y a bien d'autres niveaux." Plus de 1 000. Un ensemble de pièces d'un entrepôt lui aussi infini ("c'est récurrent"), des couloirs carrelés remplis d'eau, d'autres couloirs appartenant cette fois à un hôtel ("il faut trouver la bonne chambre pour changer de niveau"), ou encore des ruelles pleines de néons colorés rappelant celles d'une grande métropole asiatique la nuit... pour ne citer que ça. Ahmad Daoud précise qu'"on a la sensation qu'il y a une activité humaine dans ces lieux, mais qu'on n'y voit personne". Le niveau le plus abominable qu'il cite, le 26, se déroule sur un bateau de croisière dont les salles sont remplies de cotillons, ballons de baudruche, et tables dressées pour festoyer. C'est un piège, car les entités qui y vivent, des créatures humanoïdes aux bras munis de mâchoires, sont les prédateurs ultimes des Backrooms.
Le lieu trouvé en une semaine... puis cinq ans
Outre les gens qui créent de nouveaux contenus liés aux Backrooms, de véritables armées d'internautes tentent de trouver la localisation de la pièce aux teintes jaunes, celle dont tout est parti. "On a d'abord pensé qu'elle datait de 2017", relate Ahmad Daoud. Mais sans succès jusqu'à ce fameux jour de mai 2024. "On a enfin découvert qu'elle datait de travaux remontant à 2003." Un wiki dédié aux contenus audiovisuels perdus ou difficiles à trouver rapporte que la découverte s'est faite par des enquêteurs d'un serveur Discord (Virtual World). Elle a été permise par @rkfg_me, un utilisateur de Twitter (s'appelant encore Twitter à l'époque) qui semblait avoir trouvé la source de l'image... le 19 mai 2019, soit sept jours après sa publication sur 4chan. Il avait utilisé une recherche ciblée via Google ou Yandex (le "Google russe"). Mais personne n'a rien remarqué sur le moment. Et lui-même n'y a pas prêté plus d'attention, le phénomène étant alors très peu connu à l'époque.
"On a enfin découvert qu'elle datait de travaux remontant à 2003."
Ahmad Daoud, étudiant en informatique et développeur d'un jeu-vidéo sur les "Backrooms"
Des années de recherches ont donc suivi. Compilées sur un document de 39 pages, elles s'attardaient sur les modèles de prises électriques et de plafonniers apparaissant sur le cliché (pour déterminer le pays), sur les motifs de papiers peints par rapport à des archives de décoration d'intérieur (pour déterminer la période), sans oublier une exploration en profondeur de nombreuses sauvegardes partielles de pages Internet des années 2010. Il est apparu que l'image publiée originellement sur 4chan avait comme nom de fichier Dsc00161.jpg. Les entrées Google n'ont rien donné, mais un utilisateur a essayé de rechercher ce terme sur Twitter, tombant sur le tweet originel de 2019 cité plus haut.
Le lien du site indiqué ne fonctionnait évidemment plus. Mais la vérité a surgi grâce à un petit tour "de la Wayback Machine" du projet Internet Archive, "qui permet de visionner d'anciennes versions des sites Web. C'est comme ça qu'ils l'ont trouvée." Permettant de découvrir ceci. Un vieux site de 2003 présentant des travaux... dans un futur circuit de voitures radiocommandées. L'annonce de la découverte fait grand bruit sur les réseaux sociaux. L'adresse, la description des lieux : tout y est (voir emplacement précis sur la carte ci-dessous).
Dès lors, le mystère semble enfin résolu. L'entrée des Backrooms se trouvait... au fin fond de l'État américain du Wisconsin. À Oshkosh, aux numéros 807 et 811 d'Oregon Street. Un ancien magasin de meubles, Rohner's Furniture Store, a été liquidé dans les années 1990. Il a été racheté par Hobbytown, au 807, dont la surface de vente donne sur la rue. Le 811, lui, a été repris bien après par Fabulous Finds, un magasin de meubles (l'histoire se répète). Dans les années 2000, Hobby Town lance des travaux pour aménager deux circuits sous le nom de Revolution Raceway. Un en terre battue, au rez-de-chaussée, à l'arrière du magasin; et l'autre, avec un sol en moquette (neuve), à l'étage au-dessus du magasin. C'est là où avait été photographiée la pièce qui est devenue l'origine des Backrooms : elle n'existe donc plus du tout.
Le magasin et les circuits sont très fréquentés et font la joie des personnes dont ils constituent la passion. Pour les Américains fans des Backrooms et vivant dans cette ville, voire fréquentant cette enseigne, le choc a dû être rude. On apprend même qu'il y avait eu un dégât des eaux ayant abîmé la moquette, que les plafonniers bruyants avaient besoin d'être changés, et que ça manquait bien de fenêtres. Comme dans la description postée sur 4chan. Un autre angle de la salle permet de découvrir qu'une énième cloison s'y trouvait, avec des arches. Amad Daoud est médusé. "C'est à la fois impressionnant que depuis tout ce temps, on ne l'avait jamais trouvée... et qu'en même temps, on ait fini par réussir à le faire. Elle était vraiment cachée sur un site inconnu, impossible à trouver avec des mots-clés."
À l'assaut d'un banal magasin de loisirs électroniques
L'effet est instantané. Des centaines d'avis Google à cinq étoiles sont déposés pour le magasin en faisant référence aux Backrooms (d'autres précisent en dehors de tout ça que l'équipe de l'enseigne est adorable et passionnée). Le patron est bombardé d'appels téléphoniques, et le canard local, l'Oshkosh Northwestern, écrit un article sur cette drôle d'histoire.
Des gens ne tardent pas à venir des quatre coins du pays pour demander à visiter l'endroit, prendre des photos et les publier sur Reddit... même s'il ne ressemble plus du tout à ce qu'il était à l'époque. Le contexte n'est pas le plus propice à ces effusions, car le club de voitures radiocommandées vient de perdre l'un de ses membres les plus éminents. Néanmoins, le patron reconnaît publiquement la situation sur la page Facebook du magasin et s'en amuse, précisant que "cette image [qui n'est pas forcément prise du même angle; ndlr] semble très importante pour une communauté sur Internet" (voir publication ci-dessous).
L'histoire est d'autant moins banale qu'après tout ce temps, Ahmad Daoud rappelle qu'"il ne restait que deux images prises dans ce lieu" ayant survécu aux pertes de fichiers, "dont l'une d'elles était la fameuse image des Backrooms", tant recherchée par les internautes. Une partie tout de même regrette que le mystère entourant l'origine des Backrooms a été un peu éventé par cette découverte. Même si le fait que les autres images aient disparu permet de garder un peu de mystère.
On ne peut que s'interroger à leur sujet : voilà de nouvelles questions. Les fichiers existent-ils encore sur une disquette ? Qui a pris ces photographies ? Le gérant, Shawn Black, interviewé par les journalistes du Oshkosh Northwestern, précisait que le propriétaire, Robert "Bob" Mazza, était probablement celui qui avait pris la photographie (datée du 12 juin 2002 grâce à des données internes de type EXIF), ou alors l'une des personnes ayant participé aux travaux. Une disquette existerait encore bel et bien, les internautes essayant de faire parvenir un lecteur encore compatible à l'équipe du magasin. Ce qui pose au passage la question de la pérénnité de nos supports de stockage : est-ce que dans 20 ans, toutes nos photographies de famille stockées sur nos ordinateurs pourront encore être consultées par la génération à venir ?
Et l'histoire continue
Bob Mazza, sur le groupe Facebook du circuit automobile, a également précisé à des fans curieux que "les séparations que l'on voit sur la photo étaient des cloisons séparant les différentes parties d'un magasin de meubles. Ils dissimulaient des poteaux de soutien [que l'on voit aujourd'hui sur le circuit moquette, à ne pas confondre avec le circuit en terre battue du rez-de-chaussée; ndlr]. On a démoli tout l'intérieur du bâtiment et l'a transformé en Hobbytown. La salle se trouve à l'étage." Des ouvertures ont également été percées pour y installer des fenêtres. Quelques fans lui ont suggéré de capitaliser sur la notoriété virtuelle des lieux, voire de reposer un peu de papier peint jaune, quand ce n'est pas carrément de reconstruire les lieux à l'identique, niant la vocation actuelle du site...
Dans le magasin de meubles d'à côté, Fabulous Finds (dont l'étage semblait à l'origine connecté à celui de Hobbytown), la fameuse moquette est apparemment restée en place jusqu'en 2016. De nombreuses photographies des travaux ont été déterrées. On y voit notamment la moquette être arrachée, et des cloisons de couleur plus verte que jaune : elles sont restées en place, contrairement à chez Hobbytown, mais ont été repeintes (le magasin est également visité par les fans). De quoi pousser quelques uns à entraîner de nouvelles recherches pour élaborer les plans des lieux tels qu'ils étaient avant les travaux, ou déterminer les angles de prises de vue précis des clichés. Il y en a même qui s'évertuent à retrouver des vieilles photographies de journaux et tenter d'obtenir des indices en observant les reflets des miroirs. Histoire d'éviter les fausses pistes.
Une semaine après cette découverte, la communauté des Backrooms a fait coup double en découvrant apparemment la localisation d'une maison dotée d'un drôle d'escalier, apparaissant dans le niveau 231. Une carte a été créée pour recenser tous ces lieux qui sont sortis de l'anonymat.
Les espaces liminaires ont leurs fans
Si cette enfilade de pièces jaunâtres, et celles contenues dans tous les autres niveaux des Backrooms, ont eu tant de succès, c'est à cause du concept d'espaces liminaires. "Ça n'a pas une définition très claire", concède Ahmad Daoud. On appelle ainsi les lieux traditionnellement associés à de l'activité humaine, mais vides : des couloirs d'hôtel, des halls d'aéroports, des allées de supermarché, qui ont pour point commun de "se répéter, mais pas vraiment, voire qui paraissent infinis".
Les aires de jeux pour enfants sont parfois aussi citées si on n'y voit personne. Le ressenti qui ressort de tous ces lieux est une sorte de familiarité, voire "de nostalgie, même si on n'a pas été dans un endroit qui y ressemble". Mais c'est généralement "une sensation bizarre", voire un vague malaise qui transparaît, un peu comme l'image que renvoyaient les rues totalement vides de présence humaine lors des confinements dus à la crise du Covid.
"Tout dépend de l'interprétation qu'en fait la personne." Si cette drôle de pièce aux teintes jaunes paraît ici franchement bizarre, c'est à cause de plusieurs détails. Par exemple le fait qu'elle soit tapissée de plusieurs papiers peints différents (il faut avoir l'œil pour le remarquer), ou que certains murs ne montent pas jusqu'au plafond. Mais avec la découverte de leur localisation réelle, on trouve une explication logique : l'exposition antérieure de différents types de mobiliers, nécessitant de simuler plusieurs intérieurs.
L'audiovisuel n'est pas en reste. Un jeune vidéaste, Kane Parsons (sous le pseudonyme Kane Pixels) réalise en 2022 un petit film qu'il publie sur Youtube. Le procédé de tournage, se faisant passer pour une vidéo amateur de neuf minutes, rappelle le concept du Projet Blairwitch (ce sous-genre cinématographique s'appelle le found foutage).
Tous les intérieurs dans sa vidéo reprennent une modélisation 3D de bonne facture. "Les Backrooms, c'était surtout des images et des histoires. Lui s'est fait connaître par ses visualisations en 3D. Il a vraiment amplifié le phénomène." Le succès est au rendez-vous : deux ans plus tard, le vidéoclip compte 59 millions de vues, deux millions d'appréciations, et 91 000 commentaires. Une série de plusieurs épisodes est publiée dans la foulée, toujours sur Youtube (voir la vidéo originale ci-dessous).
Le succès de la vidéo décuple l'intérêt pour cet univers. On commence à parler de la réalisation d'un film (toujours par Kane Parsons) qui sortirait au cinéma. L'ampleur du phénomène finit par attirer l'attention des médias. Le Monde titre ainsi sur ces projets où "pour faire peur, ils écrivent leurs histoires à plusieurs".
Courant 2022-2023, c'est au tour des vidéastes français de s'y mettre. Notamment Alterhis, qui raconte l'histoire en la modifiant (c'est l'uchronie, par exemple Napoléon gagnant la bataille de Waterloo) ou qui téléporte le Paris moderne à l'aube de la Guerre de cent ans : France 3 Champagne-Ardenne en avait parlé. Dans l'une de ses créations audiovisuelles, il reprend l'univers des Backrooms et l'adapte en imaginant les conséquences géopolitiques découlant de l'existence, de la découverte, puis de l'exploitation militaire et commerciale de cet univers parallèle (voir la vidéo ci-dessous).
Ce ne sont que deux exemples parmi tant d'autres. Quant aux jeux vidéo, on peut citer le projet d'Ahmad Daoud (avec son condisciple Mohamad Baker), qui ne cache pas avoir été inspiré "par Kane Pixels. Ça m'a marqué. J'ai voulu voir si j'allais pouvoir développer ma propre idée des Backrooms en m'inspirant de sa vision des choses, et en poursuivant le travail qu'il avait entamé."
Lui se concentrerait sur un point d'entrée dans ces fameuses Backrooms. "On dispose de plusieurs informations sur la façon d'y entrer. Le but du jeu sera de simuler une de ces entrées. On y entrera. Commencera alors un jeu d'aventure où il faudra explorer." Le wiki des Backrooms sera évidemment largement mis à contribution pour que l'expérience soit la plus authentique possible, ainsi que les vidéos de Ken Parsons. "L'environnement qu'il avait créé en 3D rendait bien : l'ambiance était effrayante, mais intéressante. Donc j'aimerais bien restituer cette ambiance."
Comme le jeune étudiant ne dispose pas d'un ordinateur de la Nasa pour créer des niveaux infinis défiant les lois de la physique, il va recourir à de bonnes vieilles illusions d'optiques, "en jouant avec l'espace ou la caméra". Un couloir de supermarché pas si infini en téléportant régulièrement le joueur en arrière sans qu'il s'en rende compte, ou un couloir d'hôtel tournant en rond : un cercle n'a ni fin, ni commencement. Pas bête.
Pour ce faire, il utilise le moteur graphique Unity. "J'ai un peu d'expérience là-dedans : je suis développeur informatique [il est alternant; ndlr], et on a eu des cours là-dessus à l'ESGI." Il lui faut aussi générer les comportements et déplacement des entités, "ce qui va prendre du temps". À raison d'une dizaine d'heures de travail par semaine, il reste énormément à faire, et il n'a pas de date prévisionnelle pour la fin de son projet, débuté en juillet 2023. Idéalement, le jeu, qui n'a pas encore de nom, sortirait sur la plateforme Steam, et comprendrait un mode multijoueur. Il est possible de suivre l'avancée du projet et d'y participer en rejoignant son serveur Discord.
Voilà pour les Backrooms. Si vous n'en avez pas eu assez, sachez que l'univers de la Fondation SCP est du même acabit. Son wiki est rempli de rapports pseudo-scientifiques, écrits "comme si", au sujet de mystérieux phénomènes tels que, pour n'en citer qu'un (car l'article est déjà bien long), un escalier sans fin. L'imagination des communautés créatives sur Internet paraît donc sans fin.