De nouvelles stations permettant l'utilisation des Zébullos, ces vélos électriques en libre-service à Reims (Marne), doivent ouvrir au début de cette année 2024. Un vrai succès.
On en voit régulièrement dans les rues de Reims (Marne). Leur couleur, le bleu électrique, passe difficilement inaperçue. Une couleur bien choisie, puisque les Zébullos sont des vélos électriques (mais on peut quand même s'en servir même s'il n'y a plus de batterie).
Ces vélos en libre-service ont commencé à conquérir Reims en 2019, sous l'égide du prestataire Champagne Parc Auto. Leur nombre ne cesse de croître depuis lors, favorisant les déplacements de proximité urbains (principalement) via des moyens de mobilité douce.
Le prestataire avance le chiffre de 58 stations de Zébullos. Mais il y en aura bientôt encore un peu plus. La 59e, à côté de la gare Champagne TGV à Bezannes, vient d'être installée. On en trouvera bientôt aussi sous l'IUT/faculté des sciences (en janvier également), et à côté du planétarium et du secteur Sainte-Anne (voir la carte ci-dessous pour les emplacements).
L'installation des stations (qui servent à garer les vélos et non à les recharger), et l'achat des vélos et de leurs batteries, a représenté un investissement plus de 650 000 euros. Ce sont des frais fixes, qui peuvent être compensés par l'augmentation des revenus ramenés par l'augmentation de la flotte de vélos.
Investir pour la mobilité douce
Mais augmenter le nombre de vélos augmente aussi les charges d'exploitation : redevance d'occupation de l'espace public, frais logiciels (application téléphonique, géolocalisation des vélos et de leurs bornes)... Il faut donc trouver un équilibre. En 2023, chaque vélo a coûté 1 592 euros au prestataire, mais n'a rapporté que 507 euros.
Décrits comme "volontairement incitatifs", les tarifs d'abonnement (7 euros la semaine, 25 euros le mois, 100 euros l'année) prévoient tous pour chaque trajet la gratuité des quinze premières minutes de circulation à vélo (puis cinq centimes la minute) : 37% des trajets effectués en Zébullo sont donc gratuits. À noter que rouler sans abonnement (dit circulation flash) coûte dix centimes la minute, dès qu'on commence à pédaler.
Il faut aussi compter sur le salaire de la personne chargée de recharger les vélos. Les bornes ne sont pas trop compliquées à installer, mais elles ne sont en contrepartie pas électrifiées et ne rechargent pas les Zébullos. Quelqu'un doit donc venir recharger les batteries, station par station, sur toute la ville.
Elle en profite pour rééquilibrer le nombre de vélos. Car une station avec quatre arceaux peut se retrouver avec dix vélos, et une station de huit arceaux être complètement vide au même moment (un système de chaînes permet d'arrimer son vélo à un vélo déjà stationné, si plus aucun arceau n'est disponible). Cette personne est aussi chargée de vérifier s'ils ne sont pas abîmés (ou volés), et de les entretenir et réparer.
L'usage du vélo libre-service se répand
Estelle Fontaine, la directrice générale de Champagne Parc Auto, se satisfait de l'augmentation du nombre de cyclistes utilisant les Zébullos. "Les retours usagers sont très positifs au point que les habitants sollicitent de plus en plus d’installations. Le nombre de locations a été multiplié par 10 depuis 2021."
Les retours usagers sont très positifs au point que les habitants sollicitent de plus en plus d’installations.
Estelle Fontaine, directrice générale de Champagne Parc Auto
Le service a également séduit des municipalités des Ardennes, de l'Aisne, et de la Guadeloupe. Les mêmes arguments reviennent à chaque fois. "Au-delà du caractère de la contribution à la réduction des émissions de gaz à effet de serre, les vélos en libre-service présentent de nombreux avantages : stationnement près du domicile, économies liées à l’entretien et à la maintenance d’un vélo personne..."
Une habituée du service, prénommée Céleste (on la retrouvait déjà à la Ride in Reims pour redécouvrir la ville à pédale le soir), confie à France 3 Champagne-Ardenne son intérêt. "J'utilise régulièrement Zébullo. C'est pratique, notamment quand je vais à la gare ou à d'autres endroits où je ne veux pas m'encombrer d'un vélo."
"C'est aussi pratique de pouvoir le prendre à une station et le déposer dans une autre, vu qu'il y a beaucoup de stations un peu partout." Une remarque intéressante, car à Strasbourg, la plus cyclable des villes de France, il faut pourtant repositionner son Vel'hop en libre-service à la station où on l'a emprunté (sinon, on paye des pénalités). Pas pratique du tout.
Prendre en compte la batterie
"Le seul défaut que je pourrais trouver à Zébullo, c'est que le soir, les vélos sont presque tous déchargés." Certes, on peut encore rouler avec, mais en montée (ce qui n'est pas rare à Reims), cela peut gêner. Les batteries sont prévues pour pouvoir tenir entre 20 à 25 kilomètres. Un vélo non-utilisé perd environ 3% de sa charge par heure, ce dont il faut aussi tenir compte.
"Près de 120 à 150 batteries sont changées chaque jour", souligne Estelle Fontaine. "Les principales contraintes du service est le maintien en permanence du niveau de charges des batteries, week-ends et soirs compris, sur l’ensemble de la flotte. Et l’indisponibilité de vélos sur les stations les plus fréquentées. L’acquisition prochaine de batteries plus autonomes" est prévue.
Le prestataire a conscience que le nombre de vélos est parfois insuffisant, et que certaines zones gagneraient à être équipées de stations supplémentaires. "La demande est grandissante." Il est donc envisagé d'augmenter le nombre de vélos (et de stations) "pour satisfaire les demandes et densifier" le réseau.
Pas de stations partout
Le nombre de stations est évolutif, et est soumis à l'autorisation des communes. Il prend en compte les modes de mobilité de la population (et sa densité), la présence de pistes cyclables et de dessertes de transports en commun, la proximité ou non d'autres stations, s'il s'agit d'une zone touristique...
Les usagères et usagers, mais également les entreprises et institutions, peuvent faire la suggestion de nouvelles stations en écrivant par courriel à Champagne Parc Auto. Ainsi, plusieurs ont été installées devant des hôtels, des centres commerciaux, ou les gares SNCF. Mais il n'est pas possible de répondre favorablement à chaque fois, notamment pour celles concernant la place Royale, devant la cathédrale ou Saint-Remi, la (très longue) avenue de Laon ou la rue de Vesle...
En cause : la présence de pavés ou de trottoirs trop étroits, la proximité de monuments historiques par exemple. Sans oublier que si une zone est déjà très fréquentée par les voitures, les bus, ou les piétons, cela risque d'augmenter le nombre d'accidents. De quoi justifier, à regret, la non-création d'une station. Il faut aussi prendre en compte la fréquentation : toutes les stations sont utilisées chaque jour, mais certaines (en centre-ville) plus que d'autres (celles excentrées). Il n'est donc pas possible d'en créer partout. Surtout à 4 500 euros la station de cinq arceaux à vélo.
Quoi qu'il en soit, "plusieurs dizaines" de nouvelles stations pourraient voir le jour dans les années à venir. Les responsables de Zébullo sont associés de manière très étroite avec les services municipaux. Un maillage de stations est prévu sur le tracé des futures lignes de bus à haut-niveau de service (BHNS), sur la voie des Sacres, ou encore le quartier du port Colbert. De quoi, "sans aucun doute", permettre d'"attirer de nouveaux utilisateurs et augmenter le nombre de trajets. Mais cela nécessitera des investissements importants." Zébullo n'a donc pas fini d'évoluer, et poursuit la recherche de son équilibre. Affaire à suivre.