Coronavirus : le casse-tête des agriculteurs pour distribuer leur production

Avec la fermeture des marchés et de la plupart des cantines de restauration collectives, de nombreux producteurs voient leurs débouchés disparaître et doivent trouver d'autres solutions. Témoignages dans la Marne et les Ardennes.

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Daniel Chevalier est producteur d'asperges à Vesigneul-sur-Marne, dans la Marne. Habituellement, il vend 90% de sa production sur les marchés. Mais depuis l’allocution du Premier ministre Édouard Philippe le lundi 23 mars, toutes les communes sont invitées à fermer leurs marchés extérieurs et intérieurs. Seules certaines d'entre elles pourront demander une dérogation préfectorale, si c'est le seul moyen, pour leurs habitants, de faire leurs courses alimentaires. "Pour le moment, je ne sais pas quels marchés vont fermer autour de chez moi. D'habitude, nous sommes présents sur 6 marchés par semaine, dont trois le samedi. C'est ce jour-là que nous réalisons 50% de nos ventes," explique l'agriculteur.

Alors comment va-t-il faire une fois que la récolte aura commencé ? "Il va falloir trouver de nouveaux débouchés. On fait un peu de vente en boutique, à la ferme, mais il n'est pas raisonnable d'accueillir du public chez nous. Je vais essayer de me rapprocher des magasins alentours pour mettre les asperges en dépôt".
 


Peut-on retarder les récoltes ?

Autre solution, essayer de maîtriser au mieux la pousse des asperges pour récolter le plus tard possible, en espérant que, d'ici là, les règles de confinement soient assouplies ou levées. "Nous sommes accompagnés par des techniciens de la chambre d'agriculture d'Alsace. Ils nous conseillent d'éviter de bâcher les récoltes pour retarder la pousse. On peut aussi décider de ne pas récolter du tout cette année. On va essayer de trouver le juste milieu", espère l'agriculteur.

Ironie du sort : les récoltes d'asperges sont en retard cette saison dans la Marne, à cause des pluies qui ont détrempé les sols. "Normalement, on serait déjà en train de récolter à cette époque de l'année ", souligne Daniel Chevalier. De quoi lui faire gagner un peu de temps sur le confinement.

Dans les Ardennes, impossible en revanche pour certains producteurs de retarder les récoltes. "Nous avions 800 kilos de carottes prêtes à être livrées à la cantine centrale de Reims", nous raconte Martine Guillet. Elle est productrice de fruits et légumes bio à Juniville. Si elle fait quelques marchés de temps en temps, la plupart de sa production est à destination de la restauration collective. D'ailleurs avec 25 autres producteurs, elle a lancé en 2006 l'association "Manger bio en Champagne-Ardenne", qui promeut et met en place une alimentation bio et locale dans les cantines.
 

Plus de cantines non plus

"Toutes les cantines et les restaurants d'entreprise ont fermé un à un en Champagne-Ardenne.On ne peut donc plus écouler notre production par ce biais. L'association a dû mettre ses deux salariés au chômage technique ", se désole l'agricultrice.

En attendant, la ferme de Martine se tourne donc vers les grossistes alimentaires pour vendre ses produits. "Ils sont très en demande de produits bio en ce moment, on peut les envoyer jusqu'à l'autre bout de la France. Mais c'est contraire à notre philosophie qui est de privilégier les circuits courts et locaux ".

Martine Guillet est surtout inquiète pour l'après covid-19. Elle a peur qu'à la reprise de l'activité, les collectivités et les entreprises prennent l'habitude de s'adresser aux grossistes alimentaires pour leurs cantines. C'est donc tout un travail de proximité qu'elle craint de voir mis à mal par la crise sanitaire. "Si c'est le cas, je ne sais vraiment pas comment on survivra", conclut-elle.
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