Au SAMU de Reims, des externes de la faculté de médecine aiguillent les Rémois inquiets à propos de la propagation du coronavirus. Ils nous expliquent comment ils trient les appels en fonction de leur gravité.
Ils ont une vingtaine d'année et sont en cinquième année de médecine. Sur la base du volontariat, Léonard, Chloé et Valentine * ont accepté d'aider à réguler les coups de fils passés au 15 par des Rémois inquiets de la propagation du coronavirus.
Entre 9 heures et 14 heures et entre 14 heures et 19 heures, chacun d'entre eux traite une dizaine d'appels concernant le coronavirus. Des appels à la tonalité très différente.
"Cela dépend des personnes, certaines sont paniquées pour pas grand chose, d'autres s'excusent presque de nous déranger, explique Valentine. Il faut une bonne dose de psychologie, comme lorsque j'ai eu une maman inquiète qui pleure au téléphone..."
Au bout du fil donc, des profils variés et à la marge parfois, des questions un peu farfelues..." Une personne m'a expliqué au téléphone qu'elle habitait à la campagne et m'a demandé si elle pourvait venir faire ses courses à Cormontreuil, explique Léonard, un sourire en coin. On est parfois là uniquement pour rassurer. Dans ce cas de figure, pas la peine de transmettre au médecin régulateur..."
On joue la sécurité, nous ne sommes pas encore médecins
Car dans tous les autres cas, dès que les symptômes sont confirmés, la procédure est bien respectée à la lettre. "Lorsque quelqu'un évoque des symptômes pseudos-grippaux comme la toux, de la fièvre ou des courbatures, c'est à nous de déterminer s'il a eu des contacts avec des patients testés positifs, explique Chloé. On lui demande s'il a voyagé dans les 14 derniers jours dans un pays endémique, on mène notre petite enquête."
Pour déceler le véritable appel d'urgence, les trois étudiants évaluent le risque selon un algorythme, un enchainement de questions dont la réponse est oui ou non. "On oriente en fonction du degré de risque, faible ou élevé. Mais quoi qu'il en soit, on joue la sécurité, nous ne sommes pas encore médecins", confesse Valentine. Pour surveiller ces étudiants et prévenir toute erreur d'interprétation, chacun d'entre eux est supervisé par un interne qui confirme ou infirme le conseil donné par téléphone.
Des appels de personnes touchées par le Covid-19
Pour ces trois étudiants, aucun doute, certaines appels traités concernent bel et bien des personnes touchées par le coronavirus. " On ne pratique pas nous même de tests mais c'est très probable qu'in fine certaines personnes que nous avons eu au téléphone soient atteintes du coronavirus, admet Valentine. Le test est réalisé après avis de l'infectiologue de garde et met entre 24 et 48 heures à être confirmé."
Le covid-19, une infection virale synonyme d'expérience pour ces futurs médecins. " A notre échelle, on n'aurait pas pu faire de régulation avant d'être officiellement médecin. Même en internat on n'en fait pas forcément. On se rend compte des difficultés que cela peut occasionner de poser des questions par téléphone sans pouvoir examiner le patient de visu...," reconnait Léonard.
Un véritable cas d'école, avec sa dose d'incertitude. " Pour l'instant, on ne peut pas avoir un avis objectif sur le virus, on n'a pas assez de recul, reconnait Chloé. La nouveauté fait peur. Même nous, on ne sait pas grand chose de ce virus. On ne peut pas généraliser et dire que c'est parcequ'on est en bonne santé qu'on va en guérir, ou parcequ'on est âgé qu'on va en mourir."