Didier Carayon, le président du musée de l'automobile à Reims, est inquiet. Avec le confinement, il estime avoir perdu 40.000 euros et quelque 3.500 visiteurs pendant deux des mois les plus importants de l'année. Le musée a rouvert ses portes.
Malgré le masque, l'odeur de caoutchouc mélangée à l'essence prend les narines. Une sensation agréable pour les passionnés de voitures, venus dans le grand hangar du musée de l'automobile de Reims. Ce dimanche 17 mai, ils sont une dizaine à profiter du déconfinement dans les allées impeccablement installées par le président des lieux, Didier Carayon.
En 2019, ils étaient 26.000 visiteurs à arpenter les allées du hangar, soit environ 76 par jour. "J’aurais été heureux d’en accueillir autant mais je me fais pas d’illusion", soupire le collectionneur. Pas de quoi passer le musée en catégorie "grand musée", ce qui a permis à Didier Carayon de rouvrir dès cette semaine, après quelques jours d'adaptation. Désormais, du gel hydrocalcoolique est proposé à l'entrée, les lieux ont été désinfectés et un sens de marche a été instauré. Le Rémois a préféré ouvrir dans les meilleures conditions sanitaires possibles.
3.500 visiteurs en moins
Selon ses estimations, le musée de l'automobile a subi de lourdes pertes pendant le confinement. Deux mois durant lesquels l'agenda était bien rempli, notamment par des réservations de groupes. "Cela représentait environ 3.500 visiteurs en tout, détaille le président du musée. Beaucoup de Belges viennent ici et même s'ils m’ont dit qu'ils reviendront l’année prochaine, je ne peux être sûr de rien…"Un manque à gagner que le gérant chiffre à 40.000 euros. Et de renchérir : "Et tout ça sans compter les assemblées générales de clubs automobiles qui avaient lieu cette année dans la région que je n’aurai pas l’année prochaine."
Ce qui est perdu est perdu. Ce qui n’est pas fait ne peut pas être refait.
- Didier Carayon, président du musée de l'automobile à Reims.
Pourtant, la saison 2020 avait bien commencé. Le Rémois s'était offert une nouvelle auto : une 205 GTI de 1984 estimée à 23.000 euros, signée de Jean-Pierre Beltoise, un pilote de renom et adulé des aficionados de Formule 1. C'est Alain Gransard, le pilote du bolide pour un Rallye Monte-Carlo qui s'est procuré l'autographe, faisant grimper sa cote. "Les GTI sont plus rares, c'est ce qui fait qu'elles sont très recherchées des passionnés", explique Didier Carayon dans un sourire.
300 véhicules de 1903 à nos jours
Après un tour du musée où trônent plus de 300 véhicules, le président termine dans la salle des miniatures. Entre 7.000 et 8.000 modèles y sont exposés, allant des années 1920 à nos jours. De quoi ravir les grands enfants venus retrouver leurs vieux jouets. "Tiens maman c'est celui-là que j'avais étant petit, remarque un quinquagénaire", pointant du doigt un remonte voiture des années 1950. Venu de Tahiti avec son épouse, ils avaient organisé une série de visites de musées automobiles début mars, mais la crise sanitaire a bousculé leurs plans."Nous devions aller à Mulhouse, Stuttgart pour les musées Porsche et Mercedes… heureusement, ma mère est originaire de Laon, nous avons pu trouver un point de chute", raconte-t-il. Avant de relativiser : "Avec le déconfinement, on peut profiter de jolies choses. Je suis très heureux d'avoir pu visiter ce musée."