Le secteur de l’industrie peine à trouver des soudeurs. Un métier en tension qui n’a pas bonne réputation. Les professionnels du secteur développent leur propres formations et tentent d’attirer de nouvelles recrues.
Non, un chaudronnier ne fabrique pas des chaudrons et un usineur ne travaille pas à l'usine. Et c'est pourtant ce que le commun des mortels pense. L'image des métiers de l'industrie n'est pas sympathique et tout reste à faire pour faire bouger les mentalités. Les conséquences sont quant à elles, bien réelles. L’industrie peine à recruter dans certaines professions de son secteur. C’est le cas pour le métier de soudeur. Les besoins sont importants pour les entreprises de Champagne-Ardenne notamment, pourtant les candidats ne se bousculent pas au portillon.
Une personne qualifiée qui postule sur un poste de soudeur est recrutée dans la journée. Mais de nombreuses offres d’emploi ne sont pas pourvues. “Nous avons cette semaine trois offres d’emploi de soudeur que nous n’avons pas réussi à combler” explique Sophie Loizon, chargée de recrutement chez Synergie BTP-industrie de Reims.
Des besoins colossaux
Ce sont globalement tous les métiers de l’industrie qui recherchent du monde. Parmi ceux-ci, les chaudronniers et les soudeurs. Pour certains postes à pourvoir il n’y a tout simplement pas de candidats. “C’est un métier en tension. Les soudeurs ne se présentent pas du tout, même lors des forums organisés par notre agence d'intérim” ajoute Sophie Loizon.
Soudeur, un métier où l'on peine à recruter
Chaque année le secteur de l’industrie recrute 2.000 personnes en Champagne-Ardenne. Des besoins très importants. La pénurie de main-d'œuvre qualifiée a donc, ici, un retentissement encore plus grand qu'ailleurs. “Un impact encore plus retentissant sur un territoire fortement industriel, notamment les Ardennes, avec de grands besoins” explique Sébastien Guenet, directeur général pôle formation UIMM Champagne-Ardenne.
Soudeur, un métier peu populaire
Le métier ne remporte pas un franc succès auprès de la nouvelle génération. “Le métier de soudeur n’attire plus les jeunes ou les jeunes ne le connaissent pas” ajoute Sophie Loizon, chargée de recrutement Synergie BTP-industrie de Reims.
Soudeur, ce n’est pas un métier populaire
Il faudrait présenter le métier dès la classe de troisième selon l’agence d’intérim rémoise. “C’est plus aux entreprises d’intervenir dans les écoles pour promouvoir le métier de soudeur dès l’orientation vers les CAP et faire des visites d’entreprise”.
Des pôles de formation
Les industriels ont pris le taureau par les cornes. L'Union des industries des métiers de la métallurgie (UIMM), syndicat patronal, dispose de ses propres centres de formation. Quatre pôles sont répartis sur la région Champagne-Ardenne, à Charleville-Mézières (08), Reims (51), St-Dizier (52) et Rosières-près-Troyes (10). “Notre objectif est de répondre aux besoins de formation pour toutes les entreprises de Champagne-Ardenne” précise Sébastien Guenet, directeur général pôle formation UIMM Champagne-Ardenne.
La formation est un enjeu central pour répondre aux besoins de compétences des entreprises industrielles et pour donner un accès facilité à l’#emploi.
— Hubert Mongon (@HubertMongon) April 9, 2021
C'est tout le sens de l'engagement et des actions du réseau des Pôles formation @UIMM. #IndustrielsEngagés https://t.co/Gt8ZPPeuL0
En 2021, 1.000 apprentis tous métiers industriels confondus et 5.000 stagiaires en formation continue sont formés par l’UIMM. “L’objectif du pôle formation est de répondre aux besoins des entreprises sur tous les niveaux de qualification et sur tous les métiers depuis la production jusqu’aux services supports (commercial, marketing, encadrement, logistique) pour répondre aux entreprises industrielles sur leurs besoins en compétences” ajoute Sébastien Guenet.
S’ajoute aux contraintes des industriels, le vieillissement de la population et la nécessité de renouveler les compétences au sein des entreprises. Les résultats sont là. 90 % de taux de réussite aux examens, 85 à 87 % de taux d’insertion professionnelle. Et pourtant cela ne comble pas totalement les besoins. 250 offres de formation en alternance sont encore à pourvoir.
Victimes de leur image
Car le métier, peu ou mal connu, n'attire pas. Les jeunes apprentis sont formés dès la fin de la troisième. Or, l’industrie comme l'apprentissage véhiculent tous les deux une mauvaise image. Double peine pour ce secteur.
On essaie de redorer le blason du secteur de l’industrie en France -
Les raisons de ce désamour proviennent souvent de clichés sur la profession de soudeur. Mauvaises conditions de travail, pénibilité ou salaires peu élevés, collent encore à la peau de ces métiers. Les gens pensent même que le secteur ne recrute pas, comme l’explique Sébastien Guenet. “Face à la désindustrialisation et à quelques entreprises qui ont fermé ou licencié, il y une image de l’industrie qui ne recrute pas ou ne propose pas des carrières en son sein”.
Les femmes, l’avenir de l’industrie ?
Parmi les solutions, la formation des femmes. “Notre levier de développement est sur les femmes” précise Sébastien Guenet, directeur général pôle formation UIMM Champagne-Ardenne. “Nous devons les convaincre que les carrières scientifiques ou technologiques sont aussi intéressantes que d’autres”. Peu de pénibilité dans les métiers de l’industrie. C’est un autre axe de communication de la filière pour attirer les femmes.
Nous formons de soudeuses, des chaudronnières ou des robotitiennes.
Des métiers accessibles à tous
Dextérité, habileté, l’envie de travailler avec ses mains et une bonne dose de motivation, il n’en faut pas plus pour démarrer dans le secteur industriel en tant qu’opérateur. “Nous allons du CAP au BAC+3 pour des chargés d'affaires en chaudronnerie-soudure. Chacun peut trouver son évolution professionnelle”. La pénibilité et les conditions de travail sont elles-aussi loin des clichés. “Les entreprises industrielles proposent des rythmes de travail bien normés”. Les salaires sont bien au-dessus du SMIC, même pour un débutant.
S’il y a actuellement une hausse sensible des candidats aux formations industrielles, reste souvent à convaincre les parents de sortir leurs enfants du système scolaire classique. Et pourtant la réussite est au bout. “Nous formons les jeunes et ils trouvent du boulot derrière” conclut Sébastien Guenet. L’alternance est la clé. “Le dirigeant qui mise deux à trois ans sur un jeune pour le former à un diplôme, souhaite le garder”.
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— Pôle Formation UIMM Champagne-Ardenne (@PoleFormationCA) September 20, 2021
Des métiers tournés vers l'avenir
En plus des métiers traditionnels comme les soudeurs, le secteur se tourne aussi vers les métiers d’avenir. "Les métiers de l’informatique et du digital sont de plus en plus appréhendés au sein des entreprises industrielles", affirme Sébastien Guenet, directeur général pôle formation UIMM Champagne-Ardenne.
La campagne de recrutement au sein des différentes formations proposées par l’IUMM reste ouverte, des tests d’aptitude sont alors proposés aux candidats qui seraient intéressés. Des portes-ouvertes sont d'ailleurs organisées le 9 octobre prochain par l’IUMM Champagne-Ardenne.