Témoignage. Déficient visuel, Fabrice a été électricien puis éducateur spécialisé et consacre sa vie à aider les autres

Publié le Écrit par Nicole Fachet
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Fabrice Simon a 58 ans et vit à Reims. Depuis sa naissance il est déficient visuel. Cela ne l'a pas empêché d'avoir une vie "normale". Divorcé, père de trois filles, il vit aujourd'hui en autonomie dans son appartement. Engagé depuis toujours dans les associations, il consacre sa vie à aider les autres.

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Déficient visuel de naissance, Fabrice Simon est bénévole dans deux associations à Reims : "Le regard au bout des doigts" et "Valentin Haüy", deux structures qui viennent en aide aux personnes mal voyantes. "On les forme à l'utilisation de nouveaux outils numériques adaptés pour qu'elles puissent envoyer des SMS, utiliser des logiciels. On les aide aussi à développer des techniques pour faire leurs courses, se déplacer". Fabrice a fait l'expérience de toutes ces difficultés, a repoussé ses limites, a su s'adapter. "Quand on voit mal, chaque acte du quotidien peut devenir difficile", ajoute-t-il.

"Très tard. Quand j'étais jeune, mes parents n’étaient pas conscients que j’avais un problème de vue. C’est à l’école que des professeurs s’en sont aperçus, lorsque j’étais en CE1. Bien sûr j’avais des difficultés à suivre car je devais tout mémoriser, mais c’était difficile et je ne parvenais pas vraiment à compenser mes difficultés de lecture". 

L’échec scolaire

"On m’a alors envoyé dans un Institut spécialisé, l’Institut Michel Fandre à Reims, où j’ai passé deux ans. Puis je suis retourné en milieu ordinaire pour le CM1 CM2 et la 6ème. Je me suis à nouveau retrouvé en difficulté scolaire. On m’a alors orienté vers un CAP d’électricien. C’est là que j’ai pris conscience que j’étais mal voyant. Un de mes professeurs s’en est rendu compte et m’a laissé beaucoup de temps pour que je puisse passer mon examen. J’ai eu mon CAP mais je n’ai pas trouvé de travail, car j’étais trop lent par rapport aux autres."

D’électricien à éducateur spécialisé

"Je ne pouvais pas travailler comme électricien. J’ai intégré un IME et il cherchait quelqu’un. J’ai postulé comme éducateur spécialisé. La directrice m’a fait confiance et m’a permis de me former. J’ai travaillé pendant vingt ans auprès d’enfants polyhandicapés. Je les aidais dans tous les gestes de la vie quotidienne. Malheureusement ma vue s’est encore dégradée et j’ai dû arrêter. Heureusement j’étais déjà très engagé dans les associations."

Avez-vous connu le découragement ?

"Perdre un sens, c’est un peu comme perdre un proche. Il faut faire son deuil. Quand mon acuité visuelle diminue, que je renverse plus de choses, d’abord je m’interroge. A quoi c’est dû ? Est-ce que je suis fatigué ? Stressé ? Ensuite je dois l’accepter et me réadapter à ma nouvelle acuité. Prévoir les imprévus, des travaux sur un trottoir, gérer son stress. Parfois je suis obligé de prendre une canne blanche".

 

Une vie normale

"Je vivais normalement. Je travaillais, je me suis marié, j’ai eu trois enfants, j’ai acheté une maison. Puis j’ai divorcé. Aujourd’hui je vis dans mon appartement, je suis autonome. Ma compagne a son propre logement. Je prends le TER pour aller la voir. Cela dit, l’autonomie demande de l’énergie."

Le regard de vos filles ?

"Mes filles me connaissent comme une personne autonome. Elles savent que je peux trouver des solutions. Elles ne font pas de surprotection. Si je demande de l’aide elles m’aident, mais sinon elles ne s’inquiètent pas. Elles ont appris qu’il faut faire au mieux avec ce qu’on a, ou ce qu’il nous reste".

Le regard des autres ?

"J’ai constaté que de plus en plus de personnes sont prêtes à nous aider. Je prends le TER avec un système de loupes. L’autre jour un jeune homme m’a demandé s’il pouvait m’aider. Bien sûr certains ont peur, essaient de nous éviter, mais en général quand on demande de l’aide on en a. Inclure les personnes handicapées un peu partout dans la société, cela fait évoluer les choses".

La journée de sensibilisation à la surdicécité

"Une journée comme aujourd’hui c’est important. Les personnes qui viennent, découvrent de nouvelles sensations, l’univers olfactif, le chant des oiseaux. Cela permet aux personnes qui ont des difficultés de savoir qu’elles peuvent trouver du soutien auprès des associations. Elles sont des lieux de rencontre. On y a tous traversé des moments difficiles. Les histoires de vie sont différentes mais on a en commun une déficience".

Avez-vous des regrets?

"Ne pas avoir fait d’études supérieures. Peut-être que je travaillerais encore. J’aurais aimé être psychologue. Heureusement grâce aux associations je peux accompagner les autres."

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