Le corps momifié retrouvé le 10 août à Fouesnant est celui d'un ex-combattant ukrainien de 30 ans, réfugié en France après avoir fui la guerre. Profondément marqué, il vivait en reclus. "Il voulait fuir la société", témoignent les élus locaux, bouleversés.
"Sa mère est venue hier matin à la gendarmerie de Fouesnant. On lui a annoncé la mauvaise nouvelle", raconte Roger Le Goff, le maire de la commune.
Un corps momifié retrouvé par des vacanciers
Issue tragique du parcours chaotique de Mykhailo, un jeune ukrainien de 30 ans dont le corps momifié vient d'être identifié. Il avait été retrouvé le 10 août dernier au fond d'un jardin dans un abri à bois d'une maison de vacances à Beg Meil sur la commune de Fouesnant.
Il était allé sur le front en Ukraine. Il était rentré mutique
Claude RocuetDirecteur Général des Services de Fouesnant
"Ce jeune homme avait rejoint sa mère au mois de mai 2023. Ils étaient d'abord passés par l'association Coallia à Brest qui accueille notamment des déplacés ukrainiens." précise le maire. "Je lui avais parlé le jour de son accueil pour lui dire bonjour, mais il était mutique" ajoute Claude Rocuet, le Directeur général des services de la commune de Fouesnant.
150 Ukrainiens accueillis à Fouesnant
Lui et sa mère faisaient partie des personnes ukrainiennes accueillies par la ville. "Quand l'Ukraine a été envahie, il y a eu beaucoup d'exodes. Les collectivités françaises ont été sollicitées par l'Etat. C'est à ce titre que nous avons accueilli en tout près de 150 personnes venues d'Ukraine", indique le maire Roger Le Goff. Et il précise "Ce jeune homme avait de grosses difficultés. Il était allé au front et en était sorti très perturbé."
Il avait déjà été retrouvé une première fois grâce à son téléphone portable
Roger Le GoffMaire de Fouesnant
Quelques jours seulement après son arrivée, il avait déjà disparu. À l’époque, les gendarmes avaient mis en place des recherches. Les commerçants avaient été prévenus. Grâce à son téléphone portable, il avait pu être localisé un mois plus tard du côté de Pont-l'Abbé. "Il était totalement enfermé. Il ne parlait pas, se souvient Roger Le Goff. Nous logions les déplacés ukrainiens dans l'ancien bâtiment désaffecté de l'Agrocampus. Nous avions acheté des matelas, des machines à laver, nous avions aussi reçu beaucoup de dons en habits par exemple. Au début, la commune prenait aussi en charge les repas. Mais il ne se plaisait pas. Il vivait reclus", prévient le maire.
Le recours à l'ADN
Le 10 août dernier, ce sont les locataires d'une maison de vacances qui donnent l'alerte à la gendarmerie. Leur chien avait découvert un cadavre momifié à côté d'un cabanon au fond du jardin qui servait à entreposer du bois. L'abri de jardin avait été transformé en refuge de fortune. Une découverte macabre qui semble correspondre à une disparition inquiétante lancée peu avant par la mère d'un jeune ukrainien. Les indices trouvés sur place amènent rapidement les enquêteurs de la gendarmerie sur la piste de la personne disparue. L'ADN prélevé sur le cadavre, ainsi que sur la maman qui avait entretemps quitté Fouesnant pour être hébergée dans le Morbihan, permet d'obtenir une corrélation. Le jeune homme était originaire de la ville d'Okhtyrka, dans le nord-est de l'Ukraine et à l'ouest de Kharkiv, une zone lourdement bombardé par l'armée russe.
Selon le parquet de Quimper, "les analyses médico-légales ne livreraient aucune preuve de mort violente ou d'intervention d'un tiers."
Il avait dû voir des choses trop dures à voir
Roger Le Goffmaire de Fouesnant
Pour Roger Le Goff, le maire de Fouesnant, "c'est une triste fin. Un jeune homme qui avait vécu une boucle infernale, et qui voulait fuir la société". Pour son collègue Claude Rocuet, le Directeur général de services de la ville, "ce jeune homme est mort tout seul dans son coin, dans la plus profonde solitude."