Vigneron en champagne, Benoît Lahaye, a été sacré "vigneron de l'année" par le guide Gault & Millau le 30 novembre 2021. Son exploitation se situe à Bouzy dans la Marne, elle est classée Grand Cru. Rencontre.
Voilà une occasion en or d'ouvrir une bouteille de son champagne, ce mardi 30 novembre pour Benoît Lahaye. Vigneron installé près de Reims à Bouzy, il vient d'être sacré voire consacré "vigneron de l'année" par le guide gastronomique du Gault & Millau. Le fruit d'une histoire de terroir pour ce passionné. Avec son épouse Valérie, ils ont repris une propriété viticole en 1996, et décidé de quitter la cave coopérative pour se lancer dans un traitement biologique des vignes.
Tout sourire suite à cette distinction au niveau national, parmi une concurrence nombreuse, l'heureux élu est fier. Il ne s'en cache pas. "Je l'ai appris au téléphone, ça fait drôle, on ne s'y attend pas, je n'ai pas travaillé pendant 25 ans pour rien. C'est un plaisir de découvrir ce titre et de le partager en famille. Car c'est un travail familial, avec ma femme et mes enfants, sans oublier ma belle-fille. Il y a une histoire avant. C'est encore mieux qu'un 20 à l'école".
Le goût du ratafia, enfant
Vigneron de père en fils par passion, cet amoureux de la terre et du champagne, a toujours vécu dans les vignes, "j'ai même appris à faire du vélo dedans, je suis devenu amoureux du coteau, du métier, ma passion est née comme ça. Bercé par mon grand père qui me faisait goûter du ratafia dans la cave. Même si je n'avais pas l'âge pour ça", se souvient-il, l'oeil malicieux.
Dans le travail de la vigne, Benoît aime tout, il englobe la totalité de ses actions en fonction des saisons. "On touche à la terre, on voit naître le plaisir qui va arriver après, dans les dégustations, le partage. Le contact avec les clients et les professionnels. On se ressource après à la vigne. C'est une chance, car on garde les pieds sur terre, et parfois la tête dans les nuages pour créer des beaux vins".
La nature, il faut essayer de la comprendre à défaut de la maîtriser pour en tirer le meilleur.
Benoît Lahaye, vigneron de l'année
Devant ses vignes de champagne, Benoît évoque la terre, celle de ses parents et arrières grands-parents, cette terre qui ne lui "appartient que temporairement", car il se définit comme un passeur. L'histoire a démarré en 1996, "on a repris le domaine, ça a été un changement radical. Car mon père vinifiait et vendait à la coopérative". Une aventure familiale. "On travaille toujours en famille, et cette année en 2021, tout a été compliqué, donc on a travaillé beaucoup, ça nous a permis de faire une récolte suffisante et d'avoir une récompense au moment de la vendange".
La transmission, pour Benoît Lahaye, est essentielle. Malgré les aléas et les conflits de générations, ce qui importe, dit-il, c'est de progresser. Dans la technique notamment. Il pense avoir été choisi pour le travail et le sérieux. "J'essaie de rester ouvert. Et conquérant, je suis né rue Jeanne d'Arc ! C'est un signe... On produit des vins droits et on avance sans dogmatisme. On veut rester ouvert aux innovations. En de hors de ce prix, ce que j'apprécie c'est de voir les collègues qui changent leur manière de travailler, de plus en plus passent au bio. On a servi peut-être de modèle, c'est pas mal".
VIDÉO : le vigneron de l'année récompensé par le guide Gault & Millau
Cité à plusieurs reprises par la Revue du vin de France, le couple Lahaye est déjà bien connu des initiés. Ils ont même décidé de baisser leurs rendements "pour éviter une trop grande dilution des vins". La conversion en bio du domaine Benoît Lahaye est effective depuis 2000. Alors que la clientèle était auparavant 100% française, Valérie et Benoît Lahaye exportent maintenant 80% de leur production. Cette récompense du Gault et Millau devrait leur ouvrir encore d'autres portes.