Il a côtoyé Raymond Kopa et Just Fontaine. Michel Hidalgo, attaquant emblématique du Stade de Reims, qui marquera un but lors de la finale de l'équivalent de la Ligue des Champions de 1956, est décédé ce jeudi 26 mars.
Un but emblématique et des coéquipiers hors du commun. C'est ainsi que l'on peut résumer le passage de 1954 à 1957 de Michel Hidalgo, au Stade de Reims. L'ancien attaquant, qui fut ensuite le sélectionneur qui mènera l'équipe de France au sommet de l'Euro en 1984, est décédé ce jeudi 26 mars en milieu d'après-midi à Marseille. Toute une génération l'a connu comme le sélectionneur qui a offert un titre européen à l'équipe de France. "C’est un grand homme du football français", témoigne Kim Duntze, ancienne footballeuse de haut niveau.
"Eu égard à mon âge, je l’ai surtout connu en tant que sélectionneur, explique celle qui a débuté le football très jeune, dans les années 1980. Il a été l’homme du premier grand titre, il m'a marquée quand j’étais petite par son usage du carré magique. Dans ma chambre d’enfant, je m’amusais aussi à faire des formations, et je m’en inspirais."
Le maire de Reims Arnaud Robinet salue également le parcours "d'une légende". C'est avec "beaucoup d'émotion" que l'édile accueille la nouvelle. Il assure que la municipalité "rendra hommage à Michel Hidalgo en temps voulu". A la mort de Raymond Kopa en 2017, la ville de Reims avait érigé une statue en son hommage. Pour l'heure, difficile pour l'élu d'être plus précis en cette période de confinement.
Buteur en finale de la Ligue des Champions en 1956
Il faut dire que le footballeur a laissé une trace indélébile au sein du club, et pas seulement parce qu'il y a côtoyé deux joueurs emblématiques, Raymond Kopa - dont il ne se remettra jamais de la mort en 2017 - et Just Fontaine. Christiane Koppa, la femme de Raymond, a bien connu Michel Hidalgo : "Quand il était arrivé à Reims, nous étions avec mon mari tout juste marié, lui était célibataire. Alors il venait souvent manger chez nous. J’en garde de bons souvenirs." Michel Hidalgo a joué de 1954 à 1957 avec les rouge et blanc, auprès desquels il a remporté le championnat de France en 1955 (équivalent de la Ligue 1 actuelle).Toujours avec le SDR, il participe à la finale de la Coupe latine contre le Real Madrid la même année. En 1956, il est buteur en finale de la Coupe d'Europe des clubs champions (équivalent à l'époque de la Champions' League) contre le Real Madrid. Malheureusement, malgré la performance, le club rémois s'inclinera 4 à 3. "Je pense que son passage à Reims a été oublié, estime Kim Duntz, adjointe aux sports à la mairie de Reims. Alors que c’est une phase de sa vie qui a été moins mise en avant. Moi je retiens forcément son but contre le Real de Madrid.
Le #SDR en deuil. Avant d'être l'entraîneur qui ouvrit la voie au palmarès tricolore lors de l'Euro 84, ce disciple d'Albert Batteux fut cet excentré rémois prometteur, notamment buteur lors de la première finale de @ChampionsLeague contre le @realmadrid. ?? #MonsieurHidalgo pic.twitter.com/QwZ5smr3Eq
— Stade de Reims (@StadeDeReims) March 26, 2020
Un passage plus que remarqué qui a vallu un premier hommage du club sur Twitter : "Le SDR en deuil. Avant d'être l'entraîneur qui ouvrit la voie au palmarès tricolore lors de l'Euro 84, ce disciple d'Albert Batteux fut cet excentré rémois prometteur."
Rires et souvenirs
D'ailleurs, le club invitait régulièrement les joueurs de cette époque. "Le SDR était à Madrid il y a trois ans pour jouer contre l'équipe et les anciens étaient invités, un peu avant la mort de Raymond Kopa, se remémore Valérie Alexandre, présentatrice d'Ensemble c'est mieux sur notre antenne et proche de Michel Hidalgo. Le Stade de Reims les invitait régulièrement." Et d'ajouter, avec un brin de nostalgie dans la voix :Jean-Michel Martinelli, l’un des dirigeant du Stade de Reims en charge de faire le lien avec les anciens, se souvient également d'un homme "très gentil, très doux", qui "adorait dessiner sur la table pendant les repas, ça nous faisait sourire. Je n’ai que des bons souvenirs". Et le dirigeant de renchérir :Ça rigolait encore, même s'ils étaient un peu fatigués avec l'âge.
- Valérie Alexandre, proche de Michel Hidalgo
On ne fera plus jamais une grande équipe comme ça, avec un trio magique Koppa-Fontaine-Hidalgo. Je crois que Reims a beaucoup de respect pour ses anciens.
- Jean-Marie Martinelli, dirigeant du Stade de Reims
Pour Valérie Alexandre, l'émotion est très forte. Quand elle présentait une émission de football sur Canal Plus, Michel Hidalgo était un invité récurrent, dont elle se souvient pour sa "gentillesse" et sa "douceur". "Je l'ai connu par Canal où j'ai présenté pendant cinq ans des émissions, se souvient la présentatrice. C'était quelqu'un d'attentionné, il n'avait aucun problème à ce qu'une femme parle de foot, ce qui n'était pas le cas de tout le monde, parce qu'il avait bien vu que je m'y connaissais (...) je l'aimais beaucoup, je l'écoutais avec ses analyses brillantes, c'était un grand expert du football."
Une élégance qui aurait pu être ternie par ses déboires avec Bernard Tapie avec qui il travaille en tant que manager de l'OM de 1986 à 1991. "Michel était un homme charmant, intelligent. Il parlait bien, il était apprécié, analyse Alain Pécharal, journaliste sportif et historien de l'OM. Ses premières années, il les a bien réussies au club. Puis ensuite, Tapie l'a eu dans son colimateur, il a passé ces dernières années en disgrâce. C’est dommage, parce que, par ses qualités, il aurait pu apporter beaucoup à l’OM, même simplement en tant que porte-parole du club."
Et le reporter de conclure : "Pour moi qui suis né en 48, il a enchanté ma jeunesse. J’ai le souvenir du superbe capitaine élégant de Monaco (il y jouera de 1957 à 1966) : c’était une équipe magnifique, comme Reims qui avait tout remporté. Je dirais presque qu’il détonnait dans le milieu du football, par son élégance, sa prestance et son élocution. Ce n’est pas pour rien qu’on lui a proposé un poste de ministre."