Mort du petit Tony à Reims : qui sont Loïc Vantal et Caroline Létoile, les deux accusés ?

D'un côté, un homme qualifié par les experts de "violent" et "menteur". De l'autre, une femme qui "a choisi son compagnon au profit de son fils" Tony, mort en 2016. Retour sur le troisième jour de procès. Les deux accusés seront entendus jeudi 4 février aux assises de la Marne. 

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Pendant deux jours, les experts et les témoins se sont succédé à la barre des assises de la Marne. Ce mercredi 3 février, on en sait donc un peu plus sur les deux accusés de la mort du petit Tony, Loïc Vantal et Caroline Létoile. Le premier est jugé pour "violences ayant entraîné la mort sans intention de la donner sur mineur de 15 ans", la seconde pour "non-dénonciation de mauvais traitements" et "non-assistance à personne en danger". 

 

Loïc Vantal, le beau-père de Tony, "violent", "menteur" et "alcoolique"

"Violent", "menteur", "alcoolique". Les termes sont peu élogieux. Et pour cause, pendant deux jours, la cour tente de trouver des qualités à Loïc Vantal. Mardi soir, sa mère ne parvient pas à lui en trouver. Même si Loïc Vantal est victime de violences de la part de son père pendant son adolescence, l'ex-ouvrière ne trouve pas de qualités à son fils. "Je cherche, mais il faut savoir lesquelles. Avec tout ce qu'il me ment... Gentil, on ne peut pas dire gentil. Et puis avec tout ce qu'il me ment. Vraiment, je ne vois pas." C'est une experte chargée de l'enquête de personnalité, Marie-Mathilde Richard, qui finit par en trouver une, dans les mots d'une ex-petite amie, qui le décrit comme "quelqu'un de timide". "Voilà, c'était un peu positif par rapport au reste", conclut l'experte.

Depuis le début du procès lundi, l'accusé n'est pas très expressif. Il semble écouter certains témoins avec attention, mais on distingue peu d'émotion. S'il a reconnu les faits, Loïc Vantal les minimise. Il parle "d'accident" et "veut reprendre sa vie normale." "J'ai jamais voulu la mort du gamin", dit-il au psychologue Jean-Luc Ploye, lors de son audition en 2017. Un jeune homme égocentrique donc, avec "une propension à s'irresponsabiliser", analyse Jean-Luc Ploye. "Il va se placer en victime." Un constat dressé un peu plus tôt par Laurélène Richard, experte chargée de l'enquête de personnalité de l'accusé. Revenant sur une précédente condamnation de Loïc Vantal pour un incendie volontaire, elle explique que la stratégie de l'accusé est toujours la même. S'il a mis feu au bar rémois, "c'est de la faute du patron qui a refusé de le faire rentrer", "il se venge". Selon Hugues Collin, Loic Vantal est un homme qui "n'accepte pas d'être contraint" ou d'être "bridé dans ses besoins d'expression".

Un autre point attire l'attention. "Loïc apparaît 'navré' de la mort de l'enfant. Cela me semble être un terme un peu léger", relève la présidente du tribunal Hélène Langlois. Ce à quoi le psychiatre Hugues Collin répond : "Il était touché d'avoir tué un enfant, il n'est pas insensible, il n'est pas amoral". Comprendre, il n'a aucune pathologie mentale qui justifie un tel comportement.

"Il était plutôt touché de l'image que cela renvoyait. Le plus important pour lui, cette fois, c'est qu'il ne peut pas dire que c'est la faute de l'autre", poursuit le psychiatre. Car jusqu'ici, Vantal avait toujours su expliquer que ses précédentes incarcérations étaient dues à "de la malchance" ou "la faute des autres". Et le psychiatre le concède, Loïc Vantal "est effrayant quand il me dit qu'il lui met des claques, que le petit tombe par terre, saigne du nez, se relève, et je lui remets deux droites."

Selon les experts, "Tony était un rival, qu'il fallait soumettre et contraindre, indocile qu'il fallait dresser." Et le docteur en psychologie, Jean-Luc Ploye d'ajouter : "Quand on écoute le discours de monsieur Vantal, et qu'on ne connait pas l'âge de la victime, on ne sait pas qu'elle a trois ans. Et c'est fondamental. C'est totalement disproportionné, c'est ahurissant. J'ai eu l'impression qu'il était en train de dresser un adolescent, pas un enfant de trois ans." Selon le psychologue, Loïc Vental responsabilise "la petite victime". Il le cite : "Déjà que j'étais pas bien dans ma peau et là le gamin, il en remet une couche."

A aucun moment Loïc Vantal ne s'est présenté comme un substitut paternel de Tony. Il se plaignait de son comportement de manière puérile. Par exemple, il disait : "On le faisait manger et il faisait exprès de vomir pour nous embêter". Tout était ressenti comme un acte délibéré de la part de Tony.

Jean-Luc Ploye, docteur en psychologie.

Il encourt 30 ans de réclusion criminelle. 

 

Caroline Létoile, la mère de Tony, est "immature", "timide" et "effacée"

En ce qui concerne Caroline Létoile, les qualités ont été plus faciles à trouver. "Généreuse" et "gentille", pour avoir offert le gîte et le couvert à de nombreuses reprises. Comme en juin 2016, six mois avant la mort de Tony, où elle héberge Loïc Vantal et sa petite amie. "Elle est trop gentille", explique cette dernière à la barre mardi.

Une experte avance une autre explication : Caroline Létoile "a besoin d'avoir un petit ami, elle ne peut pas rester seule. Elle a peur d'être seule dans cet appartement avec son fils. Elle a besoin d'être poussée, soutenue, portée." Finalement, la relation entre Loïc et Morgane ne dure pas, et Loïc Vantal entame une relation amoureuse avec Caroline Létoile. Le "coup de foudre". Deux ex-compagnes préviennent Caroline Létoile, mais elle ne veut rien entendre, persuadée de leur jalousie.

Caroline Létoile est également qualifiée d'"immature""timide" et "effacée", par Marie-Mathilde Richard. "Elle brille par son absence, analyse-t-elle. Et même quand elle est présente, elle n'est pas vraiment là, en tout cas, c'est ce que disent ses professeurs. Elle ne se présente pas comme victime, mais elle subit. Elle accepte. Elle se laisse vivre." Quand on lui demande si elle trouve l'accusée immature, l'experte répond immédiatement : "Oui. C'est une grande enfant. J'ai une jeune femme en face de moi, ce pourrait être une adolescente." 

La défense de la jeune femme assène que si elle n'a pas agi, c'est parce qu'elle est sous emprise. "J'avais peur", a répété Caroline Létoile devant la cour mardi. Mais cette ligne semble de plus en plus ardue à tenir. L'enquête a révélé que lors de son appel aux secours le jour de la mort de Tony, la mère s'adresse à son compagnon, ne pensant pas être écoutée. "J'ai dit qu'il était tombé dans les escaliers (...) et qu'il faisait que tomber de son lit (...) qu'il s'était fait un cran à la tête" et lui demande : "Je cache tous les trucs de la dispute ?"

"En règle générale, dans ce type de dossier, on a le profil des mères soumises, immatures, dépendantes, mais en général, elles sont battues par l'autre, décrypte Jean-Luc Ploye. Mais là, les violences ont eu lieu le dernier jour." Une analyse partagée par Marie-Mathilde Richard, qui affirme que Caroline Létoile a mentionné des violences à "une seule reprise pour Loïc Vantal. Elle aurait pris un seul coup-de-poing, le matin du 26 novembre", le jour de la mort de Tony.

Selon le psychologue, Caroline Létoile dispose de son "libre-arbitre". Elle "a une faculté d'agir et de réagir par elle-même", développe-t-il. "Elle peut prendre des initiatives, si elle l'a choisi, si elle l'a décidé." 

"Dans ce type de dossier, c'est soit je suis soumise parce que j'ai peur, soit parce que j'ai choisi de l'être. Dans ce cas, entre Loïc et Tony, madame Létoile a choisi monsieur Vantal. C'est l'hypothèse que j'élabore."

Jean-Luc Ploye, docteur en psychologie.

Et Jean-Luc Ploye de conclure : "En fait, ce petit garçon était le réceptacle de toute la violence exercée. Violence qui pouvait être alimentée par le fait que Tony empêchait Loïc Vantal de faire ce qu'il voulait, ainsi que toute la violence qui aurait pu être exercée sur la maman qui ne l'a pas été."

Caroline Létoile encourt cinq ans d'emprisonnement. Les deux accusés seront entendus jeudi 4 février à la barre.

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